Postes vacants, turn-over… À l’hôpital, « il faut du temps aux soignants pour faire de la qualité », insiste la présidente de la HAS

Postes vacants, turn-over… À l’hôpital, « il faut du temps aux soignants pour faire de la qualité », insiste la présidente de la HAS

Dominique Le Guludec, la présidente de la Haute autorité de santé, était auditionnée jeudi par les membres de la commission d’enquête du Sénat sur « la situation de l’hôpital et le système de santé en France ». Devant les élus, elle a souligné la nécessité de combler le déficit en personnel pour maintenir une offre de soins de qualité.
Romain David

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Le désarroi qui traverse l’hôpital public, et plus largement le secteur de la santé, a été exacerbé par la crise sanitaire et la surcharge supportée par de nombreux services. Depuis le mois de décembre, la commission d’enquête du Sénat sur « la situation de l’hôpital et le système de santé en France » tente d’identifier les origines de ce malaise. Audition après audition, les professionnels soulignent le décalage entre l’exigence de soins et les efforts demandés à l’hôpital, en termes d’optimisation des moyens et d’économies. Jeudi après-midi, c’est la charge administrative supportée par les soignants qui était au cœur des discussions, avec l’audition de Dominique Le Guludec, la présidente de la Haute autorité de santé (HAS).

Cet organisme, fondé en 2005, est notamment chargé de veiller à la préservation du financement du système de santé. Il produit de nombreux outils à destination des professionnels, en l’occurrence des recommandations et des guides quant aux différentes étapes du parcours de santé selon les pathologies, mais aussi des indicateurs de qualité des soins prodigués par les hôpitaux. « Il y a un lien établi entre le niveau de personnel d’un établissement et la qualité des soins. Ceci est extrêmement important pour le travail en équipe, qui est l’un des principaux leviers de l’amélioration de la qualité au sein d’un établissement », explique Dominique Le Guludec.

L’importance des procédures administratives

Les éléments qui permettent d’établir ces indicateurs de qualité sont recueillis via les dossiers des patients. Or, le temps passé à renseigner ces différents documents grignote inexorablement le temps accordé aux soins. « Comment concilier un haut niveau de qualité des soins, de temps disponible aux patients, avec cette traçabilité ? », interroge Bernard Jomier, le président de la commission. En clair : comment réduire les procédures administratives pour renforcer le temps dévolu aux malades ?

« Nous cherchons des solutions pour avoir des indicateurs sans demander du manpower, du temps », indique Dominique Le Guludec. « Mais aujourd’hui, cela n’existe pas. Il faut appeler un chat, un chat. Il faut construire les outils, qu’on aura dans trois ou cinq ans. Mais aujourd’hui, ces outils sont dans les dossiers des patients, sinon il n’y a pas d’indicateurs de qualité. Il y a un financement à la qualité qui est important, car il est incitatif pour les établissements à faire de la qualité », argue la présidente de la HAS.

D’autant que le critère qualitatif constitue aussi un garde-fou à une tentation rationaliste. « Il faut travailler sur la pertinence des soins, mais veiller à ce que les mécanismes de financement ne soient pas contre incitatifs ». Ainsi, une diminution du tarif des séjours pourrait pousser la gouvernance d’un hôpital à se préoccuper en priorité d’augmenter son activité. « Le dialogue entre la gouvernance et les équipes se fera, dès lors, au niveau de l’activité et non plus de la qualité », avertit Dominique Le Guludec. « On ne peut pas avoir des incitations contradictoires : d’un côté exiger de la pertinence et de l’autre imposer une augmentation d’activité pour conserver ses moyens. »

» Lire notre article - Hôpital public : la Cour des comptes préconise « un système plus resserré » dans l’offre de soins

« Il y a vraiment un travail à faire pour l’attractivité de l’hôpital »

« Est-ce qu’il ne faut pas dire clairement qu’il faut augmenter le nombre de soignants ? », renchérit Bernard Jomier. « Je ne sais pas s’il faudrait augmenter les postes de soignants, mais il faudrait déjà remplir ceux qui sont vacants et stopper la fuite en personnel paramédical et en personnel médical », lui répond Dominique Le Guludec. « Une chose est claire : il faut du temps disponible pour faire de la qualité, des équipes complètes, un turn-over qui ne soit pas extravagant. » Elle évoque ainsi la nécessité d’un « plan d’attractivité de l’hôpital ». Et de conclure : « Je ne suis pas candidate à la présidence de la République, mais je pense qu’il y a vraiment un travail à faire de ce côté-là. »

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