Paris n’est pas le centre de l’Europe
Alors que le leitmotiv de refonte de l’Union apparaît dans un grand nombre de programmes, seul Emmanuel Macron, candidat du mouvement « En Marche », considère l’Europe comme un « acquis essentiel » à l’avenir de notre pays. Pour autant, il ne nie pas qu’ « un sentiment de distance s’est développé à l’égard de l’Union européenne ». C’est aussi ce dont témoigne Marc Tarabella, député européen belge et membre du Parti socialiste européen :
« Le projet européen est en panne depuis une dizaine d’années […] Je peux regretter effectivement que l’Europe n’ait pas la place qu’elle mériterait dans le débat français […] La France commet l’erreur que ne commet pas l’Allemagne. En Allemagne, ils savent où est l’intérêt européen : c’est le marché intérieur, le marché international, l’environnement, l’industrie... Mais Paris déconsidère l’Europe. Paris c’est le centralisme parisien […] Paris n’est pas le centre du monde ni le centre de l’Europe ».
La rupture du couple franco-européen?
Mais si la France néglige quelque peu l’Europe, quel regard porte l’Union sur l’hexagone ? Comment se positionne t-elle notamment face à la montée du populisme ?
L’Europe ne s’engage pas assez, déplore David Caretta. Ce journaliste italien et correspondant à Bruxelles de la Radio radicale regrette que Bruxelles ne se positionne pas plus au sujet des élections françaises.
David Caretta illustre cette forme de désengagement par la question épineuse des travailleurs détachés. « On parle en France de plus ou moins 180 000 travailleurs qui viennent d’autres pays. Mais la France est aussi le troisième exportateur». Notons, en effet, que près de 300 000 travailleurs français détachés travaillent aujourd’hui dans toute l’Europe. « On oublie de dire, reprend t-il, que si on a des violations des règles européennes et nationales, ce n’est pas à cause de l’Europe mais à cause de la France qui n’a pas un nombre suffisant d’inspecteurs du travail. […] La responsabilité est celle des Etats membres » conclue-t-il.
Pour autant, de plus en plus nombreuses sont les aspirations à une refonte de l’Union ou à un Frexit. La France, qui connaît une crise des valeurs européennes, peut-elle néanmoins souffrir la montée du populisme et l’élection de Marine Le Pen ? Si Andreas Schwab, député européen allemand et membre du Parti populaire européen, ne croit pas en la victoire du Front National, il admet cependant que « le risque est plus grand que jamais. Dans un monde globalisé, on doit travailler ensemble si on veut faire ce que la France propose et si on veut défendre nos valeurs. La seule chose que l’on puisse faire c’est de travailler ensemble. Seuls on sera perdus ».
Que fera le candidat victorieux ? Choisira t-il de renouveler ses vœux pour la 61ème fois avec l’Europe ?
Retrouvez le débat sur la place de l’Union européenne dans la campagne présidentielle française dans l’émission Europe Hebdo sur Public Sénat vendredi 7 avril à 7h et 11h.