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Pour la seconde fois, Patrick Balkany demande sa mise en liberté
Par Sofia BOUDERBALA
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"On n'a plus un rond" et "aucune intention de fuir": pour la deuxième fois en quinze jours, Patrick Balkany est venu mardi demander sa mise en liberté devant la cour d'appel de Paris, après sa condamnation dans le volet blanchiment de son procès.
Le maire LR de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), détenu à la prison parisienne de la Santé depuis le 13 septembre, sera fixé mercredi prochain.
Il est apparu la mine chiffonnée dans le box des prévenus, semblant flotter dans sa chemise grise. "Bien entendu, je me tiens à la disposition de la justice pour le procès en appel", a-t-il assuré au président, ajoutant qu'il souffrait "beaucoup" et ne souhaitait qu'une chose : sortir de prison pour être auprès de son épouse et première adjointe, Isabelle.
La cour d'appel de Paris a fait droit fin octobre à la première des deux demandes de mise en liberté formées par l'ancien député, condamné à quatre ans de prison pour fraude fiscale avec incarcération immédiate en septembre, puis à cinq ans de prison pour blanchiment aggravé avec un nouveau mandat de dépôt le 18 octobre.
Pour chacune de ses condamnations, Patrick Balkany, 71 ans, a déposé une demande de libération. Pour qu'il sorte de prison avant ses procès en appel, les juges doivent aussi accepter la seconde requête. Les deux affaires étant très liées, la première décision devrait toutefois donner le ton de la deuxième.
La cour d'appel avait considéré "fondée" la demande de l'élu et ordonné son placement sous contrôle judiciaire, avec plusieurs obligations : ne pas sortir du territoire, ne pas se rendre à Paris et plusieurs départements alentours - dont son département des Hauts-de-Seine -, mais aussi fixer sa résidence à Giverny (Eure), pointer une fois par semaine à la gendarmerie, remettre son passeport. Ceci "sous réserve" du paiement d'un cautionnement de 500.000 euros.
"De toutes façons, Giverny c'est ma résidence habituelle", commente Patrick Balkany, haussant les épaules. Et le passeport ? "Je l'ai retrouvé dans le dossier, mais il est périmé depuis juin 2019", relève le président François Reygrobellet. "Ben ça ne m'étonne pas", rétorque l'élu.
- "Libération sèche" -
Le président veut savoir comment Patrick Balkany "se situe" par rapport à sa condamnation pour blanchiment de fraude fiscale, à "toutes ces sociétés à l'étranger...". Le baron des Hauts-de-Seine retrouve un peu de sa superbe pour raconter, encore une fois, l'argent hérité de son père rescapé d'Auschwitz et placé en Suisse, sans vraiment répondre.
"Vous contestez tout", concernant aussi bien le blanchiment, pour lequel le maire a été condamné à 5 ans de prison et dix ans d'inéligibilité, que la corruption passive, pour laquelle il a été relaxé, résume le président, soucieux de ne rien oublier.
L'accusation s'est une nouvelle fois opposée à sa mise en liberté, arguant à nouveau d'un "risque de fuite possible, probable, prévisible" et jugeant "important de garantir sa représentation au procès en appel", dont la date n'est pas encore connue pour le volet blanchiment - l'appel du volet fraude fiscale est lui fixé au 11 décembre.
L'avocat de Patrick Balkany s'est emporté contre le traitement "absolument exceptionnel" réservé à son client. "Il n'a aucune raison de fuir. Qu'est-ce qu'il va faire ? Partir en cavale tout seul à 71 ans, pendant que Mme Balkany reste tranquillement à la maison ?", a grondé Me Eric Dupond-Moretti, plaidant pour une "justice apaisée" en appel, avec "des peines normales".
Reprenant la parole après son conseil, Patrick Balkany a renchéri : "500.000 euros à trouver, c'est très difficile", a-t-il dit, égrenant l'ensemble des biens et avoirs familiaux saisis. "Je crains que malgré la brillante plaidoirie de mon avocat, je sois obligé de rester au trou, car je ne vois pas comment réunir cet argent".
Compte tenu des conditions "sévères" de son contrôle judiciaire, Me Dupond-Moretti a donc plaidé pour une "libération sèche".
Dans la soirée, Isabelle Balkany a de son côté annoncé sur BFMTV que des habitants de Levallois avaient lancé un appel aux dons pour aider son époux à payer sa caution et avaient, dans ce but, déposé lundi les statuts d'une association à la préfecture. "Nous attendons le récépissé" autorisant la création, a-t-elle expliqué.