Pour Éric Woerth, « un jour on travaillera jusqu’à 65 ans, sinon il n’y a plus de régime des retraites »
Invité de notre matinale, Éric Woerth est revenu sur la réforme des retraites proposée par Emmanuel Macron. Ce soutien du président sortant, particulièrement attaché à cette réforme, estime qu’Emmanuel Macron n’a pas reculé sur le sujet, mais explique simplement sa réforme pour éviter toute « brutalité. »

Pour Éric Woerth, « un jour on travaillera jusqu’à 65 ans, sinon il n’y a plus de régime des retraites »

Invité de notre matinale, Éric Woerth est revenu sur la réforme des retraites proposée par Emmanuel Macron. Ce soutien du président sortant, particulièrement attaché à cette réforme, estime qu’Emmanuel Macron n’a pas reculé sur le sujet, mais explique simplement sa réforme pour éviter toute « brutalité. »
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La réforme des retraites rythme la campagne d’entre-deux-tours et, alors qu’Emmanuel Macron a envisagé un décalage de la montée en charge de l’âge légal ou de faire valider sa future réforme des retraites par référendum, difficile pour son aile droite de s’y retrouver. En particulier pour Éric Woerth, père de la réforme des retraites menée par Nicolas Sarkozy il y a 12 ans, qui continue de défendre l’argumentaire d’abord présenté par Emmanuel Macron sur le fond. « On a un régime par répartition, on vit plus longtemps et en bonne santé, contrairement à ce que racontent les polémiques. Globalement, en moyenne, on vit en bonne santé un peu plus longtemps », explique-t-il ainsi, en référence aux propos qu’il avait tenus sur notre antenne, prétendant « qu’à 65 ans, souvent on est en pleine forme. »

« On ne peut pas avoir de la brutalité, il faut expliquer aux gens »

Éric Woerth n’en démord pas, « un jour on travaillera jusqu’à 65 ans, sinon il n’y a plus de régime des retraites. » D’après lui, la survie du régime par répartition est en jeu puisqu’à « 10 milliards d’euros de déficit aujourd’hui », « et cela va augmenter. » Le rapport du Conseil d’Orientation des Retraites de juin dernier précise pourtant que – selon les scénarios de gains de productivité – le solde budgétaire du système par répartition serait, à législation constante, compris entre -0,1 % et +1,4 % à horizon 2070, la « forte dégradation du déficit » étant « de nature essentiellement conjoncturelle. » Qu’à cela ne tienne, « c’est un engagement très fort du Président de la République », nécessaire à la « justice entre générations » : « On ne peut pas laisser à nos enfants des dettes qu’ils n’ont pas à payer », ajoute Éric Woerth.

Mais alors, comment ce soutien du Président de la République, venu « de la droite gaulliste et libérale » interprète-t-il les concessions qu’Emmanuel Macron commence à faire sur le sujet ? « Ce n’est pas un recul », affirme-t-il d’emblée. « Vous pouvez tenir compte du premier tour et faire en sorte que cette réforme au cœur de notre modèle social soit bien comprise. On ne peut pas avoir de la brutalité, il faut expliquer aux gens. » Et Éric Woerth de tenter « d’expliquer » les détails de cette réforme pas encore totalement fixés : « Si l’on est à 65 ans en 2030 ou 2031, c’est bien au-delà du mandat d’Emmanuel Macron. À la fin de son mandat, on sera à 63-64 ans. C’est une augmentation très progressive. Ensuite au Président qui arrivera [en 2027] de faire le point, de voir si la pénibilité fonctionne pour que les gens usés puissent partir plus tôt. » C’est la fameuse « clause de revoyure » : en gros élire Emmanuel Macron équivaudrait à repousser l’âge légal, non pas à 65 ans, mais seulement à 63 ou 64 ans, puisque ce sera l’âge légal atteint à la fin de son mandat, ce qui serait rediscuté à ce moment-là.

« Mme Le Pen a toujours une réforme des retraites de retard »

Mais si cette réforme est nécessaire, comment envisager un référendum qui pourrait se révéler négatif et empêcher Emmanuel Macron de la mettre en place dans un éventuel nouveau quinquennat ? « Aller au bout cela veut dire présenter jusqu’au bout les éléments qui permettent la décision par le Parlement. » Ou par référendum ? « Pourquoi pas », concède Éric Woerth.

En tout cas, la réforme des retraites proposée par Marine Le Pen ne serait pas une solution pour le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale : « Mme Le Pen a toujours une réforme des retraites de retard. Pourtant c’est l’argent des Français que l’on gère, c’est difficile. J’ai rencontré Mme Le Pen quand j’ai fait la réforme des retraites [en 2012], elle ne savait même pas ce qu’était le régime par répartition. On ne peut pas se payer le luxe d’une présidence basée sur la démagogie. »

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris Saint-Germain V AJ Auxerre – Ligue 1
4min

Politique

Nicolas Sarkozy : ses proches appellent à un rassemblement avant son incarcération

À la veille de son incarcération à la prison de la Santé, à Paris, Nicolas Sarkozy pourra compter sur le soutien de ses proches et de nombreux sympathisants. Deux de ses fils ont appelé à un rassemblement mardi matin, pour témoigner d’un « geste de soutien » envers l’ancien président de la République.

Le

General policy speech by Prime Minister at Senate
5min

Politique

Budget : comment la procédure de la « lettre rectificative » pourrait « acter la suspension de la réforme des retraites »

Alors que le gouvernement envisage de suspendre la réforme des retraites par voie d’amendement, le gouvernement pourrait également modifier le projet de loi de financement de la sécurité sociale afin de garantir la suspension de la réforme de 2023, même si le Parlement ne parvient pas à examiner le texte dans les délais fixés par la Constitution.

Le

Pour Éric Woerth, « un jour on travaillera jusqu’à 65 ans, sinon il n’y a plus de régime des retraites »
4min

Politique

En vidéo - Gilbert Bouchet : le combat d’une vie contre la maladie de Charcot

Le sénateur de la Drôme, Gilbert Bouchet, s’est éteint ce lundi 20 octobre, des suites de la sclérose latérale amyotrophique (SLA), plus connue sous le nom de maladie de Charcot. Diagnostiqué il y a deux ans, il avait fait de son combat contre cette maladie rare et incurable une cause nationale. En avril 2025, les caméras de Public Sénat l’avaient suivi.

Le

Pour Éric Woerth, « un jour on travaillera jusqu’à 65 ans, sinon il n’y a plus de régime des retraites »
3min

Politique

Décès de Gilbert Bouchet : que prévoit sa loi sur la maladie de Charcot ?

Le sénateur Les Républicains de la Drôme, Gilbert Bouchet, est décédé ce lundi 20 octobre à l’âge de 78 ans, des suites de la maladie de Charcot. Quelques mois avant sa disparition, il avait vu sa proposition de loi pour améliorer la prise en charge des maladies évolutives graves définitivement adoptée par le Parlement, en février dernier.

Le