Le grand raout des maires de France le laisse plutôt indifférent. Invité mercredi 17 novembre de « Bonjour chez vous » sur Public Sénat, Christian Estrosi, le maire de Nice, a tenu à prendre ses distances avec le congrès annuel de l’AMF, qui s’est ouvert lundi à Paris. « L’AMF était encore, il y a quelques années, un lieu de dépassement qui devait défendre les territoires de France. Petit à petit, elle s’est transformée en une espèce de syndicat d’opposition à tout, plutôt qu’un lieu de propositions qui pèsent dans le débat national », a-t-il regretté.
« Il y a une désaffection du congrès cette année, avec quatre à cinq fois moins de participants », note d’ailleurs Christian Estrosi. « Les maires ont préféré rester chez eux ».
La taxe de toutes les discordes
Point de rupture entre l’édile niçois et l’association : la suppression de la taxe d’habitation décidée par le président de la République. Alors que nombre d’élus locaux ont estimé que la fin de cet impôt les privait d’une certaine autonomie financière, celui qui a quitté LR pour afficher son soutien à Emmanuel Macron, dans l’hypothèse d’une candidature à la présidentielle, salue au contraire une mesure de justice fiscale. « Sous le mandat d’Emmanuel Macron, personne ne peut le contester, il y a eu un gain de pouvoir d’achat pour 95 % des Français, puisqu’il a augmenté en moyenne de 1,6 %. C’est passé notamment par la fin de la taxe d’habitation, qui a supprimé 19 milliards d’euros sur ce que payaient les Français pour se loger », salue Christian Estrosi.
« Comment un maire peut-il dire, et c’est ce que je reproche à l’AMF : je ne veux pas que l’on fasse gagner du pouvoir d’achat à mes administrés en supprimant la taxe d’habitation ? Pour moi, c’est incompréhensible », tacle le président de la métropole Nice Côte d’Azur.
« Ce qui compte, ça n’est pas tant celui qui sera élu, que ce que l’on fera de l’AMF »
Le principal enjeu de ce 103e congrès des maires : l’élection du successeur de François Baroin, qui a choisi de laisser sa place à la tête de l’association. Alors que deux listes s’affrontent, Christian Estrosi a pris parti pour celle de Philippe Laurent, le maire UDI de Sceaux, à qui certains reprochent d’être soutenu par la Macronie, face à celle du maire LR de Cannes, David Lisnard, adoubé par François Baroin. « Il y a eu une part de maladresse de François Baroin d‘annoncer brutalement qu’il avait un successeur autodésigné en David Lisnard », regrette Christian Estrosi pour qui « ce qui compte, ça n’est pas tant celui qui sera élu, que ce que l’on fera de l’AMF. »
Par ailleurs, le Niçois sera reçu mercredi soir à l’Elysée avec une importante délégation de maires. Comme beaucoup d’élus locaux, il espère des annonces autour de la décentralisation. « La loi 3DS ne répond pas aux attentes qui étaient les nôtres », explique Christian Estrosi, qui milite pour « un partage de compétences entre les agences régionales de santé et les maires, une décentralisation de Pôle emploi, une codirection entre les maires, les préfets et les présidents d’intercommunalité sur les questions de sécurité. »