François Hollande a estimé jeudi sur RTL que le Parti socialiste avait "un avenir", le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon ne pouvant à ses yeux prétendre incarner la gauche.
"Le parti socialiste, s'il veut être une force de gouvernement, a un avenir. Après il verra les choix qu'il peut faire aux élections, mais il a un avenir, parce que la social-démocratie européenne a un avenir", a déclaré l'ancien chef de l’État, au cours de sa première grande interview depuis son départ de l’Élysée.
Interrogé sur les prétendants au poste de premier secrétaire, M. Hollande n'a pas souhaité "faire un palmarès", mais a souhaité leur délivrer un conseil: "Ils doivent être sur une ligne qui doit être crédible sur le plan économique. Qui doit mettre la justice et la lutte contre les inégalité au premier rang. Et qui doit être ouverte à la construction européenne, parce que la France a un rôle majeur à jouer dans cette période. Et enfin ils doivent avoir vis-à-vis du monde une volonté de régulation, l'écologie étant une de ses dimensions", a-t-il expliqué.
La gauche est-elle incarnée aujourd'hui par Jean-Luc Mélenchon ? "Vous vous trompez", a répondu M. Hollande.
Alors que Jean-Luc Mélenchon avait pendant la campagne "entraîné, mobilisé, notamment la jeunesse", et qu'il "pouvait jouer un rôle de rassemblement", il "s'est installé dans le rôle de convocation de manifestations qui ont été autant d'échecs que d'objectifs qui avaient été de manière présomptueuse annoncés".
"Il devait y avoir 1,5 million (de manifestants) sur les Champs-Elysées, vous les avez vus vous ? (...) Cette stratégie qui a consisté à vouloir s'opposer par la rue a été finalement une bénédiction pour le gouvernement et le président (...). Je pense qu'avec un opposant comme celui-là les pouvoirs ont de beaux jours devant eux", a raillé l'ex-président.
"Le rôle d'une opposition crédible, d'une opposition de gauche c'est de formuler des propositions, c'est de montrer ce qui est bien dans l'action gouvernementale et ce qui peut être critiqué. C'est d'avoir une capacité à former une alternative. Et puis c'est aussi de pouvoir fixer des lignes claires, l'Europe en est une", a poursuivi M. Hollande.
L'ancien chef de l’État s'est notamment dit "très frappé par une déclaration de Jean-Luc Mélenchon sur +l'indépendantisme+, qui n'est rien d'autre en définitive qu'une volonté de sortir de la zone euro". Dans Les Échos mardi, le leader de La France insoumise s'est défini comme "un indépendantiste français" plutôt qu'un souverainiste.
Interrogé sur son discours du Bourget de 2012, M. Hollande a dit qu'il le prononcerait aujourd'hui "de la même manière". "Je pense que la finance prédatrice, spéculative reste un danger pour le monde. Le creusement des inégalités que nous voyons. le fait qu'une partie de la richesse soit captée, capturée même par une toute petite minorité de privilégiés (...) est un risque pour la stabilité du monde", a-t-il estimé.
Louant l'action de son gouvernement pour une juste imposition des multinationales, il a estimé qu'il y avait "encore beaucoup à faire quand on voit l'optimisation fiscale d'un certain nombre de groupes". "Je suis de gauche et j'ai fait une politique de gauche", a-t-il revendiqué.
Le retrouvera-t-on en 2022 ? "On me retrouvera avant 2022 pour déterminer les choix qui me paraîtront les meilleurs et avec le grand respect que j'accorde au président de la République et à sa politique, parce que je considère que la France doit réussir", a-t-il répondu.