Police : « Le malaise est extrêmement profond », le constat alarmant d’un rapport du Sénat

Police : « Le malaise est extrêmement profond », le constat alarmant d’un rapport du Sénat

Taux de suicide supérieur de 36 % à celui de la moyenne nationale, 22 millions d’heures supplémentaires non-payées, équipements vétustes… Une commission d’enquête du Sénat a remis ses conclusions inquiétantes sur l’état moral des forces de l’ordre et les difficultés qu’elles rencontrent au quotidien.
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« Le malaise est extrêmement profond ». C’est le constat alarmant de la commission d’enquête du Sénat sur l’état des forces de sécurité intérieure ». Son président, Michel Boutant (PS) et son rapporteur, François Grosdidier (LR) présentaient leurs conclusions ce mardi, après 6 mois de travaux. Les sénateurs sont partis d’un chiffre alarmant : en 2017, 50 policiers se sont suicidés, « un chiffre proche de la moyenne des dix dernières années », soit un taux supérieur de 36 % à celui de la moyenne nationale relève le rapport. Dans la gendarmerie, le nombre de suicides a dépassé les 40 l’année dernière.

François Grosdidier au sujet des forces de l'ordre : « Le malaise est extrêmement profond », le constat alarmant d’un rapport du Sénat
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Des policiers qui dorment dans leur voiture

Les élus relèvent un climat « de violence accrue » à l’égard des forces de l’ordre, dont le paroxysme a été atteint avec l’assassinat d’un couple de policiers à Magnanville à l’automne 2016. « Pression migratoire sans précédent », « risque terroriste fort », « contestation sociale importante » ont favorisé « l’émergence de syndrome d’épuisement professionnel » notent les auteurs.

Un profond mal être psychologique auquel il faut ajouter des « difficultés liées à la nature même du métier ». « Les policiers travaillent avec des moyens totalement insuffisants : des voitures usagées, des locaux vétustes, des équipements qui manquent (…) Ils sont aujourd’hui en quête de sens sur leur propre action, n’ayant pas le sentiment d’être reconnus ni par leur hiérarchie, ni par le pouvoir, ni par les médias ni par l’opinion » explique François Grosdidider qui relate le cas de jeunes policiers mutés en région parisienne, obligés de dormir dans leur voiture, faute de revenus suffisants (1300 euros par mois). Des différences existent, toutefois entre la gendarmerie « qui bénéficie d’un esprit de corps affirmé » et la police nationale (qui) souffre de sa forte segmentation et d’un manque patent de cohésion » mettent en avant les sénateurs. Sur ce sujet de manque de moyens, revoir ci-dessous le reportage de Clément Perrouault diffusé le 28 mars.

Marseille: les forces de sécurité sous-équipées
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22 millions d’heures supplémentaires non-payées

Parmi ses 32 préconisations, la commission d’enquête demande l’élaboration d’un « livre blanc » de la sécurité intérieure, et « l’adoption de lois de programmation des forces de sécurité intérieure permettant de fixer un cadre budgétaire, opérationnel stable et crédible ». Le Sénat fait également état du non-paiement de 22 millions d’heures supplémentaires effectuées par les forces de l’ordre, évaluées à  plus de 272 millions d’euros. Le rapport suggère « d’intégrer à la loi de finances pour 2019 une enveloppe destinée à l’indemnisation du flux annuel d’heures supplémentaires réalisées par les personnels de la police nationale ». Les sénateurs demandent également une meilleure prise en charge des risques psychosociaux, la création « d’une académie de police » qui regrouperaient les trois corps de la police nationale, mais aussi le lancement « de toute urgence » d’une remise à plat du code de procédure pénale afin « d’aller plus loin dans la simplification de la procédure, notamment en organisant « l’oralisation » de certains actes.

« L’attitude de la hiérarchie consiste à systématiquement minimiser, relativiser »

Quant à savoir comment ce rapport a été perçu par le ministre de l’Intérieur, François Grosdidier apporte un début de réponse. « L’attitude de la hiérarchie consiste à systématiquement minimiser, relativiser. On ne sait pas s’ils ont pleinement conscience des problèmes où s’ils cherchent à les minimiser » rapporte François Grosdidier.

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