Pour Philippe Lamberts, « les plaques tectoniques » de la politique économique européenne sont en train de bouger

Pour Philippe Lamberts, « les plaques tectoniques » de la politique économique européenne sont en train de bouger

Début 2018, le ministre des Finances du Portugal, Mario Centeno a pris la tête de l’Eurogroupe. L’élection de ce socialiste, à la présidence d’une assemblée connue pour son orthodoxie budgétaire, détonne. Pour l’eurodéputé belge Philippe Lamberts, invité de l’émission Europe Hebdo cette semaine, cette élection est un signe que « les plaques tectoniques » de la politique économique européenne sont en train de bouger. 
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

À 51 ans, Mario Centeno, le Portugais, succède au Néerlandais Jeroen Dijsselbloem à la tête de l’Eurogroupe. Cette assemblée qui réunit les ministres des finances des pays de la zone euro, est un organe clé en matière de politique monétaire. Les États y décident les orientations monétaires et économiques de l’Union européenne.

Le choix de Mario Centeno, homme de gauche, pour mener l’Eurogroupe pour les deux ans et demi à venir, peut paraître étonnant dans une assemblée où les décisions ont dénoté jusqu’à présent un penchant pour les politiques de rigueur : attachées à la réduction des déficits, plus qu’à favoriser l’investissement.

Philippe Lamberts, coprésident du groupe des verts au Parlement européen, estime en effet que Jeroen Dijsselbloem a mené une « politique d’une orthodoxie à toute épreuve, et c’est un néolibéral pur jus ». Politique avec laquelle « Mario Centeno prend ses distances ».

Cette élection est synonyme selon lui d’une « évolution lente dans l’establishment économique européen ». Il y voit une prise de conscience des dirigeants que la croissance ne profite aujourd’hui pas à tout le monde.

« Les plaques tectoniques sont en train de bouger ».

Philippe Lamberts invité d'Europe Hebdo - Extrait
00:43

Philippe Lamberts s’alarme devant la montée des inégalités. Il rappelle que l’an dernier, 82% de la richesse économique produite a été captée par 1% de la population mondiale. Un écart qui n’aurait pas été aussi marqué depuis la veille du premier conflit mondial selon lui.

Cette situation commencerait à provoquer l’« inquiétude des orthodoxes ». Le Fond Monétaire International (FMI), tout comme la Banque Centrale Européenne, par la voix de son président Mario Draghi, ont en effet appelé à une meilleure répartition de la croissance.
Ce qui fait dire à Philippe Lamberts, que si « une hirondelle ne fait pas le printemps, on sent bien que les plaques tectoniques sont en train de bouger ». Comprenez : dans le monde de l’économie européenne, où s’affrontent les « faucons », adeptes de la rigueur, et les « colombes », favorables à un assouplissement monétaire, l’élection de Mario Centeno à la tête de l’Eurogroupe pourrait bien amorcer « un meilleur équilibre dans la politique économique ».


Retrouvez l’interview de Philippe Lamberts dans l’émission Europe Hebdo sur Public Sénat vendredi 2 février à 18h30 et dimanche 4 février à 12h30.

 

Dans la même thématique

Taxe Zucman : après les députés, les sénateurs écologistes à l’offensive sur le projet d’impôt de 2 % sur la fortune des plus riches
6min

Politique

Taxe Zucman : après les députés, les sénateurs écologistes à l’offensive sur le projet d’impôt de 2 % sur la fortune des plus riches

La proposition de loi des députés écologistes, adoptée en février à l’Assemblée nationale, sera inscrite dans le prochain espace réservé de leurs homologues sénateurs. Inspiré des travaux de l’économiste Gabriel Zucman, le texte instaure un impôt plancher de 2 % sur le patrimoine des « ultra-riches ». Ses chances d’adoption au Sénat sont très minces, mais ses partisans espèrent convaincre.

Le

Pour Philippe Lamberts, « les plaques tectoniques » de la politique économique européenne sont en train de bouger
3min

Politique

Réarmement : « Je pense que la Russie n’est pas une menace pour le territoire français », estime Éric Coquerel

Invité de la matinale de Public Sénat, le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel revient sur la réunion à Bercy pour financer l’industrie de la défense. Si l’insoumis reconnaît une réflexion nécessaire, il estime cependant que la Russie ne représente pas une menace existentielle pour la France. Par ailleurs, le député demande au gouvernement d’organiser un débat avec vote au Parlement sur le sujet du réarmement.

Le