Plan de relance : le groupe centriste du Sénat veut «conditionner les aides publiques»
« On fera des propositions assez fortes » annonce le président du groupe Union centriste du Sénat, Hervé Marseille. Lors de l’examen du budget, le groupe présentera des amendements prévoyant des contreparties pour les entreprises qui bénéficient d’aides de l’Etat, dans le cadre du plan de relance.

Plan de relance : le groupe centriste du Sénat veut «conditionner les aides publiques»

« On fera des propositions assez fortes » annonce le président du groupe Union centriste du Sénat, Hervé Marseille. Lors de l’examen du budget, le groupe présentera des amendements prévoyant des contreparties pour les entreprises qui bénéficient d’aides de l’Etat, dans le cadre du plan de relance.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Face à la crise économique, le gouvernement a décidé d’ouvrir les vannes. Un tiers des 100 milliards d’euros du plan de relance est consacré aux entreprises, entre les baisses des impôts de production, les aides à l’innovation ou à l’ouverture de nouveaux sites industriels. Mais la question des contreparties est posée. Les syndicats ou la gauche ont été les premiers à pointer du doigt leur absence. Ils ne sont plus les seuls.

« Demander aux entreprises de rendre des comptes »

Au Sénat, le groupe centriste compte aborder le sujet, lors de l’examen cet automne du projet de loi de finances, qui porte le plan de relance. « Il faut conditionner les aides publiques » affirme à publicsenat.fr Hervé Marseille, président du groupe Union centriste du Sénat. « On fera des propositions assez fortes. Pour le budget, on va préparer des amendements au groupe centriste » annonce le sénateur UDI des Hauts-de-Seine. « Bien sûr qu’il faut des contreparties. Il faut trouver les conditions, les parades juridiques qui permettent de demander aux entreprises de rendre des comptes quand elles ont bénéficié de l’aide de l’Etat ou des collectivités et qu’elles décident de partir » ajoute Hervé Marseille. « Ça vaut pour les modifications des impôts de production. Si on aide les entreprises à s’installer à nouveau en France, à relocaliser, c’est bien. Mais encore faut-il que ce ne soit pas un effet d’aubaine et que ce soit temporaire » précise le sénateur.

Le cas de Bridgestone est évidemment dans toutes les têtes. L’entreprise vient d’annoncer la fermeture de son usine de pneus de Béthune, dans le Pas-de-Calais. 863 salariés sont sur le carreau. Or l’entreprise a reçu 620.000 euros d’aides de la région, 1,2 million de la communauté d’agglomération et 1,8 million au titre du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi). Forcément, la fermeture passe d’autant plus mal.

« Il faut trouver des règles simples. Il ne s’agit pas de cogérer les entreprises »

Pour Hervé Marseille, « il faut trouver des règles simples. Il ne s’agit pas de cogérer les entreprises. Mais à partir du moment où il y a des aides, il faut que les entreprises s’engagent sur un certain nombre de critères, notamment la durée de présence ». Avec un certain franc-parler, le président du groupe centriste ajoute :

Si vous touchez des aides et qu’un an et demi après, vous vous barrez, ça ne va pas le faire.

Faudrait-il aller jusqu’à demander aux entreprises de rendre l’argent ? Le sénateur des Hauts-de-Seine ne l’exclut pas. « Il faudrait trouver une méthode de remboursement des aides », dans certains cas, avance le sénateur, qui s’inquiète particulièrement de « l’effet domino » des plans sociaux à venir et de « l’exaspération sociale ».

Bruno Le Maire n’a pas exclu des contreparties

Reste à voir si le gouvernement sera favorable aux contreparties. « Je suis par nature contre les conditions » estime personnellement une ministre, dont les bureaux ne sont pas du côté de Bercy. Cette dernière craint que « des conditionnalités créent une rupture du lien de confiance. Et un investisseur qui n’a pas confiance, n’investit pas ». Mais de son côté, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, n’avait pas exclu le 11 septembre dernier le principe des contreparties. Le locataire de Bercy s’était dit « ouvert » dans le cas des entreprises qui ont bénéficié du soutien direct de l'Etat. Les constructeurs automobiles pourraient ainsi être concernés, avait estimé Bruno Le Maire, qui expliquait que « la contrepartie ça doit être : quelle relocalisation est-ce que vous envisagez ? » Le sujet fera sans nul doute l'objet de discussions lors du débat parlementaire. Si l’exécutif avance bel et bien sur le sujet, tout le débat devrait porter sur le niveau de ces contreparties.

Partager cet article

Dans la même thématique

Plan de relance : le groupe centriste du Sénat veut «conditionner les aides publiques»
5min

Politique

Mercosur : le Sénat appelle l'exécutif à saisir la Cour de justice de l’Union européenne

Alors que le traité de libre échange pourrait être ratifié samedi par la présidente de la Commission européenne, la France a réaffirmé ce week-end son rejet du texte en l’état. Après l’Assemblée nationale fin novembre, c’est au tour du Sénat de se prononcer à l’unanimité sur une proposition de résolution visant à demander au gouvernement de saisir la Cour de justice de l’Union européenne pour vérifier la conformité de l’accord.

Le

French President Emmanuel Macron Meets Readers in Marseille to Discuss Democracy and Social Media
5min

Politique

Narcotrafic et plan « Marseille en grand » : ce qu’il faut retenir de la visite d’Emmanuel Macron dans la cité phocéenne

Nouvelle visite du chef de l’Etat dans sa ville de cœur. Après s’être rendu ce matin sur la tombe de Mehdi Kessaci, assassiné par des narcotrafiquants, Emmanuel Macron a annoncé une salve de mesures pour lutter contre le narcotrafic qui gangrène Marseille. Entre une rencontre avec les lecteurs de la Provence, l’inauguration d’un commissariat et la visite du chantier de la gare, Emmanuel Macron a aussi défendu le bilan de son plan « Marseille en grand ».

Le

Déclaration de politique générale et avenir de la Nouvelle Calédonie en séance au Sénat ce 15 octobre
2min

Politique

Budget : qui sont les sénateurs qui participeront à la commission mixte paritaire ?

Outre le président PS et rapporteur général LR de la commission des finances, Claude Raynal et Jean-François Husson, seront présents en CMP les sénateurs LR Christine Lavarde et Stéphane Sautarel, qui suit les collectivités, ainsi que le centriste Michel Canévet et le sénateur Horizons Emmanuel Capus, qui ont défendu plus d’économies durant les débats. Pour le PS, on retrouve le chef de file du groupe, Thierry Cozic.

Le