Le Sénat a voté mercredi contre le "double don" de gamètes, une mesure défendue par le gouvernement dans le projet de loi bioéthique et qui autoriserait le recours à la fois à un don d'ovocyte et à un don de sperme dans le cadre d'une PMA.
Ce sont les sénateurs LR - majoritaires au Sénat - qui ont porté les amendements votés contre le double don. Dominique de Legge y voit "une rupture du lien biologique", alors que "jusqu'à présent, la loi interdisait le double don pour faire en sorte que l'enfant soit toujours biologiquement issu d'un des deux membres du couple".
Selon le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, si ce lien "charnel" est brisé, cela "peut poser des questions graves" en matière de filiation et ouvrir "énormément de possibilités", alors que la loi actuelle veut "préserver une lignée pour l'enfant".
De l'autre côté de l'hémicycle, le socialiste Jacques Bigot a fustigé la "conception de la famille largement dépassée" défendue par les LR.
Sur le banc du gouvernement, la ministre de la santé Agnès Buzyn a expliqué vouloir avec le double don répondre aux situations de "double infertilité" dans les couples.
La loi actuelle interdit le double don et exige pour concevoir un embryon que les gamètes proviennent d'au moins un membre du couple. Les embryons congelés surnuméraires qui ne font plus l'objet d'un projet parental peuvent toutefois être accueillis par d'autres couples.
Mais "force est de constater" qu'en cas de double infertilité, les couples ne sont "pas favorables à accueillir un embryon provenant d'un autre projet". Seulement une "vingtaine d'enfants naissent chaque année, contre 10.000 embryons congelés", a argumenté Agnès Buzyn, sans parvenir à convaincre les sénateurs.
L'Assemblée avait voté sans difficulté en faveur du double don lors de la première lecture de ce projet de loi bioéthique et devrait en toute logique revenir sur le vote du Sénat sur ce point.