"Garder son bébé, c'est la vraie liberté", "IVG tous concernés": plus de 10.000 opposants à l'avortement selon la police, 50.000 selon les organisateurs, ont défilé derrière ces slogans à Paris dimanche, pour leur "Marche pour la vie", particulièrement "politique" à trois mois de la présidentielle.
Les participants, dont de nombreuses familles, ont défilé entre la place Denfert-Rochereau et la place Vauban, près des Invalides, au milieu de ballons multicolores et munis d'affichettes aux couleurs vives, clamant: "IVG, dire la vérité c'est dissuader", "protéger le faible, ça c'est fort".
Avant le départ, les organisateurs avaient annoncé la présence de "plus de 50.000 personnes", parmi lesquelles les politiques Philippe de Villiers et Christine Boutin. La préfecture de police a comptabilisé "entre 10.500 et 11.500" personnes.
Manifestation contre l'avortement et contre le délit d'entrave visant certains sites d'information sur l'IVG, à Paris le 22 janvier 2017
AFP
M. de Villiers s'en est pris, sans le citer, au candidat de la droite à la présidentielle François Fillon. "Certains hommes politiques plongent la main dans le bénitier et disent à ce moment-là que l'avortement est inacceptable. Et à la sortie, ils plongent la main dans l'urne et disent que c'est acceptable", a-t-il déclaré, jugeant une telle attitude "totalement hypocrite".
Sens commun, émanation des anti-mariage pour tous au sein du parti Les Républicains, a apporté son soutien à cette marche. Sa porte-parole, Madeleine Bazin de Jessey, proche de François Fillon, avait annoncé sa venue, selon les organisateurs.
Devant la presse, Jean-Marie Le Méné, président de la fondation Jérôme Lejeune, a parlé d'une Marche pour la vie "politique", cette année. Il a demandé aux candidats à la présidentielle "une politique de santé publique qui lutte contre les IVG" (interruptions volontaires de grossesse) et une politique "d'accompagnement des femmes enceintes".
Il a dénoncé des mesures "qui ont permis de banaliser l'avortement", notamment la suppression de la condition de détresse, et le nouveau "délit d'entrave" contre les sites internet anti-IVG accusés de faire de la désinformation.
- Délégations étrangères -
Initiée par le collectif d'associations En marche pour la vie, qui réunit notamment Choisir la vie, la fondation Lejeune, Renaissance catholique ou les Survivants, la Marche pour la vie dénonce la "banalisation" de l'IVG et la proposition de loi prévoyant de pénaliser les sites de désinformation sur l'interruption volontaire de grossesse.
L'Assemblée nationale doit se prononcer cette semaine sur cette proposition de loi, adoptée début décembre au Sénat.
Les opposants à l'IVG considèrent que ce texte crée un nouveau délit d'entrave portant atteinte à la liberté d'expression et demandent son "retrait immédiat".
Venus de toute la France, les manifestants, dont certains portaient des pancartes représentant des foetus, ont reçu le soutien du Pape François, fidèle à la doctrine de l'Eglise catholique, qui s'oppose à l'IVG. De nombreuses délégations étrangères (Allemagne, Etats-Unis, Italie, Espagne, Suisse, Belgique...) se trouvaient en tête du cortège.
Cette marche intervient au lendemain d'un autre défilé, qui a rassemblé 7.000 personnes dans la capitale (selon la police) pour défendre les droits des femmes, l'IVG et dénoncer le mépris du nouveau président des Etats-Unis Donald Trump à l'égard des femmes.
Le nombre d'IVG en France est d'un peu plus de 200.000 par an. Le taux de recours est quasiment stable depuis 2006, à 14,4 IVG pour 1.000 femmes âgées de 15 à 49 ans dans la métropole, atteignant 26,5 outre-mer, selon une étude de juin 2016.
« Le premier ministre nous laisse nous exprimer sur les sujets. En revanche, une fois qu’ils sont tranchés, nous nous rangeons derrière l’avis du gouvernement », explique la porte-parole du gouvernement, après le recadrage de François Bayrou sur la question de l’interdiction du port du voile dans les compétitions sportives.
Devant le Sénat, le ministre de l’Intérieur a dénoncé l’antisémitisme « d'une extrême gauche très sectaire », après la publication par LFI d’une affiche polémique, figurant l’animateur Cyril Hanouna avec des codes visuels similaires à ceux des années 1930. « Qui, dans ce parti, s’est excusé ? », a-t-il lancé.
Le gouvernement précise sa position sur le texte du Sénat visant à interdire le port de signes religieux dans les compétitions sportives. L’exécutif inscrira bien la proposition de loi à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Un recadrage, alors que les ministres des Sports et de l’Education nationale affirmaient que ce n’était pas une priorité.
Interrogé par le président du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner, le Premier ministre assure n’avoir fait part que de son « analyse », en jugeant dimanche qu’il n’était pas possible de revenir à un âge de départ de 62 ans. « Je suis sûr qu’elle est partagée sur beaucoup de bancs », estime-t-il.