Auditionné par la commission des lois du Sénat sur son budget pour 2025, Bruno Retailleau a annoncé un amendement du gouvernement visant à augmenter notamment la mission immigration, asile et intégration. Le ministre mise néanmoins toujours sur la réduction des procédures d’asile « et sur une politique volontariste » en matière migratoire pour tenir son budget, sans convaincre les élus de gauche.
Politique migratoire : « Il y a beaucoup de pragmatisme » assure Amélie de Montchalin
Par Héléna Berkaoui
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Invitée de Territoires d’Infos ce mercredi, la députée LREM de l’Essonne conteste les rumeurs qui circulent au sujet des divisions sur la politique migratoire au sein de la majorité. Si le texte n’est pas public, le débat a bien été amorcé par la circulaire de Gérard Collomb permettant de recenser les migrants directement dans les centres d’hébergement d’urgence. Une circulaire qui a provoqué la colère des associations, elles dénoncent une « grave atteinte aux droits fondamentaux » (Lire notre article).
Hier à l’Assemblée nationale, la députée de la majorité, Sonia Krimi, a durement interpellé Gérard Collomb. Chose rare dans un groupe politique qui fait peu montre de ses dissensions. Sonia Krimi a notamment déclaré que « les centres de rétention deviennent des centres de détention et sont indignes de notre République. » Une déclaration qu’elle a ensuite édulcorée. Interrogée par le Huffington Post, elle s’est ravisée en expliquant qu’on « ne va pas commencer à critiquer une réforme qui n'est pas sortie. »
Figure montante de la majorité à l’Assemblée nationale, Amélie de Montchalin réfute les accusations de durcissement de la politique migratoire du gouvernement de même que les fractures au sein du groupe LREM. Elle aussi rappelle que le texte n’a « pas encore été présenté » pour autant elle reconnaît qu’on en connaît déjà « les grandes lignes. » Le projet de loi immigration asile est effectivement prévu pour mars 2018.
« On a triplé le nombre de demandes d’asile en un peu moins de trois ans et on a toujours qu’un tiers des personnes qu’on souhaite reconduire à la frontière qui sont effectivement reconduites » note Amélie de Montchalin.
« Je pense qu’il y a beaucoup de pragmatisme » sur la politique migratoire, assure Amélie de Montchalin. La députée LREM de l’Essonne appréhende l’immigration comme « une politique publique » qui doit s’articuler entre « le droit d’asile, qui est un droit fondamental pour les personnes qui sont en risque » et l’immigration. « Il faut qu’on soit bien meilleur dans l’accueil de ceux à qui on donne un droit fondamental d’asile et il faut qu’on soit beaucoup plus clair, beaucoup plus ferme avec ceux qui ne respectent pas notre politique publique » détaille Amélie de Montchalin.
Selon la députée, il n’y a pas de durcissement de la politique migratoire, elle assure qu'Emmanuel Macron « a toujours dit, il faut qu’on accueille beaucoup mieux, qu’on intègre beaucoup mieux ceux qui ont le droit d’asile » avec « une politique publique de l’immigration sur laquelle il faut qu’on soit bien meilleur. »
Pour Amélie de Montchalin, deux données doivent guider la politique migratoire : « On a triplé le nombre de demandes d’asile en un peu moins de trois ans et on a toujours qu’un tiers des personnes qu’on souhaite reconduire à la frontière qui sont effectivement reconduites » développe-t-elle. « Ce qu'on va essayer de faire c’est un texte construit, un texte équilibré » conclut la députée.