« Pour l’instant, nous ne savons rien » : après leur rencontre avec Sébastien Lecornu, les socialistes restent sur leur faim

« Il est resté très flou sur ses intentions. Au moment où on se parle, on n’a pas la moindre indication sur ce qu’il ferait », a constaté le numéro 1 du Parti socialiste, Olivier Faure, après sa rencontre à Matignon avec le premier ministre, qui consulte les forces politiques sur le budget.
François Vignal

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Ils ont parlé. Il a écouté. Voilà, à peu de chose près, le résumé du rendez-vous, attendu depuis des jours, entre les responsables du Parti socialiste et Sébastien Lecornu. Le premier ministre continue ce mardi ses consultations avec les forces politiques, entamées la semaine dernière, avec un objectif : tenter de trouver la voie très étroite qui permette à l’exécutif d’adopter un budget. Dans cette équation, trouver un accord de non-censure avec le PS est indispensable pour le locataire de Matignon, s’il veut espérer ne pas battre un record de brièveté à son poste.

Après près de deux heures de rencontre, les socialistes sont ressortis sans réponse à leurs demandes. « A ce stade, nous sommes seulement venus répéter ce que nous disons depuis notre campus de Blois », a expliqué le premier secrétaire du PS, Olivier Faure. Mais « pour l’instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu’il nous dira dans les prochains jours, si nous sommes réinvités à Matignon ».

« Les mesures que nous portons sont plébiscitées »

Les socialistes ont remis sur la table leurs doléances : « La question des retraites, pour en finir avec la réforme Borne, la taxe Zucman, […] un plan de relance de l’investissement, et que les plus modestes puissent voir leur pouvoir d’achat augmenter dès à présent » par une baisse de la CSG, énumère le numéro 1 socialiste.

Pour tenter de convaincre l’ancien ministre des Armées, les socialistes sont venus avec quelques arguments dans leur besace, avec un sondage Ifop, commandé par le PS, qui montre une très large adhésion des Français pour la taxe Zucman (86 %) et même 89 % chez les sympathisants LR et 92 % chez ceux de Renaissance. « Les mesures que nous portons sont plébiscitées », se félicite Olivier Faure. « Une écrasante majorité de Français veulent la justice fiscale, la taxation des très hauts patrimoines », ajoute Boris Vallaud, à la tête du groupe PS de l’Assemblée.

« Ne cherchez pas à comprendre ce qu’il a dit, il n’a rien dit »

Mais pour savoir si le premier ministre est prêt à faire des pas significatifs vers eux, il faudra attendre. Pour l’heure, il ne dévoile pas son jeu. « Il est resté très flou sur ses intentions. Au moment où on se parle, on n’a pas la moindre indication sur ce qu’il ferait », constate Olivier Faure. « Pour l’instant, nous ne savons rien », « il n’a pas donné d’indices clairs sur quelque sujet que ce soit », insiste le député de Seine-et-Marne. Mais il prévient :

 On lui a dit que s’il était là pour refaire Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et que nous censurerions dès l’entrée de son discours de politique générale. 

Olivier Faure, premier secrétaire du PS.

Bref, « ne cherchez pas à comprendre ce qu’il a dit, il n’a rien dit », lance le numéro 1 du PS. « Il a simplement expliqué qu’il consultait, entendait et qu’il voyait bien la nécessité de faire converger les uns et les autres. Mais je crois qu’il a beaucoup de problèmes dans son socle commun et qu’il est tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l’extrême droite », relève juste Olivier Faure, qui glisse qu’ils n’ont « pas parlé que budget. Nous ne voulons pas revoir venir sur la table une loi immigration comme nous avons vu il y a 2 ans ». Cela pourrait pourtant être l’une des demandes des LR pour établir un contrat de gouvernement avec Sébastien Lecornu…

« Maintenant, la balle est dans son camps »

« Nous voulons être respectés et entendus sur les mesures qui vont dans le sens de l’intérêt des Français », ajoute pour sa part Patrick Kanner, président du groupe PS du Sénat, « nous serons dans une opposition constructive, exigeante. Il faut qu’il entende ce message et demain, nous serons avec les Français dans la rue ». « Maintenant, la balle est dans son camps. Nous avons posé des actes », conclut provisoirement Olivier, « nous verrons ce qu’il a à répondre ».

Bref, « ne cherchez pas à comprendre ce qu’il a dit, il n’a rien dit », lance le numéro 1 du PS. « Il a simplement expliqué qu’il consultait, entendait et qu’il voyait bien la nécessité de faire converger les uns et les autres. Mais je crois qu’il a beaucoup de problèmes dans son socle commun et qu’il est tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l’extrême droite », relève juste Olivier Faure, qui glisse qu’ils n’ont « pas parlé que budget. Nous ne voulons pas revoir venir sur la table une loi immigration comme nous avons vu il y a 2 ans ». Cela pourrait pourtant être l’une des demandes des LR pour établir un contrat de gouvernement avec Sébastien Lecornu…

« Maintenant, la balle est dans son camp »

« Nous voulons être respectés et entendus sur les mesures qui vont dans le sens de l’intérêt des Français », ajoute pour sa part Patrick Kanner, président du groupe PS du Sénat, « nous serons dans une opposition constructive, exigeante. Il faut qu’il entende ce message et demain, nous serons avec les Français dans la rue ». « Maintenant, la balle est dans son camp. Nous avons posé des actes », conclut provisoirement Olivier, « nous verrons ce qu’il a à répondre ».

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