En déplacement au Salon de l’élevage à Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), Michel Barnier a annoncé une aide de 75 millions d’euros pour les éleveurs de brebis victimes de la fièvre catarrhale ovine et des prêts garantis par l’Etat pour les exploitations en difficulté. Des mesures bienvenues pour les agriculteurs qui ne calment pas pour autant leur colère.
Pollution : « Je ne peux pas attendre que tout le monde soit d’accord pour régler le problème », déclare Hidalgo
Par Public Sénat
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L’audition devant les sénateurs portait sur la lutte contre la pollution atmosphérique. Lors de cette séance de questions-réponses avec des sénateurs, issus pour la plupart de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable, la maire de Paris Anne Hidalgo a partagé son expérience sur le sujet, en défendant les orientations de sa majorité sur les mobilités, et son bilan personnel.
L’édile socialiste a notamment assumé ses décisions les plus critiquées par la droite, au Conseil de Paris ou au Conseil régional d’Île-de-France présidé par Valérie Pécresse. « Il est hors de question pour moi de ne pas agir et d’attendre que tout le monde soit d’accord alors que le principal problème se pose dans ma ville et sur une zone qui concerne sept millions d’habitants », s’est défendu Anne Hidalgo.
Sur la pollution aux particules fines et au dioxyde d’azote, la maire évoque un « problème de santé publique », responsable selon elle de 2.500 décès prématurés dans Paris intra-muros (2,2 millions d’habitants), et de 6.000 morts dans la métropole du Grand Paris (7,0 millions d’habitants).
Elle a également souligné que les dépassements des normes européennes auraient des « conséquences pénales » (lire notre article). « Moi, j’aurai ma conscience pour moi […] Qu’est-ce que vous avez fait : c’est la question qui sera posée ! »
Des messages de félicitations sont venus de la part des élus socialistes, mais pas seulement. Les marques de soutien ont concerné d’autres étiquettes politiques, comme Michèle Vullien (Union centriste) ou Alain Fouché (Les Indépendants), qui ont salué son « courage », ou encore Jean-Paul Husson (LR), qui s’est « associé aux compliments ». En regrettant néanmoins que le propos ne se concentre sur le trafic routier, laissant de côté les émissions de l’habitat et des bureaux.
Accrochage avec un sénateur LR sur les voies sur berges
Anne Hidalgo a en revanche été interpellée par des élus LR, comme le sénateur des Hauts-de-Seine Philippe Pemezec, sur le dossier sensible de la piétonisation des voies sur berges de la rive droite. « Tout cela se fait sans concertation avec les villes qui sont autour de Paris et qui aujourd’hui sont congestionnées et connaissent une pollution plus importante », a accusé le maire du Plessis-Robinson, évoquant une « organisation un peu autoritaire ». « Non ce n’est pas vrai de dire que ce que nous avons fait à Paris aurait généré des pollutions supplémentaires, c’est totalement faux. Ce sont des bêtises », a répliqué Anne Hidalgo.
Roger Karoutchi, sénateur (LR) des Hauts-de-Seine a lui souligné que « des millions » de Franciliens prenaient la voiture « par contrainte », et « non pas par goût ».
La maire de Paris a expliqué que sa politique « de long-terme » était en train de « produire ses effets. Elle a affirmé que depuis 2001, année de l’arrivée de son prédécesseur Bertrand Delanoë à l’hôtel de ville, le trafic automobile avait reculé de 30% dans la capitale, et le niveau de la pollution atmosphérique d’un niveau équivalent.
Citant les derniers chiffres à sa disposition, l’élue a ajouté que le mouvement de réduction de la place de la voiture s’était accéléré ces derniers mois. En janvier, le trafic automobile a reculé de 4,8% par rapport au mois de janvier de l’année précédente. Au mois de février, le recul atteint sur un an 11%, et en mars de 8%.
Anne Hidalgo a aussi replacé sa politique de lutte contre la pollution atmosphérique dans une dimension internationale. D’abord sur un plan symbolique. « Si Paris, qui est quand même la ville qui a accueilli l’accord de Paris sur le climat, ne bouge pas, qui va agir ? »
À l’heure du Brexit et de la délocalisation d’activités financières à Francfort ou à Paris, la maire de Paris a aussi précisé que sa politique pouvait attirer des expatriés. « Dans les éléments d’attractivité d’une métropole mondiale, si on ne lutte contre la pollution, on n’est pas attractif », a-t-elle affirmé. « Le président de la République est entièrement d’accord avec moi là-dessus ».
Anne Hidalgo évoque l’idée du « péage urbain » comme piste pour financer la gratuité des transports
L’audition a également été l’occasion pour la maire de Paris de préciser certains chantiers en cours. Sur la question des transports, Anne Hidalgo aimerait que la métropole, la zone la plus densément peuplée de l’Île-de-France puisse être une « auto-organisatrice ». « J’ai cru noter un changement sur le plan institutionnel », a répliqué Philippe Dominati. Le sénateur de Paris rattaché au groupe LR lui a rappelé qu’elle n’avait pas défendu cette idée lors des débats sur la loi relative au Grand Paris, sous le quinquennat de François Hollande.
Interrogée sur le faible nombre de verbalisations dans les zones de circulation restreintes (ZCR), elle a souligné que la Ville était en train d’y travailler avec la préfecture de police. La Marie de Paris songe notamment à un « dispositif de vidéosurveillance et de contrôle à distance à partir des plaques d’immatriculation ».
Quant aux engagements du Plan vélo 2015-2020, qui connaît quelques retards, Anne Hidalgo a dit « espérer » que la taille du réseau soit doublée dans les temps pour atteindre 1.400 kilomètres de voies cyclables. « En tout les cas, on aura accompli, si ce n’est pas 100%, au minimum 80-90% à la fin de cette mandature » en 2020.
L’élue socialiste s’est également prononcée sur le développement de la livraison des courses à domicile, porté par Monoprix en partenariat avec Amazon, mais aussi avec l’arrivée de Leclerc dans la capitale. « Il faut trouver des clés pour limiter cette profusion de livraisons », a-t-elle déclaré.
Reste la question de la gratuité des transports, un débat qu’a ouvert la maire de Paris en demandant une étude. Selon elle, un « péage urbain », mis en place au niveau de l’A86 (l’autoroute circulaire de la petite couronne) et non « pas à l’échelle du périphérique » parisien, pourrait financer ce système de gratuité dans les transports, « pour un certain nombre de publics ou pour l’ensemble du système ».