Polémique sur les jets privés : le groupe écologiste du Sénat envisage de déposer une proposition de loi « PSG »
Le fou rire de Kylian Mbappé et la plaisanterie de Christophe Galtier sur les déplacements des joueurs du PSG « en char à voile » ont déclenché une tempête de critiques sur l’utilisation des jets privés dans le football professionnel. Des appareils devenus les symboles de l’inégalité dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Rires et châtiments. L’hilarité de l’entraîneur du PSG, Christophe Galtier et de son icône, Kylian Mbappé, à une question sur l’utilisation excessive des jets privés, a fait décoller une polémique dont le club se serait bien passé.
Tout est parti d’une interpellation du patron de TGV-Intercités, à une vidéo postée, ce week-end, par le milieu de terrain, Marco Verrati. On y voit les joueurs plaisanter dans un avion à destination de Nantes, soit à moins de 2 heures 30 de la capitale en train.
En conférence de presse lundi, interrogés sur le choix de ce mode de transports en pleine crise énergétique et climatique, l’entraîneur et le joueur, pourtant rompus à l’exercice de la langue de bois face aux questions gênantes, choisissent d’en plaisanter.
Pire, Christophe Galtier se permet un trait d’ironie. « Ce matin, on a discuté avec la société avec laquelle on fait nos déplacements pour savoir si on ne pouvait pas se déplacer en char à voile », se borne-t-il à répondre.
Il n’en fallait pas plus pour enflammer la toile. L’entraîneur et le joueur ont semblé passer à côté de ce qui est récemment devenu un symbole de l’inégalité dans la lutte contre le réchauffement climatique. En témoigne la popularité grandissante des comptes sociaux épinglant les plans de vols, souvent très courts, des jets privés des grands de ce monde. Le monde du football professionnel n’est pas épargné par le « jet shaming ».
Elisabeth Borne invite « le PSG à « prendre conscience de la crise climatique »
« M.Galtier, vous nous avez habitués à des réponses plus pertinentes et plus responsables - on en parle ? », a tweeté la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra.
A la mi-journée, au tour de la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher d’inviter « le PSG à se saisir très sérieusement de ce sujet ». « Les Français ne comprendraient pas que certains s’estiment au-dessus du réchauffement climatique et ne daignent pas prendre leur part à cet effort collectif », a-t-elle poursuivi. La Première ministre, Elisabeth Borne a, elle aussi, emboité le pas de ses ministres. « Ils doivent réaliser dans quel monde on est et prendre conscience de la crise climatique », a-t-elle déclaré en marge de l'inauguration d'un commissariat à Paris.
« On peut avoir la passion du sport sans être bourrin qui n’en a rien à fiche de ce qui se passe »
La séquence désastreuse en termes de communication donne toutefois de l’eau au moulin aux propositions visant à limiter l’usage des jets privés qui ont fait florès durant la période estivale. Sans aller jusqu’à interdiction de ces appareils, prônée par le député écologiste, Julien Bayou, le ministre des Transports, Clément Beaune s’était dit favorable à une régulation.
Le PSG avait pourtant assuré un peu plus tôt lundi qu’il étudiait « toutes les possibilités de déplacements sur les matches extérieurs du club (environ 25 par saison) et que des discussions avaient lieu avec la SNCF. Une communication rendue inaudible par le trait d’esprit du coach et le four rire du joueur. « On peut avoir la passion du sport sans être bourrin qui n’en a rien à fiche de ce qui se passe » […] « Quand le Président de la République dit qu’il faut changer des comportements à la maison, mais que les grands clubs n’acceptent pas de réfléchir là-dessus, cela va être difficile de faire avancer les choses, évidemment », s’est désolé le député LFI, Alexis Corbière dans la matinale de Public Sénat.
« On a encore du boulot dans la prise de conscience »
Le patron du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard abonde. « C’est affligeant. On aurait pu penser que Kylian Mbappé donnerait l’exemple afin de changer nos habitudes pour lutter contre le réchauffement climatique. On a encore du boulot dans la prise de conscience. Nous allons avoir besoin de politique publique forte et des propositions contraignantes ».
