Au lendemain de la venue d’Emmanuel Macron, c’était au tour des représentants des principaux syndicats de s’exprimer jeudi à la tribune du 42e congrès de la Mutualité française. L’intervention de Pascal Pavageau, le nouveau secrétaire général de Force Ouvrière a été particulièrement virulente. « En matière de provoc’, il y a des moments où je trouve que ça va un petit peu loin », commence le leader de FO, en précisant que le chef de l’État s’est comporté comme un « super chauffeur de salle ».
Le discours présidentiel n’est pas uniquement visé, le responsable syndical ne ménage pas non plus ses mots après la diffusion d’une vidéo polémique par le service communication de l’Élysée. La déclaration d'Emmanuel Macron sur le « pognon de dingue » dépensé « dans les minima sociaux » est « caricaturale», selon lui. « On a besoin de parler de répartition et de solidarité. »
« Plutôt que de parler de pognon, parlons de redistribution »
« La question n'est pas la quantité de pognon qui est dépensée », insiste-t-il en reprenant les mots du Président, affirmant que « sans les minima sociaux le taux de pauvreté passerait de 14% à 22% » de la population. « Plutôt que de parler de pognon, parlons de redistribution », lance-t-il, après avoir rappelé « qu'un tiers des bénéficiaires potentiels du RSA ne l'utilise pas ».
« On sous-entend que celui qui perd son emploi est un peu responsable de la situation et on va jusqu'à sous-entendre que celui qui est dans une situation d'extrême pauvreté en est un peu responsable. Ça n'est pas acceptable », dénonce-t-il encore.
« Ma grand-mère disait mon chien n’aime pas les saucisses »
Pour appuyer son propos, le leader de FO convoque les anecdotes familiales. « Ma grand-mère disait : mon chien n’aime pas les saucisses, la preuve je ne lui en donne jamais. Je me demande si elle n’a pas inspiré une partie du programme social du président de la République. »
Pascal Pavageau estime que lancer une réforme systémique « sans être parti des besoins » n’a pas de sens. Il faut avoir « un examen collectif de l’expression des besoins » et regarder « les évolutions » qui ont eu lieu ces derniers temps, déclare-t-il, dénonçant la logique de « jungle » et « d’individualisation » qui transparaissaient dans le discours du chef de l’État.