Le Premier ministre Edouard Philippe, proche d'Alain Juppé, trouve "beaucoup de correspondances" entre le programme mis en oeuvre par le président Emmanuel Macron et celui que le candidat malheureux à la primaire de la droite souhaitait mettre en oeuvre.
"Je constate qu'il y a beaucoup de correspondances", affirme le chef du gouvernement dans un entretien-fleuve à Society à paraître jeudi.
"Je ne dis pas que c'est le même programme mais il y a en tout cas moins de différences entre le programme défini par Juppé pendant la primaire et celui mis en oeuvre par mon gouvernement qu'il y en a entre le programme de François Fillon et celui soutenu par les Républicains aux législatives", ironise-t-il.
"Je n'ai pas du tout le sentiment d'avoir changé mes idées entre la campagne d'Alain Juppé pour la primaire et aujourd'hui", poursuit l'ancien maire du Havre, un très proche de M. Juppé qui était son porte-parole lors de ce scrutin remporté finalement par François Fillon.
Parmi les "correspondances", il a cité la volonté du maire de Bordeaux notamment de "dédoubler les petites classes", "supprimer l'ISF" ou organiser un "choc d'offre".
Se définissant comme "profondément européen", M. Philippe se dit également dans cet entretien "attaché à la liberté individuelle et collective". "Je ne crois pas en Dieu mais j'ai profondément foi en la liberté", poursuit-t-il, en exprimant sa croyance en "l'autorité de l'Etat".
"En général, quand vous dites cela, vous êtes classés à droite, mais personnellement, je m'en cogne, je me moque de savoir où on me classe", résume-t-il.
Retraçant son enfance "dans un milieu où la gauche socialiste prédominait", il raconte avoir "découvert Michel Rocard" à Science Po. Il a alors fait un bref passage par le parti socialiste. "Mon enthousiasme a vite été douché par ce que j'ai découvert, par la façon dont les luttes de pouvoir se passaient entre Jospin, Fabius, Rocard..."
Souvent taxé d'être en retrait, voire débordé par un président présent sur tous les fronts, l'actuel locataire de Matignon assure enfin ne pas souffrir d'une omniprésence d'Emmanuel Macron. Refusant d'utiliser l'expression "Jupiter", il assure que "ce qui fait que tout se passe bien entre nous, c'est que l'on a la même lecture des institutions". "J'ai l'impression d'être un Premier ministre auprès d'un président qui exerce sa fonction", tranche-t-il.