Polanski: une « oeuvre, si grande soit-elle, n’excuse pas les éventuelles fautes de son auteur », selon Riester
"Une oeuvre, si grande soit-elle, n’excuse pas les éventuelles fautes de son auteur", a estimé jeudi le ministre de la Culture...

Polanski: une « oeuvre, si grande soit-elle, n’excuse pas les éventuelles fautes de son auteur », selon Riester

"Une oeuvre, si grande soit-elle, n’excuse pas les éventuelles fautes de son auteur", a estimé jeudi le ministre de la Culture...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

"Une oeuvre, si grande soit-elle, n’excuse pas les éventuelles fautes de son auteur", a estimé jeudi le ministre de la Culture Franck Riester, alors que le réalisateur Roman Polanski est visé par une nouvelle accusation de viol, qui embarrasse le cinéma français.

"Le talent n’est pas une circonstance atténuante; le génie, pas une garantie d’impunité", a souligné Franck Riester -sans jamais nommer le réalisateur franco-polonais- tout en mettant en garde contre le "tribunal de l’opinion", à l'occasion des Assises de la parité et de la diversité au cinéma jeudi à Paris.

Il a insisté sur les particularités des métiers du 7e art "où le corps et l’intime sont très souvent en jeu, où de jeunes talents ont des envies de réussite, et des personnes en profitent. Où il ne faut pas confondre aura et emprise", tout en assurant de son souci de protéger "la liberté de créer".

La sortie mercredi en salles de "J'accuse", la reconstitution de l'affaire Dreyfus par Polanski, a été mouvementée, avec l'annulation d'une avant-première mardi à cause d'un blocage de féministes et une promotion perturbée (interviews annulées ou non diffusées). Un hashtag #BoycottPolanski est également apparu sur les réseaux sociaux.

Plusieurs membres du gouvernement, dont sa porte-parole Sibeth Ndiaye et Marlène Schiappa, chargée de l'Égalité femmes-hommes, ont dit qu'ils refuseraient à titre personnel d'aller voir le film, Grand prix à la Mostra de Venise, sans appeler à le boycotter.

Franck Riester a marqué une nouvelle fois jeudi son soutien à "toutes celles qui osent briser le silence". "Votre parole est nécessaire" et n'est "pas vaine".

Le ministre avait déjà salué la semaine dernière le courage de l'actrice Adèle Haenel, qui a accusé le réalisateur Christophe Ruggia d'"attouchements" et de "harcèlement" quand elle était adolescente, relançant le mouvement #MeToo en France.

"Une seule voix, parfois, peut faire toute la différence", a souligné M. Riester dont le ministère a été touché par "les agissements innommables de l’un de ses anciens hauts fonctionnaires" qui a humilié des femmes en les poussant à uriner devant lui et en les photographiant. L'homme est poursuivi notamment pour agression sexuelle.

Cette affaire au ministère "est révélatrice de l’omerta qui a longtemps prévalu en matière de violences sexistes et sexuelles", a ajouté M. Riester, invitant à "faire en sorte que la honte, la peur et la culpabilité changent de camp".

Quelques jours avant la sortie du film "J'accuse", la photographe Valentine Monnier avait révélé au Parisien avoir été "rouée de coups" et violée par Roman Polanski en 1975 à l'âge de dix-huit ans, en Suisse. Une accusation contestée "avec la plus grande fermeté" par l'avocat du cinéaste.

Cette nouvelle affaire survient alors que Roman Polanski, artiste multi-récompensé (Oscar, Palme d'or à Cannes, Grand prix à la Mostra de Venise...) a été accusé d'agressions sexuelles par d'autres femmes ces dernières années, pour des faits prescrits.

Il est en outre sous le coup de poursuites de la justice américaine depuis 1977 pour relations sexuelles illégales avec une mineure.

C'est en raison de cette affaire ancienne que la question de coproduire le nouveau film de Roman Polanski a fait débat chez France Télévisions, a confié jeudi sa patronne Delphine Ernotte, également présente aux Assises du CNC.

"Nous avons alors considéré qu’il n’y avait pas eu de grand film sur l’Affaire Dreyfus, et que le scénario qui nous était présenté méritait d’être vu. Je comprends l’émotion et l’interrogation que peut susciter cette décision. Ce débat m’apparaît légitime et très salutaire", a-t-elle déclaré.

Partager cet article

Dans la même thématique

Pierre-Yves Bournazel, HORIZON candidate for the 2026 municipal elections in Paris.
9min

Politique

Pierre-Yves Bournazel investi par Renaissance pour les municipales à Paris : « Dès demain, Dati va riposter »

Les LR et Renaissance se divisent pour les municipales à Paris. Le parti de Gabriel Attal officialise son soutien à Pierre-Yves Bournazel, cadre du parti d’Edouard Philippe, au détriment de la candidature de Rachida Dati. Le sujet divise à Renaissance et le responsable du parti dans la capitale, Sylvain Maillard, qui soutient la ministre, se met en retrait de ses fonctions. Explications sur une décision qui rebat les cartes du scrutin.

Le

8min

Politique

Agacée par la méthode de Sébastien Lecornu, la droite sénatoriale promet un budget « sans compromis, mais de clarification »

La droite sénatoriale s'inquiète des reculs successifs du gouvernement sur les positions financières et économiques qu'elle défend, dans le cadre des débats budgétaires à l’Assemblée nationale. Ces inflexions, mais aussi la méthode du Premier ministre, mettent en lumière une fissure grandissante entre la majorité sénatoriale et l'exécutif.

Le