La porosité entre les médias et la politique n'est pas récente, mais les passages de journalistes et élus de l'un à l'autre de ces univers...
Politiques et médias, une confusion des genres qui alimente la méfiance
La porosité entre les médias et la politique n'est pas récente, mais les passages de journalistes et élus de l'un à l'autre de ces univers...
Par Frédéric POUCHOT
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Publié le
La porosité entre les médias et la politique n'est pas récente, mais les passages de journalistes et élus de l'un à l'autre de ces univers tendent à accroître la méfiance et les critiques envers la presse et les institutions, en France comme dans d'autres pays.
Ces allers-retours entre presse et pouvoir démontrent que "l'idée que le travail des journalistes consiste à attaquer et dénoncer les politiques disparaît à toute vitesse", estime Mick Temple, professeur en journalisme et politique à l'Université du Staffordshire, en Angleterre. "La relation (entre politiques et journalistes ) est devenue un bénéfice mutuel" plutôt qu'une confrontation permanente, regrette-t-il.
Selon l'historien français des médias Christian Delporte, dès les origines du journalisme, des personnalités de la presse se sont lancées dans l'arène politique, et vice-versa.
"La proposition de loi créant le statut des journalistes de 1935 avait été cosignée par 70 députés, dont la moitié étaient journalistes", rappelle-t-il. "Il y a toujours eu des allers-retours entre les politiques et la presse, des journalistes qui devenaient députés et parfois ministres, et ça ne choquait pas".
Bruno Roger-Petit le 7 octobre 2003 à Paris
AFP/Archives
Mais la récente reconversion à la télévision et à la radio d'une série d'ex-responsables politiques de tous bord, et la nomination d'un éditorialiste, Bruno Roger-Petit, comme porte-parole officiel du président Emmanuel Macron ont fait couler beaucoup d'encre en France.
"Ce qui a changé, c'est qu'aujourd'hui les politiques et les journalistes sont mêlés dans la même défiance, et ces exemples semblent confirmer les craintes de l'opinion publique", souligne-t-il, en citant les études du Cevipof (Centre d'études de la vie politique française) qui montrent depuis plusieurs années que les médias et les partis, avec les banques, sont les institutions auxquelles les Français font le moins confiance.
- Starisation des élus -
Quant aux élus, ils deviennent "de plus en plus des commentateurs de la vie politique et des vedettes médiatiques", remarque Christian Delporte. "Quand ils sont en activité, ils sont sur les plateaux de télé et dans les émissions de divertissement, et cette starisation facilite les passages de l'un à l'autre, quand ils sont battus".
Photo prise en 1961 du président américain John Fitzgerald Kennedy (G) avec Pierre Salinger, ex-journaliste nommé porte-parole de la Maison Blanche
UPI/AFP/Archives
Aux États-Unis, plusieurs présidents ont fait appel à des hommes et femmes de médias comme conseillers ou porte-paroles, à l'image de Pierre Salinger, journaliste puis conseiller de John F. Kennedy, qui l'avait nommé porte-parole de la Maison Blanche. Il fut ensuite sénateur, avant de faire carrière à la télévision notamment sur CBS.
Et tout récemment, Steve Bannon, dirigeant du média en ligne Breitbart, a dirigé la campagne de Donald Trump qui l'a ensuite nommé conseiller à la Maison Blanche. Puis il a repris les rênes de son site juste après son renvoi cet été.
De même, au Royaume-Uni, Theresa May a recruté James Slack, ancien éditorialiste politique du Daily Mail, tabloïd à grand tirage, comme porte-parole, et un ancien journaliste politique de la BBC, Robbie Gibb, comme directeur de la communication.
"Cette pratique remonte au moins à l'époque de Margaret Thatcher, qui avait en quelque sorte lancé le mouvement avec Bernard Ingham", journaliste au Guardian qu'elle avait choisi comme porte-parole, et ouvert la voie à Tony Blair, qui s'était attaché les services du journaliste Alastair Campbell, explique à l'AFP Mick Temple.
Photo prise le 4 juillet 2014 à Londres d'Andy Coulson, ancien rédacteur en chef du News of the World et embauché par l'ancien premier ministre David Cameron comme directeur de communication
AFP/Archives
Si outre-Manche, ces allers-retours "ne soulèvent aucun débat", remarque-t-il, "l'une des conclusions du rapport Leveson (publié en 2012 après le scandale des écoutes illicites du défunt tabloïd News of the World, ndlr) était que les liens entre les politiques et les journalistes étaient dangereux pour la démocratie".
Ce vaste scandale avait éclaboussé l'ancien premier ministre David Cameron, qui a dû s'excuser d'avoir embauché comme directeur de communication Andy Coulson, ancien rédacteur en chef du News of the World, condamné à 18 mois de prison en juillet 2014.
Dans le sens inverse, l'ancien ministre des Finances de David Cameron, George Osborne, a été nommé en mars rédacteur en chef de l'Evening Standard, un quotidien gratuit détenu par Evgeny Lebedev, fils du milliardaire russe Alexandre Lebedev.
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