Ce pays de 2,4 millions d’habitants, anciennement communiste, voit son Premier ministre rempiler pour un quatrième mandat après 10 ans au pouvoir. Réélu le 11 mai dernier, Edi Rama a fait campagne sur le thème de l’intégration à l’Union européenne, qu’il espère pour 2030.
« L’Albanie est européanisée et l’Europe est balkanisée »
Est-ce que cette promesse d’adhésion à l’UE à l’horizon 2030, un des principaux thèmes de sa campagne, a permis de l’emporter sur la droite ? « C’est un pays assez optimiste. Dans tous les baromètres de l’Union européenne, les Albanais sont toujours à la première place sur la question de l’Europe. Ils aiment l’Europe, ils veulent l’Europe. L’histoire nous a donné tout ce qu’il fallait pour comprendre qu’il n’y a rien de mieux que l’UE. Pour nous, c’est un espace de paix et de sécurité avant tout. Les nouvelles générations de l’Europe elles-mêmes ont perdu ce sens, et ont perdu les liens avec l’Histoire qui pour nous sont encore très forts ».
Avec 83 sièges sur 140, le parti socialiste albanais d’Edi Rama détient la majorité au Parlement, avec une campagne tendue entre gauche et droite : « Il y a des interprétations différentes que l’on peut faire. Moi je trouve que c’est plus violent en France où il y a eu une fracture ces dernières années dans la société et dans la politique. C’est plus violent au Royaume-Uni, par exemple. (…) L’Albanie était seule il y a 20 ans, elle n’est plus seule. Nous on est européanisé et l’Europe est plus balkanisée. »
Une influence russe dans les Balkans ?
Interrogé sur l’influence de Vladimir Poutine dans les Balkans, le Premier ministre albanais tempère : « Ce sont les stéréotypes occidentaux faciles. Ce n’est pas comme ça. (…) La Serbie est entre l’Europe et la Russie. En Albanie ou au Monténégro, ce n’est pas la même chose. Nous en Albanie, ce n’est rien. La popularité de Vladimir Poutine est entre 1,5 et 2,2%, au Monténégro, peut-être un peu plus, mais ce n’est pas une région où la Russie a une influence énorme », selon Edi Rama.
Un accord bilatéral avec l’Italie controversé
Enfin, questionné sur l’accord bilatéral sur l’immigration signé entre l’Albanie et l’Italie, et dénoncé par certaines ONG, et qui prévoit d’externaliser la demande d’asile sur le territoire albanais, Edi Rama botte en touche : « Ce ne sont pas nos centres, ce n’est pas notre projet, ce n’est pas à moi de répondre, on a seulement donné à l’Italie, qui est un pays très spécial, avec qui on a un rapport complétement particulier, la juridiction sur un terrain. Juridiquement, ce sont des terrains italiens et tout ce qui est lié à la gestion de ces centres, c’est la responsabilité de l’Italie », estime t-il.