Plan fonctionnaires : « Le libéralisme dans toute son idéologie », estime Marie-Noëlle Lienemann
Les invités de l’émission « On va plus loin » débattent du plan de départs volontaires de 120 000 fonctionnaires, annoncé jeudi dernier par le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de l’Action et des comptes publics, Gérald Darmanin.

Plan fonctionnaires : « Le libéralisme dans toute son idéologie », estime Marie-Noëlle Lienemann

Les invités de l’émission « On va plus loin » débattent du plan de départs volontaires de 120 000 fonctionnaires, annoncé jeudi dernier par le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de l’Action et des comptes publics, Gérald Darmanin.
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Le gouvernement a annoncé jeudi, travailler à un plan de départs pour les fonctionnaires et vouloir étendre « largement » dans la fonction publique, le recours aux contractuels.

Sur le plateau d’ « On va plus loin », Julien Bargeton, sénateur (LREM) de Paris, déroule le raisonnement macroniste : « Il n’y a pas de raison que (…) la fonction publique soit à l’abri des profonds bouleversements que nous traversons. Et donc il faut aussi l’adapter, l’assouplir. Je crois d’ailleurs que les agents publics sont les premiers eux-mêmes intéressés et porteurs de ces transformations et qu’ils en sont les premiers demandeurs (…) Se réfugier dans le conservatisme ou une forme de corporatisme, n’est pas le meilleur service à rendre aux fonctionnaires. »

 

 

Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice (PS) de Paris et vice-présidente du Sénat, est en désaccord sur le fond mais également sur la méthode employée : « Ce qui m’a choquée c’est qu’on commence à dire la solution avant d’avoir engagé la négociation (…) Là, on voit de vieilles lunes qui ressortent (…) soit disant c’est moderne. Ils l’ont déjà fait au Canada, (…) au Royaume-Uni. On nous dit : un, il y a trop de fonctionnaires. Deux, il faut qu’ils soient contractuels parce que le statut, c’est absolument, forcément, négatif. Trois, il faut ressembler absolument à l’entreprise, avec les critères de performance de l’entreprise. Quatre, il faut individualiser parce que cela doit être le mérite. Alors qu’on sait bien que la qualité d’un service, c’est justement l’organisation collective du service qui fait sa performance. Donc toute cette idéologie-là, est dans le même droit fil que ce qu’on a vu dans les discours d’Emmanuel Macron depuis quelque temps. C'est-à-dire le libéralisme dans toute son idéologie. »

 

Benjamin Amar, responsable CGT Val-de-Marne, renchérit : « On applique les règles du secteur privé  dans la fonction publique. Or (…) les deux ne visent pas du tout les mêmes objectifs. Le secteur privé vise la recherche du profit. La fonction publique, elle, ne recherche qu’une chose : l’intérêt général et l’intérêt des usagers. Donc cette façon, de vouloir calquer des règles du privé sur la fonction publique est (…) sidérante. »

 

Face à ces réactions, Julien Bargeton souligne que cette réforme de la fonction publique comporte également des volets pour préparer les évolutions et mutations futures : « Pour la première fois, il y a 700 000 millions d’euros qui accompagnent ce plan pour former aux nouveaux métiers et pour préparer à la transformation. Et c’est justement le projet qu’a Mounir Mahjoubi sur le numérique, de pouvoir avoir des administrations qui passent toutes à la transformation numérique. Notamment, avec toutes les procédures dématérialisées. »

 

En attendant, l’exécutif a annoncé l’ouverture d’une « grande concertation » en février, entre le gouvernement et les syndicats de la fonction publique, qui durerait jusqu’à fin 2018. De leur côté, les syndicats se réuniront ce mardi, en vue d’une éventuelle mobilisation commune dans les prochaines semaines.

 

Vous pouvez regarder le débat en intégralité :

OVPL : "Fonctionnaires : Macron s'inspire-t-il du privé ?"
23:25

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