Polémique McKinsey : « Le président de la République a perdu le sens de l’Etat », dénonce Ian Brossat
Invité de la matinale de Public Sénat, le communiste Ian Brossat, soutien du candidat Fabien Roussel, est revenu sur la polémique liée au recours aux cabinets de Conseil par le gouvernement, et notamment McKinsey, épinglé pour pratiquer de l’optimisation fiscale. L’élu déplore une rupture de confiance entre l’Etat et une administration publique qui a été « dépecée ».

Polémique McKinsey : « Le président de la République a perdu le sens de l’Etat », dénonce Ian Brossat

Invité de la matinale de Public Sénat, le communiste Ian Brossat, soutien du candidat Fabien Roussel, est revenu sur la polémique liée au recours aux cabinets de Conseil par le gouvernement, et notamment McKinsey, épinglé pour pratiquer de l’optimisation fiscale. L’élu déplore une rupture de confiance entre l’Etat et une administration publique qui a été « dépecée ».
Romain David

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Opération déminage pour l’exécutif. Mercredi soir, le ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, et la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin, ont tenu une conférence à Bercy pour répondre aux interrogations soulevées par le rapport d’enquête du Sénat sur l’utilisation des cabinets de conseil. L’objectif : éteindre une polémique qui est en train d’empoisonner la campagne d’Emmanuel Macron. Selon les travaux des sénateurs, le recours aux consultants privés est devenu « croissant » ces dernières années dans les ministères. En 2021, c’est plus d’un milliard d’euros qui auraient été dépensés par l’Etat en prestations de conseil. « Cette affaire est scandaleuse, plus d’un milliard d’euros investis dans ces cabinets de conseil pour faire le travail de l’administration ! Je suis attaché à un principe simple : c’est à l’administration de faire le travail de l’administration », a réagi jeudi matin le communiste Ian Brossat, directeur de campagne de Fabien Roussel, dans « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat.

« Il y a derrière tout cela une forme de délitement de l’Etat, de démantèlement de la République qui me révulse », ajoute cet adjoint à la mairie de Paris pour qui « le président de la République a perdu le sens de l’Etat ». « Quand on a recours à des cabinets de conseil qui arnaquent l’Etat en faisant de l’optimisation fiscale, en faisant un travail que l’administration est capable de faire, on perd le sens de l’Etat », tacle Ian Brossat.

« Des boîtes qui se payent le luxe de ne pas payer d’impôts en France »

Car il s’agit de l’autre versant de la polémique déclenchée par le rapport sénatorial : le cabinet McKinsey, qui a notamment travaillé sur la réforme des APL et le déploiement de la vaccination contre le covid-19, n’aurait pas payé d’impôts sur les sociétés en France depuis au moins 10 ans, contrairement à ce qu’a pu déclarer Karim Tadjeddine, directeur associé et responsable du secteur public auprès de la succursale française de cette société, lors de son audition devant la Haute Assemblée le 18 janvier. « L’Etat ne peut pas continuer de signer des contrats avec des boîtes qui se payent le luxe de ne pas payer d’impôts en France. McKinsey était dans le Delaware, c’est invraisemblable ! », s’agace Ian Brossat. « L’optimisation fiscale, c’est 80 milliards d’euros au moins qui partent en fumée chaque année. »

L’élu dénonce également la rupture de confiance entre l’exécutif et l’administration que sous-tend le recours à des opérateurs privés. « Il faut faire l’inverse, revaloriser l’Etat. Dans une république forte on a besoin d’un Etat fort et d’avoir confiance en l’administration », explique-t-il. « Que l’on me fasse la démonstration que les cabinets de conseil savent faire des choses que l’Etat ne sait plus faire. Et si c’est le cas, cela prouverait que l’on a trop dépecé l’Etat […] À force de démanteler l’ENA, à force de taper sur la fonction publique, on en arrive à une perte de compétences du service public. C’est un problème réel, auquel il faut remédier. »

Pantouflage

Le communiste a également voulu pointer une fuite des compétences du public vers le privé. « Vous voyez que des gens qui ont fait des grandes écoles, des polytechniciens, travaillent pour ces cabinets de conseil alors qu’on leur a payé leurs études, et qu’on les a payés pour faire ces études. Et derrière, ils vont travailler dans des cabinets de conseil qui ne payent pas d’impôts en France. Vous imaginez à quel niveau de gabegie on en est arrivé ! Ces gens arnaquent l’Etat », accuse-t-il.

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