Plan hôpital : « C’est de la mise en scène, ce sont des annonces, on aimerait des actes »

Plan hôpital : « C’est de la mise en scène, ce sont des annonces, on aimerait des actes »

Mercredi soir à Mulhouse, Emmanuel Macron a promis « plan massif d’investissement » pour les hôpitaux. Une annonce qui interroge du côté du Sénat, où depuis plus d’une semaine, les parlementaires veulent savoir quels moyens seront alloués à la santé pour gérer la crise du coronavirus.
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« En période de guerre, on parle de la guerre, pas de l’après-guerre » résume le vice-président LR de la commission des affaires sociales du Sénat, René-Paul Savary. Hier soir, en déplacement à Mulhouse, territoire lourdement frappé par l’épidémie de Covid 19, le chef de l’État a annoncé la mise en place d'un « plan massif d'investissement et de revalorisation de l'ensemble des carrières » à l'hôpital, promettant d'être « au rendez-vous de ce que nous devons ». « Cette réponse sera profonde et dans la durée », a-t-il encore assuré.

« L’urgence, c’est la commande de masques, de blouses, de gants, de respirateurs, de tests »

« C’est de la mise en scène. Ce sont des annonces. On aimerait des actes. Pour l’instant, les soignants ne demandent pas une augmentation de salaire mais de travailler dans des conditions sanitaires correctes. L’urgence, c’est la commande de masques, de blouses, de gants, de respirateurs, de tests » souligne René-Paul Savary.

« Avec ce gouvernement il y a toujours un décalage entre la réalité du terrain et les propos tenus »

Du côté de la Haute assemblée, on estime les moyens chiffrés alloués à la santé pour répondre à la pandémie mondiale sont dérisoires. La semaine dernière, Laurence Cohen, vice-présidente communiste de la commission des affaires sociales, avait interpellé le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, allant jusqu’à parler « d’enfumage » du gouvernement sur cette question. « Je n’arrive pas à comprendre ce refus de prendre des décisions pour l’hôpital alors que pour le monde de l’entreprise, ça a été très vite » s’insurge-t-elle évoquant les 45 milliards d’aides aux entreprises votés dans le projet de loi de finances rectificative.

L’exécutif ne compte consacrer, pour le moment, que « 2 milliards d’euros aux arrêts maladie, aux masques et à la rémunération des personnels soignants ». Une enveloppe déjà provisionnée dans l’ONDAM (Objectif national des dépenses d’assurance maladie, NDLR) votée en fin d’année dernière dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS). « On sait très bien que ce ne sera pas suffisant. Avec ce gouvernement il y a toujours un décalage entre la réalité du terrain et les propos tenus. Emmanuel Macron a parlé de prime exceptionnelle versée prochainement à l’ensemble des personnels soignants. Lors du dernier plan pour l’hôpital d’Agnès Buzyn, les soignants disaient déjà qu’ils ne voulaient pas de prime mais des revalorisations salariales. Et aujourd’hui, ils disent qu’ils ne vont pas tenir sans lits supplémentaires, sans respirateurs, sans masques, sans gants… » fait valoir la sénatrice du Val-de-Marne, par ailleurs, auteure d’une proposition de loi sur les mesures d’urgences pour la santé et les hôpitaux.

« L’urgence, c’est de fournir du matériel aux soignants pour qu’ils puissent travailler dans de bonnes conditions. Mais le gouvernement ne peut pas donner ce qu’il n’a pas. Reste à espérer que tout se fera dans les meilleurs délais » estime, pragmatique, Michel Amiel, vice-président RDSE de la commission des affaires sociales du Sénat.

« Les professions libérales et paramédicales n’ont droit à rien »

Il n’empêche, René-Paul Savary commence à faire les comptes et s’affole. « Avec les transferts de malades qui s’organisent, les actes médicaux déprogrammés pour réserver les lits aux malades du Covid-19, les cliniques privées qui ont réduit leur activité pour en accueillir aussi, les arrêts maladies faits par déclarations individuelles, sans oublier les professions libérales et paramédicales, comme les kinés par exemple, qui eux n’ont droit à rien… Tout ça devra être pris en charge par l’assurance maladie et les 2 milliards ne seront pas suffisants ».

En attendant l’examen d’un projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale, Yves Daudigny, vice-président PS de la commission des affaires sociales, juge « incompréhensible qu’il n’y ait rien eu sur le monde l’hôpital dans le projet de loi de finances rectificative, la semaine dernière ». Pour lui, il ne s’agit pas d’un motif technique selon lequel les dépenses de santé seraient réservées au PLFSS. « On a pris des mesures qui limitent la liberté d’aller et venir, des mesures économiques totalement exceptionnelles, on pouvait très bien en prendre pour la santé ».

 

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