Plan hôpital : « Une grand-messe où le gouvernement va nous dire ce qu’il a décidé »

Plan hôpital : « Une grand-messe où le gouvernement va nous dire ce qu’il a décidé »

Dans les colonnes du JDD, Olivier Véran, le ministre de la santé a dévoilé les pistes de son plan hôpital appelé « Ségur de la santé ». Les syndicats des personnels de santé l’ont accueilli avec réserve.
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Par Cécile Sixou

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« On l’a découvert dans le journal, aucun syndicat n’a été informé et pour le moment personne n’a été invité ». Comme beaucoup de Français, les représentants syndicaux des personnels de santé ont découvert hier, dans les pages du JDD, l’annonce du ministre de la Santé, d’un nouveau plan pour l’hôpital. Ils seront reçus au ministère le 25 mai prochain pour un « Ségur de la santé », mais restent dubitatifs sur les intentions du gouvernement. « On se méfie », confie Thierry Amouroux, porte-parole national des personnels infirmiers. « J’ai bien peur que ce soit encore une grand-messe où le gouvernement nous dit, je vous ai rassemblés maintenant je vous dis ce que j’ai décidé ». Même constat pour Hugo, du collectif inter-urgences, « le risque, c’est d’avoir toujours les mêmes traîne-savates dans les couloirs des ministères qui imposent leur plan, des technocrates de l’ombre qui vont nous remettre des mesures qui sont dans les cartons depuis longtemps ». Beaucoup gardent en tête les derniers plans annoncés par le gouvernement, comme «  ma santé 2022 », ou le plan d’urgence annoncé en novembre dernier, qui n’ont pas répondu à leurs attentes. « Ce n’est pas la première fois qu’il y a des annonces, est ce que ça va déboucher sur des propositions concrètes, conformes à ce que l’on demande, on ne le sait pas » estime Jacques Trévédic, président de l’intersyndicale Action praticiens. Une méfiance des syndicats que comprend le sénateur socialiste de Paris Bernard Jomier : « Depuis deux ans pour réformer l’hôpital il n’y a pas eu de réponse satisfaisante. Il n’y a eu que des demis ou des quarts de plan », mais pour lui, « ce plan est tout de même indispensable ». Il salue la volonté du ministre de réunir tout le monde mais aussi d’aller vite, « dès cet été », avant le rendez-vous financier du PLFSS à l’automne, « ça laisse le temps de mener les échanges pour ce Ségur de la santé et d’apporter la réponse financière rapidement ».

Revaloriser les salaires

Parmi les mesures évoquées par Olivier Véran, la revalorisation des salaires. « Je souhaite que nous puissions atteindre un niveau de rémunération correspondant au moins à la moyenne européenne », a annoncé le ministre dans les colonnes du JDD. Là aussi les syndicats attendent de voir, « on réclame 300 euros supplémentaires par mois pour les infirmiers, on n’attend pas 15 euros » confie Thomas Amouroux qui souhaite que « tous les métiers soient revalorisés comme les aides-soignants ou les ambulanciers ». La question des salaires des paramédicaux est « essentielle », estime Bernard Jomier, « si on n’apporte pas une réponse massive, l’hémorragie de ces personnels va se poursuivre ». Les départs en masse se sont arrêtés pendant deux mois à cause de l’épidémie d’après le sénateur, mais si on ne prend pas des mesures rapidement « les départs reprendront et l’hôpital va se vider de sa substance ». Mireille Stivala, secrétaire générale de la CGT souhaite que le gouvernement mette en place de vraies négociations sur la revalorisation des salaires « on demande au gouvernement un agenda avec un accord de méthode qui permette vraiment de rentrer en négociation ».

« On n’arrive pas à prendre nos RTT » 

Outre les salaires, Olivier Véran propose de revoir le temps de travail. « Il ne s’agit pas d’obliger des gens à travailler davantage mais de créer un cadre plus souple pour permettre à ceux qui souhaitent de le faire ou d’organiser leur temps différemment » détaille Olivier Véran. « Si les salariés de l’hôpital souhaitent travailler davantage et augmenter leur rémunération, il faut que ce soit possible » selon le ministre.

Revoir le temps de travail et déverrouiller les 35h, « ce n’est pas à l’ordre du jour » estime Jean-Marc Devauchel, secrétaire général de la fédération sud santé. La priorité, ce sont les conditions de travail, et la valorisation des salaires, selon lui. Thomas Amouroux voit lui dans cette proposition « une provocation » du gouvernement. « Les infirmiers travaillent déjà 38h par semaine avec 15 jours de RTT par an. On n’arrive pas à prendre nos RTT parce qu’il y a un manque d’effectif, à chaque fois que je pose un congé, on me demande de travailler ». S’il n’y a pas d’embauche, les syndicats ne voient pas comment le gouvernement peut assouplir les 35 heures, « nos collègues ont déjà plusieurs millions d’heures à récupérer ».

On maintient la pression

« Nous restons mobilisés, malgré les annonces ». Pour le moment, la perspective d’un plan pour l’hôpital ne rassure pas les syndicats qui maintiennent la menace d’une journée de mobilisation le 16 juin prochain. « Un certain nombre d’annonces vont dans le sens qu’on espère, mais on n’a aucune donnée concrète à ce stade, c’est pour cela que l’on maintient la pression ». Les syndicats se rendront bien au « Ségur de la santé » le 25 mai, mais ils préviennent : « Nous n’irons pas à de nouvelles rencontres si nous n’avons pas de garantie de réelles négociations sur le socle que nous avons posé ».

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