Marine Le Pen, candidate du FN à l'élection présidentielle, a jugé dimanche que la France n'était "pas responsable" de la rafle du Vel d'Hiv en 1942 à Paris, au cours de laquelle plus de 13.000 juifs avaient été arrêtés, "une faute grave" pour Emmanuel Macron.
"Je pense que la France n'est pas responsable du Vel d'Hiv", a répondu au "Grand Jury" RTL-LCI-Le Figaro la présidente du FN, interrogée sur cette rafle et la décision du président Jacques Chirac de reconnaître en juillet 1995 la responsabilité de la France.
"Je pense que de manière générale, plus généralement d'ailleurs, s'il y a des responsables, c'est ceux qui étaient au pouvoir à l'époque, ce n'est pas LA France. Ce n'est pas LA France", a déclaré Marine Le Pen.
"La France a été malmenée dans les esprits depuis des années", a dénoncé la présidente du parti d'extrême droite, candidate à l'élection présidentielle. "En réalité, on a appris à nos enfants qu'ils avaient toutes les raisons de la critiquer, de n'en voir peut-être que les aspects historiques les plus sombres", a-t-elle regretté, ajoutant: "Donc, je veux qu'ils soient à nouveau fiers d'être Français."
Le candidat à la présidentielle d'En Marche! Emmanuel Macron le 7 avril 2017 à Furiani
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"D’aucuns avaient oublié que Marine Le Pen est la fille de Jean-Marie Le Pen", a réagi sur BFMTV Emmanuel Macron. "Il ne faut pas avoir de complaisance ou minimiser ce qu’est le Front national aujourd’hui dans notre pays. Donc c’est une faute grave, ce qu’elle a fait", a-t-il jugé. "Je pense que Jacques Chirac avait justement pris ses responsabilités et eu un geste courageux".
- 'La lignée révisionniste du FN' -
"En niant la responsabilité de l’État français sur le Vel d'Hiv, Marine Le Pen rejoint son père sur le banc de l'indignité et du négationnisme", a réagi sur Twitter Christian Estrosi, président LR de la région Paca. "Hommage à Jacques Chirac, qui, le premier, avait eu le courage de reconnaître que l’État français avait, ce jour-là, commis l'irréparable", a-t-il ajouté.
La candidate du FN s'est défendue dans un communiqué publié dimanche dans la soirée. "Comme Charles De Gaulle, François Mitterrand, ou encore de nos jours Henri Guaino, je considère que la France et la République étaient à Londres pendant l'Occupation et que le régime de Vichy n'était pas la France. C'est une position qui a toujours été défendue par le chef de l'Etat, avant que Jacques Chirac et surtout François Hollande, à tort, ne reviennent dessus", écrit-elle dans ce texte, dans lequel elle qualifie le régime de VIchy de "régime collaborateur et illégal".
L'ancien président de la République Jacques Chirac le 21 novembre 2014 à Paris
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Le Crif et l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) ont également réagi, dans des communiqués séparés, dénonçant "des propos révisionnistes". Pour l''UEJF, "cette déclaration de Marine Le Pen s'inscrit dans la lignée révisionniste du Front national".
"Ses déclarations sont une insulte à la France, qui s'est honorée en 1995 à reconnaître sa responsabilité dans la déportation des juifs de France et faire face à son histoire, sans mémoire sélective", a fustigé le Crif.
"La France, patrie des lumières et des droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable", avait déclaré Jacques Chirac le 16 juillet 1995 au square des Martyrs du Vel d'Hiv, à Paris, présidant les cérémonies du 53e anniversaire de la rafle. "Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l’État français", avait-il ajouté.
Pour la première fois au plus haut sommet de l’État, un président reconnaissait la responsabilité de la France dans les déportations de juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
Il se démarquait clairement de son prédécesseur François Mitterrand qui s'y était toujours refusé, ou encore de Charles de Gaulle. "Je ne ferai pas d'excuses au nom de la France. La République n'a rien à voir avec ça. J'estime que la France n'est pas responsable", avait affirmé l'ancien président socialiste en 1994.
Se plaçant résolument dans les pas de Jacques Chirac, le président François Hollande a reconnu à son tour en 2012 que le crime commis à l'encontre des juifs, lors de la grande rafle du Vel d'Hiv, l'avait été "par la France".
La réunion à l’Elysée n’a pas abouti sur un accord. Mais avec des lignes rouges qui peuvent paraître très éloignées, la sortie de crise semble encore lointaine. Un début de rapprochement émerge cependant sur la méthode, autour du non-recours au 49.3.
Depuis la chute de Bachar Al-Assad, certaines déclarations de responsables politiques conciliant avec le régime dictatorial refont surface. En octobre 2015 par exemple dans l’émission « Preuves par 3 » sur Public Sénat, Jean-Luc Mélenchon estimait que les bombardements russes et syriens faisaient partie d’une guerre nécessaire contre les rebelles.
Reçus par Emmanuel Macron ce mardi, avec d’autres formations politiques à l’exception de LFI et du RN, socialistes et écologistes se sont engagés, s’ils accèdent au pouvoir, à ne pas utiliser le 49.3 à condition que les oppositions renoncent à la motion de censure. « Ça a été repris par Horizons, par le MoDem », a assuré Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS.
À la sortie d’une réunion avec les partis, hors LFI ou RN, le patron des députés de la Droite républicaine insiste à nouveau sur la nécessité d’aboutir à un accord de non-censure pour qu’un gouvernement survive. Il maintient sa ligne rouge : la droite ne veut ni ministres issus de la France insoumise, ni application du programme du Nouveau Front populaire.