Près de 500 classes et 24 structures scolaires fermées, un taux d’incidence de 281 cas pour 100 000 habitants contre 189 sur le reste du territoire national… A l’image de la région de Dunkerque ou encore des Alpes-Maritimes où se rendra Olivier Véran demain, le département de la Moselle est en proie depuis plusieurs semaines à une flambée épidémique sans précédent.
Même si le nombre de cas est en très légère baisse ces derniers jours, l’Allemagne s’inquiète de voir le virus quasi incontrôlable chez son voisin mosellan, et a, en conséquence, fait savoir qu’elle pourrait envisager de fermer ses frontières avec la France comme lors du premier confinement au printemps 2020.
Une décision catastrophique pour les 50 000 transfrontaliers Français qui travaillent au quotidien Outre-Rhin mais qui pourrait en fait ne jamais voir le jour.
« L’ambassadeur nous a dit que l’Allemagne ne voulait pas fermer les frontières »
L’intention de Berlin de fermer ses frontières, le sénateur PS de Moselle Jean-Marc Todeschini n’y croit en effet pas du tout. « Ce sont vos collègues journalistes qui créent la polémique autour de la fermeture des frontières. C’est un fantasme : nous avons auditionné l’ambassadeur d’Allemagne au Sénat mercredi matin et il nous a assuré que son pays ne fermerait pas les frontières », révèle à Public Sénat l’ancien ministre de François Hollande.
Pour le sénateur mosellan, « les Allemands ont compris les dégâts que cela avait fait de part et d’autre de la frontière lors du premier confinement au printemps dernier ». Selon Jean-Marc Todeschini, une réunion rassemblant des élus des deux pays s’est également tenue hier soir, et le maintien des frontières ouvertes aurait bien été décidé.
Pour les autres sénateurs du département, sans doute moins informés que leur collègue socialiste, fermer les frontières serait en tout cas une grave erreur.
Le sénateur centriste Jean-Marie Mizzon juge en effet « totalement contre-productive aussi bien pour les Mosellans que pour les Allemands » cette éventualité. « Je suis évidemment pour que les frontières avec la Sarre et la Rhénanie Palatinat restent ouvertes car sinon cela va poser d’énormes problèmes d’ordre économiques mais aussi privés pour tous ceux qui font la navette chaque jour. Et puis, je me souviens que lors du premier confinement, cela avait été ensuite très compliqué de convaincre les Allemands de rouvrir. Ils n’avaient rouvert au début que quelques postes frontières et certains Mosellans devaient faire parfois jusqu’à 50 kilomètres supplémentaires pour aller travailler », rappelle Jean-Marie Mizzon.
« Il faut arrêter de paniquer les gens »
Un sentiment partagé par la sénatrice rattachée depuis peu au groupe Union centriste, Christine Herzog.
Pour cette dernière, il faut « arrêter de paniquer les gens, car ce que veulent les Mosellans comme les Allemands, qui sont responsables et qui se protègent le mieux possible, c’est de continuer à travailler ».
« La solution n’est pas de fermer les frontières, la solution c’est de vacciner en priorité les actifs qui transmettent le virus par leurs déplacements, puis les personnels soignants et enfin d’isoler les séniors. Sauf que le gouvernement a opté pour exactement l’inverse », tacle la sénatrice, qui craint que le « traumatisme » vécu des deux côtés de la frontière par les plus anciens durant la guerre « ressurgisse ».
« Olivier Véran nous a pris pour des imbéciles »
Reste à savoir pourquoi la région Grand Est et plus particulièrement la Moselle est davantage touchée que le reste de la France ? Une bonne question à laquelle personne n’a pour le moment de réponse.
« Je ne saurai pas vous répondre, mais il va falloir un jour ou l’autre creuser pour qu’on comprenne pourquoi notre département souffre plus que les autres », lance Christine Herzog.
« Il faut faire des études, car personne ne sait aujourd’hui pourquoi la Moselle est davantage touchée. Elle était déjà le département où il y a eu le plus de morts lors du premier confinement », explique Jean-Marc Todeschini.
Avant d’ajouter : « Olivier Véran nous a pris pour des imbéciles quand il est venu en Moselle en début de semaine. On lui a dit qu’il fallait avancer les vacances scolaires d’une semaine, et il nous a répondu qu’il allait en parler à Paris. Mais comme c’est Emmanuel Macron qui décide de tout, il n’est jamais revenu vers nous et rien n’a été fait en Moselle… »