Auditionné la dernière fois au Sénat en avril, le président du comité scientifique – cet organe mis sur place le 11 mars pour épauler le gouvernement dans sa prise de décisions – Jean-François Delfraissy a fait son retour ce 15 septembre au palais du Luxembourg. Devant la commission d’enquête sur l’évaluation des politiques publiques face aux pandémies, cette fois-ci. Parmi les questions récurrentes des sénateurs : le problème des divergences ou des décalages entre les observations et recommandations formulées par le conseil scientifique et les décisions prises par le gouvernement.
Au cours d’une de ses réponses, le professeur Delfraissy a notamment critiqué le décret controversé du 29 août, restreignant les populations éligibles au chômage partiel. Revenant sur une définition assez large en vigueur depuis le 5 mai, le texte a en effet réduit la liste des personnes vulnérables au Covid-19 (susceptibles de développer des formes à cause de comorbidités), les excluant ainsi du dispositif de chômage partiel en cas d’impossibilité de télétravail.
Une sénatrice met en avant une « totale contradiction »
Le nouveau décret ne fait par exemple plus mention des personnes ayant des antécédents cardiaques comme des infarctus, de l’asthme ou encore du diabète en dessous de 65 ans. « Vous avez recommandé une protection par rapport à un certain nombre de personnes fragiles et notamment face à certaines pathologies. Est-ce vous ne trouvez pas que ça rentre en totale contradiction avec le décret qui a été pris », a ainsi demandé la sénatrice (communiste) Laurence Cohen.
« Oui, il y a quelque chose qui est un peu incohérent et que nous avons signalé d’ailleurs aux autorités de santé », a répondu Jean-François Delfraissy. Le scientifique a poursuivi en ajoutant que ce décret « tombait très mal, compte tenu d’une certaine forme de reprise de l’épidémie ».