En juin dernier, les sénateurs écologistes avaient défendu un amendement au projet de loi climat visant à interdire les vols de jets privés « en cas de seuil de pollution dépassé et de pénurie de carburant ». « On envisage également de déposer une proposition de loi ‘’PSG’’ pour interdire les jets quand il existe une solution ferrée à moins de 2h30. C’est une solution simple et de bon sens », confie Guillaume Gontard.
« Polémique absurde » pour les Républicains
Chez les LR du Sénat, on relativise. « Quelle hypocrisie de conspuer Christophe Galtier et Kylian Mbappé pour un trait d’humour un peu maladroit et de trouver normal les immenses stades réfrigérés construits pour la coupe du monde au Qatar ! On n’a pas besoin d’une police de la pensée mais d’actes concrets de la part des décideurs », tance le patron du groupe et candidat à la présidence du parti, Bruno Retailleau.
« Les polémiques sur les jets privés sont aussi absurdes qu’idéologiques. Les jets privés représentent 0,2 % des émissions mondiales contre 40 % pour l’électricité. L’extrême gauche qui veut bannir les jets veut aussi sortir du nucléaire… », s’agace également le sénateur LR, Stéphane Le Rudulier.
Michel Savin, président (LR) du groupe d’études « Pratiques sportives et grands événements sportifs » du Sénat reconnaît « des propos maladroits et malvenus, mais qui ne méritent pas qu’on en fasse des tonnes. Voyager en train pose la question de la récupération si les joueurs doivent dormir sur place, mais aussi des horaires. Pour les matchs du soir, Si vous prenez en compte les conférences de presse d’après match, le contrôle antidopage, il n’y a plus de train ».
La SNCF propose la privatisation de trains entiers ou d’une ou deux voitures de 1ère classe dans un train normal. Elle assure l’avoir fait 300 fois au premier semestre. Mais le défi majeur reste la sécurité dans les gares surtout pour des équipes comme le PSG composée de stars mondiales. Bref, autant d’arguments qu’aurait pu mettre en avant le coach parisien et ainsi s’éviter une polémique la veille de l’entrée en lice du club en Ligue des champions ce soir. Heureusement, le match contre la Juventus a lieu à domicile.
L’heure est à l’urgence pour les Européens. Dans un climat mondial tendu, avec les décisions américaines de ne plus participer massivement à la protection des Européens, les dirigeants des États membres de l’Union convergent vers l’idée d’une défense européenne commune, et surtout, d’un réarmement massif. À quoi correspondent les 800 milliards promis par la Commission européenne ? Pour quels achats ? Quid de l'élargissement de dissuasion nucléaire française aux autres pays européens ? Caroline de Camaret et Alexandre Poussart ouvrent le débat dans Ici l’Europe avec l’eurodéputé français Bernard Guetta, et l’Allemande Hannah Neumann du parti des Verts.
La proposition de loi des députés écologistes, adoptée en février à l’Assemblée nationale, sera inscrite dans le prochain espace réservé de leurs homologues sénateurs. Inspiré des travaux de l’économiste Gabriel Zucman, le texte instaure un impôt plancher de 2 % sur le patrimoine des « ultra-riches ». Ses chances d’adoption au Sénat sont très minces, mais ses partisans espèrent convaincre.
Invité de la matinale de Public Sénat, le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale évoque la possibilité de déposer une motion de censure contre le gouvernement. Néanmoins, LFI souhaite déposer le texte avec les écologistes et les communistes.
Invité de la matinale de Public Sénat, le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel revient sur la réunion à Bercy pour financer l’industrie de la défense. Si l’insoumis reconnaît une réflexion nécessaire, il estime cependant que la Russie ne représente pas une menace existentielle pour la France. Par ailleurs, le député demande au gouvernement d’organiser un débat avec vote au Parlement sur le sujet du réarmement.