Polanski: une “oeuvre, si grande soit-elle, n’excuse pas les éventuelles fautes de son auteur”, selon Riester

Polanski: une “oeuvre, si grande soit-elle, n’excuse pas les éventuelles fautes de son auteur”, selon Riester

"Une oeuvre, si grande soit-elle, n’excuse pas les éventuelles fautes de son auteur", a estimé jeudi le ministre de la Culture...
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"Une oeuvre, si grande soit-elle, n’excuse pas les éventuelles fautes de son auteur", a estimé jeudi le ministre de la Culture Franck Riester, alors que le réalisateur Roman Polanski est visé par une nouvelle accusation de viol, qui embarrasse le cinéma français.

"Le talent n’est pas une circonstance atténuante; le génie, pas une garantie d’impunité", a souligné Franck Riester -sans jamais nommer le réalisateur franco-polonais- tout en mettant en garde contre le "tribunal de l’opinion", à l'occasion des Assises de la parité et de la diversité au cinéma jeudi à Paris.

Il a insisté sur les particularités des métiers du 7e art "où le corps et l’intime sont très souvent en jeu, où de jeunes talents ont des envies de réussite, et des personnes en profitent. Où il ne faut pas confondre aura et emprise", tout en assurant de son souci de protéger "la liberté de créer".

La sortie mercredi en salles de "J'accuse", la reconstitution de l'affaire Dreyfus par Polanski, a été mouvementée, avec l'annulation d'une avant-première mardi à cause d'un blocage de féministes et une promotion perturbée (interviews annulées ou non diffusées). Un hashtag #BoycottPolanski est également apparu sur les réseaux sociaux.

Plusieurs membres du gouvernement, dont sa porte-parole Sibeth Ndiaye et Marlène Schiappa, chargée de l'Égalité femmes-hommes, ont dit qu'ils refuseraient à titre personnel d'aller voir le film, Grand prix à la Mostra de Venise, sans appeler à le boycotter.

Franck Riester a marqué une nouvelle fois jeudi son soutien à "toutes celles qui osent briser le silence". "Votre parole est nécessaire" et n'est "pas vaine".

Le ministre avait déjà salué la semaine dernière le courage de l'actrice Adèle Haenel, qui a accusé le réalisateur Christophe Ruggia d'"attouchements" et de "harcèlement" quand elle était adolescente, relançant le mouvement #MeToo en France.

"Une seule voix, parfois, peut faire toute la différence", a souligné M. Riester dont le ministère a été touché par "les agissements innommables de l’un de ses anciens hauts fonctionnaires" qui a humilié des femmes en les poussant à uriner devant lui et en les photographiant. L'homme est poursuivi notamment pour agression sexuelle.

Cette affaire au ministère "est révélatrice de l’omerta qui a longtemps prévalu en matière de violences sexistes et sexuelles", a ajouté M. Riester, invitant à "faire en sorte que la honte, la peur et la culpabilité changent de camp".

Quelques jours avant la sortie du film "J'accuse", la photographe Valentine Monnier avait révélé au Parisien avoir été "rouée de coups" et violée par Roman Polanski en 1975 à l'âge de dix-huit ans, en Suisse. Une accusation contestée "avec la plus grande fermeté" par l'avocat du cinéaste.

Cette nouvelle affaire survient alors que Roman Polanski, artiste multi-récompensé (Oscar, Palme d'or à Cannes, Grand prix à la Mostra de Venise...) a été accusé d'agressions sexuelles par d'autres femmes ces dernières années, pour des faits prescrits.

Il est en outre sous le coup de poursuites de la justice américaine depuis 1977 pour relations sexuelles illégales avec une mineure.

C'est en raison de cette affaire ancienne que la question de coproduire le nouveau film de Roman Polanski a fait débat chez France Télévisions, a confié jeudi sa patronne Delphine Ernotte, également présente aux Assises du CNC.

"Nous avons alors considéré qu’il n’y avait pas eu de grand film sur l’Affaire Dreyfus, et que le scénario qui nous était présenté méritait d’être vu. Je comprends l’émotion et l’interrogation que peut susciter cette décision. Ce débat m’apparaît légitime et très salutaire", a-t-elle déclaré.

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