Portrait: l’ancien sénateur et capitaine d’industrie Serge Dassault est décédé
Sénateur LR de 2004 à 2017, l’industriel Serge Dassault est décédé à l’âge de 93 ans d’une défaillance cardiaque. Portrait. Retrouvez sa dernière interview en 2016 dans Territoires d'infos
C’est à 79 ans, le 26 septembre 2004, que Serge Dassault faisait pour la première fois son entrée au Sénat. Élu sous l’étiquette UMP, à l’époque maire de Corbeil-Essonnes et l’une des plus grandes fortunes de France, il restera 13 ans à la Haute assemblée. Ses deux mandats auront été marqués par la défense du monde de l’entreprise et par ses déboires judiciaires. Père de 4 enfants, dont le député LR de l’Oise, Olivier Dassault, il est décédé ce lundi à l’âge de 93 ans.
Patron sur le tard
Pendant plus de dix ans, son Renault Espace équipé spécialement pour son grand âge, l’a déposé devant le perron du Sénat. Milliardaire, à la tête de Dassault Aviation, fleuron de l’industrie française dans le domaine de l’aéronautique et de l’armement, il succède sur le tard (62 ans) à son père, mort en 1986 à l’âge de 94 ans. Serge Dassault aura attendu également longtemps avant d’être élu au Parlement. Il échoue aux législatives de 1978 et 1981 mais gagne la mairie de Corbeil-Essonnes en 1995. Quelques semaines avant son élection au Sénat, il prend également la tête de Socpresse, (le Figaro, L’express, l’Étudiant…). C’est à ce titre, qu’en 2012, il provoque l’embarras du ministre de l’Intérieur socialiste, Manuel Valls en lui apportant son soutien et celui de son journal, le Figaro. (vidéo).
« Garde à vue »
Serge Dassault, c’était un franc parlé. Un soir de 2014, alors qu’un projet de loi relatif au droit à l'information dans le cadre des procédures pénales est examiné dans l’hémicycle, Serge Dassault prend la parole. « Je voudrais simplement vous signaler que je suis le seul ici à avoir subi une garde à vue pendant deux jours » (vidéo). Son immunité parlementaire avait finalement été levée par le bureau du Sénat suite à la troisième demande des juges qui enquêtaient sur un système d’achat de voix dans la ville de Corbeil-Essonnes pour les municipales. Réélu à la mairie de Corbeil en 2008, le scrutin avait été annulé un an plus tard par le conseil d’État, pour « don d’argent ».
Dassault raconte sa garde à vue dans l’hémicycle et clame son innocence.
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Atteint par la limite d’âge en 2000, Serge Dassault quitte la présidence du groupe fondé par son père pour en devenir président d’honneur. Ces dernières années, l’avion de combat emblématique du groupe, le Rafale, remporte plusieurs contrats en Égypte, au Qatar ou en Inde. « François Hollande et le ministre de la défense (Jean-Yves le Drian) sont excellents pour la vente de nos avions » jugeait-il en 2016.
« Il faut supprimer le CDI »
Polytechnicien, diplômé de l’École nationale supérieure de l’aéronautique, il entendait faire partager son expérience à la commission des finances du Sénat, dont il est élu vice-président en 2010. Lors de l’examen de la loi Travail en 2016, il défendra la réforme du gouvernement socialiste et fustigera les blocages synonymes selon lui, « d’atteinte à la liberté du travail ». « Le port du Havre est paralysé par ces abrutis » (…) La CGT doit être mise hors d’état de nuire » lâchait-il au micro de Public Sénat.
Loi Travail : pour Serge Dassault, « la CGT doit être mise hors d’état de nuire »
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À cette époque, le 22 janvier 2016, le sénateur LR qualifiait même le patron du Medef, Pierre Gattaz de « ramollo ». « Le problème, c’est le CDI. Il faut supprimer le CDI » arguait-il. Son point de vue sur le modèle social ? « Il faut y toucher, ça ne marche pas du tout. Ce n’est pas un modèle, c’est une catastrophe » estimait-il. Et quant au futur chef de l’État, Emmanuel Macron, Serge Dassault lui dressait des louanges. « J’aime bien Macron. Quand il dit que les chefs d’entreprise ont plus de soucis que les salariés, c’est vrai. ». L’année dernière, le capitaine d’industrie avait même contacté Jean-Paul Delevoye, président de la commission d’investiture d’En Marche, pour briguer un troisième mandat sous l’étiquette LAREM. (Retrouvez l'intégralité de l'interview en haut à droite de l'article)
Dassault tacle Pierre Gattaz, « patron de rien du tout » et encense Macron et Le Drian
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À 92 ans, doyen du Sénat, il renoncera finalement à se présenter devant les grands électeurs. Condamné en février 2017 pour avoir caché à l’administration fiscale des comptes à l’étranger, il avait fait appel ce qui lui avait permis de conserver son siège jusqu’à la fin de ce mandat. Son procès en appel devait commencer la semaine prochaine.
Sous la pression de la droite et du RN, la publication du décret de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) a été repoussée « à la fin de l’été » par François Bayrou. Un délai qui n’épuise pas les questions qui restent autour de cette révision de la stratégie qui doit permettre à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
La ministre des Comptes publics annonce « la fusion ou la suppression » d’un tiers des agences et opérateurs de l'Etat, dans un contexte de réduction de la dépense publique. Mais le niveau d’économies ainsi espéré laisse dubitatifs les membres de la commission d’enquête que le Sénat a ouvert sur ce sujet, devenu un marronnier de la simplification administrative. Derrière la rationalisation des moyens, les élus suspectent le détricotage de certaines politiques publiques.
Après la relaxe de 5 boulangers par le tribunal de police de La Roche-sur-Yon qui avaient été verbalisés après avoir ouvert le 1er mai 2024, les sénateurs centristes ont déposé, avec l’appui du gouvernement, une proposition de loi pour permettre à certains salariés de travailler le jour de la fête du Travail.
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