Après la Chine en janvier, le président Emmanuel Macron débute vendredi une visite d'Etat en Inde avec l'ambition de renforcer la présence française, encore limitée, dans le deuxième pays le plus peuplé au monde, notamment dans l'énergie, la défense et l'environnement.
Que va faire Macron en Inde ?
Attendu vendredi en fin de journée à New Delhi avec son épouse Brigitte, le chef de l'Etat consacrera le samedi aux relations bilatérales: entretiens avec le Premier ministre Narendra Modi, rencontre économique avec signatures d'accords puis échanges avec 200 jeunes Indiens venus de plusieurs régions.
Le dimanche sera dévolu au premier sommet de l'Alliance solaire internationale (Asi), une coalition issue de la COP21, portée par l'Inde et la France et destinée à promouvoir cette énergie renouvelable dans les pays en développement.
La visite se terminera lundi à Varanasi (Bénarès), la plus prestigieuse des villes saintes de l'hindouisme, sur les bords du Gange sacré.
Quelles sont les priorités de ce voyage ?
Avec 1,25 milliard d'habitants, l'Inde est une étape incontournable pour chefs d'Etat et industriels du monde entier. S'il reste souvent loin de l'eldorado tant fantasmé et présente nombre d'obstacles, son marché offre toutefois un potentiel indéniable.
Partant de loin, les échanges franco-indien restent limités: l'Inde est le 18e client de la France et son 20e fournisseur. Ils sont équilibrés, avec un léger déficit pour Paris.
Mais la tendance est à la hausse, avec un bond de 30% des exportations françaises en 2017, selon l'Elysée.
"Les relations entre la France et l'Inde sont bonnes, dominées par les ventes de matériel militaire. Il y a d'autres domaines stratégiques à explorer comme la sécurité dans la zone indo-Pacifique, le contre-terrorisme, etc.", souligne Brahma Chellaney, professeur au Centre for Policy Research de New Delhi.
Les deux pays devraient signer un accord qui donnera un accès logistique aux navires indiens dans les bases françaises de l'océan Indien, une zone où New Delhi s'inquiète de l'implication grandissante de la Chine.
Au cours de sa visite, Emmanuel Macron "passera beaucoup de temps avec Narendra Modi", avec lequel "s'est nouée une relation de confiance" lors de la visite du Premier ministre à Paris en juin 2017, souligne la présidence française.
Pour quels résultats concrets ?
"Il y aura des annonces" de partenariats et de contrats, indique l'Elysée, sans les dévoiler. Dans le secteur de la défense, les Français ont obtenu plusieurs succès ces dernières années, dont la vente de 36 avions de chasse Rafale. Ils espèrent convaincre les Indiens - premiers importateurs d'armes mondiaux - d'acquérir des Rafale supplémentaires, des hélicoptères Panther d'Airbus, ainsi qu'une nouvelle série de sous-marins Scorpène.
Dans le nucléaire, Paris souhaite avancer sur la construction de six réacteurs nucléaires de nouvelle génération EPR, un projet qui est "en bonne voie", avait déclaré le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian en novembre à New Delhi.
Les entreprises françaises cherchent en outre à profiter des objectifs très ambitieux que s'est fixée l'Inde pour réduire fortement ses émissions de gaz à effet de serre. Accompagné de plusieurs chefs d'entreprises, dont de PME et de start up, Emmanuel Macron inaugurera ainsi lundi la grande centrale solaire de Mirzapur (75 megawatts) construite par Engie via sa filiale Solairedirect.
Y aura-t-il un moment fort ?
L'image la plus glamour devrait être celle, dimanche, du couple Macron devant le célèbre dôme de marbre blanc du Taj Mahal. Dans la soirée, il rencontrera des artistes et des intellectuels de ce pays "où la vie culturelle fait partie de la vie quotidienne", selon Jean-Claude Carrière, l'auteur du "Dictionnaire amoureux de l'Inde" (Plon), invité dans la délégation française.
Emmanuel Macron cherchera à éviter les mésaventures du Premier ministre canadien Justin Trudeau, dont la récente visite en Inde a été ridiculisée sur les réseaux sociaux lorsqu'il est apparu à tout bout de champ, avec femme et enfants, vêtu de tenues traditionnelles indiennes.