Les marchés financiers, à commencer par la Bourse de Paris, ont salué lundi par de fortes hausses le premier tour de l'élection présidentielle française, l'indice phare parisien atteignant même en séance son plus haut niveau depuis janvier 2008.
"La Bourse considère que l'hypothèque politique est levée. La prime de risque qui pesait sur les actions diminue", a dit à l'AFP Daniel Larrouturou, directeur général délégué de Diamant Bleu Gestion.
Le candidat pro-européen Emmanuel Macron, qui a remporté 24,01% des suffrages, part favori dans la bataille pour le second tour, le 7 mai, face à la dirigeante d'extrême droite anti-mondialisation Marine Le Pen, qui a réuni 21,30% des voix.
"Le soulagement est à la mesure de l'inquiétude que représentait pour les marchés l'hypothèse d'un second tour entre deux candidats anti-euro, avec par ailleurs des programmes de dépenses publiques très importantes dont on ne savait pas comment ils seraient financés", a poursuivi M. Larrouturou.
"Après le Brexit et l'élection de Donald Trump, la surprise du premier tour de l'élection française est... l'absence de surprise!" alors que la qualification d'Emmanuel Macron face à Marine Le Pen était "en effet pronostiquée depuis des semaines par les principaux instituts de sondage", ont relevé de leur côté les analystes de Natixis.
A la clôture, la Bourse de Paris a fini sur une hausse de 4,14% après avoir atteint en cours de séance 5.295,20 points, un plus haut depuis le 15 janvier 2008, juste avant la crise financière de l'été suivant.
L'indice vedette de la Bourse de Francfort, le Dax, a terminé sur un nouveau record de 12.454,98 points, grâce à un gain de 3,37%, la Bourse de Madrid progressant de 3,76%.
Celle de Milan a quant à elle fini sur un bond de 4,77% tandis que Londres a été portée par l'effet Macron, avec une progression de 2,11%.
Ce sont les valeurs bancaires qui ont le plus profité du soulagement ambiant. BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Natixis s'adjugeant plus de 7% sur la journée. La britannique Barclays, l'italienne Unicredit ou encore l'allemande Deutsche Bank ont elles aussi connu de fortes progressions.
- La dette française se détend -
Sur le marché obligataire, le taux d'emprunt français à 10 ans s'est nettement détendu à 0,831% après être descendu au début des échanges jusqu'à 0,825%, son plus bas niveau depuis mi-janvier.
Plus significatif, l'écart de taux avec le Bund allemand à même échéance, qui sert de référence, s'est nettement rétréci, passant sous les 50 points de base, contre 67 points le 21 avril, signe de l'attrait retrouvé pour la dette française.
Avant les ouvertures européennes, l'Asie avait donné le tempo, Tokyo finissant en progression de 1,37%, tandis que les autres places de la région étaient aussi dans le vert.
Wall Street a profité de la tendance haussière. A la fermeture des marchés européens, le Dow Jones gagnait 1,01% et le Nasdaq 1,13%.
L'euro, devenu un enjeu central de l'élection, est monté au début des échanges en Asie jusqu'à 1,0937 dollar, son plus haut niveau depuis novembre 2016, après la victoire de Donald Trump aux États-Unis. Il s'échangeait vers 18H00 (16H00 GMT) autour de 1,0849 dollars.
Pour les investisseurs, les jeux semblaient déjà faits: "ils considèrent pour acquis le fait qu'Emmanuel Macron, 39 ans, deviendra le prochain président de la République dans deux semaines", a affirmé dans une note Ray Attrill, de la National Australia Bank.
Pour le moment, les sondages créditent en moyenne le candidat d'En Marche! de plus de 60% des suffrages.
"Alors que les marchés célèbrent ce qui ressemble à un important coup dur pour le mouvement populiste, ce serait une erreur pour les hommes politiques de penser que les problèmes de la France sont résolus", a toutefois tempéré Michael Hewson, un analyste de CMC Markets.
"Une fois que l'euphorie aura diminué, la prochaine question devrait se focaliser sur la capacité d'Emmanuel Macron à honorer ses promesses de campagne", a-t-il ajouté.
Désormais ce sont les élections législatives des 11 et 18 juin que les marchés ont en ligne de mire.
"La question se posera (...) sur du plus long terme d'avoir la capacité pour Emmanuel Macron de regrouper une majorité parlementaire stable autour de lui", préviennent les analystes de Saxo Banque.