Poutou crève l’écran et acquiert une légitimité singulière
Il a crevé l'écran, mais promet que rien n'était prévu: en attaquant Marine Le Pen et François Fillon sur les affaires lors du débat mardi,...
Par Lucile MALANDAIN
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Il a crevé l'écran, mais promet que rien n'était prévu: en attaquant Marine Le Pen et François Fillon sur les affaires lors du débat mardi, Philippe Poutou (NPA) s'est fait le porte-parole des Français qui ont un "travail normal" et a acquis une légitimité singulière dans la campagne.
A plusieurs reprises durant le débat, le candidat trotskiste de 50 ans, ouvrier chez Ford et militant d'extrême gauche de la première heure, a créé la sensation, qu'il se retourne régulièrement vers son équipe, s'embrouille dans son débit de mitraillette, ou se présente comme "le seul, avec Nathalie Arthaud (LO) à avoir un métier normal".
Dans un exercice inédit de débat à 11 candidats à la présidentielle, ses interventions détonantes ont pris une couleur encore plus particulière quand il a été interrogé sur l'exemplarité en politique.
"François Fillon, plus on fouille plus on sent la corruption, la triche, ce sont des bonhommes qui nous expliquent qu'il faut la rigueur, l'austérité alors qu'ils piquent dans les caisses", a-t-il commencé devant ses concurrents ébahis.
"Il y a aussi Mme Le Pen qui pique dans les caisses publiques. Pour quelqu'un d'anti-européen, ça ne la gêne pas de piquer dans les caisses de l'Europe", s'est-il insurgé dans une tirade où il a dénoncé les "politiciens corrompus déconnectés de la réalité".
Et semblant porter le coup de grâce à des candidats sonnés, il a ajouté: "quand on est convoqués par la police, nous n'avons pas d'immunité ouvrière, on y va!". Mme Le Pen a elle boudé des convocations par les juges, invoquant son immunité de députée européenne.
Sur le plateau, les spectateurs ont ri, Jean-Luc Mélenchon a applaudi, sur les réseaux sociaux les commentaires amusés l'ont disputé à ceux franchement admiratifs.
"C'était jubilatoire, on attendait depuis longtemps cette confrontation avec les puissants où on peut dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas", s'est félicité mercredi Olivier Besancenot, candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) en 2002 et en 2007. "Marine Le Pen a été déstabilisée et François Fillon a perdu son sang-froid", a-t-il observé.
- 'Une sorte de libération' -
De fait, si la candidate du FN s'est défendue en évoquant la protection dont bénéficient les salariés syndiqués, M. Fillon est sorti de ses gonds quand M. Poutou l'a accusé de "se servir dans la caisse". "Oooh, oooh, oooh, je vais vous foutre un procès", a maugréé le candidat LR, mis en examen mi-mars notamment pour détournement de fonds publics.
Philippe Poutou lors du débat télévisé à La Plaine-Saint-Denis, le 4 avril 2017
POOL/AFP
L'équipe du candidat trotskiste le promet: toute la séquence était "spontanée". "Il avait l'intention de s'affronter à Le Pen et à Fillon mais la forme n'était pas calculée", assure-t-on. D'ailleurs, "l'immunité ouvrière" a en réalité déjà été rodée en meeting. Mais oui, après des mois de bataille pour décrocher les 500 signatures, c'est "une sorte de libération".
"On dispute à Marine Le Pen cet électorat populaire tenté par le FN ou qui s'abstient, on parle à ces gens-là, on est directement en concurrence", analyse son entourage, qui compte œuvrer pour l'organisation d'un deuxième débat.
Mais en refusant de poser pour la photo de groupe ou en portant un tee shirt à manches longues plutôt qu'un classique costume-cravate, M. Poutou n'en a-t-il pas trop fait ? "Si on allait sur les plateaux comme si on allait à un mariage, notre crédibilité en souffrirait, on ne se sentirait pas libre de la même manière", assure M. Besancenot.
"Dire qu'il y a des petits et des grands candidats, c'est dire qu'il y a des candidats plus ou moins légitimes", regrette-t-il.
Reste que la fraîcheur de M. Poutou est allée au-delà de son électorat. Avec Nathalie Arthaud, "il a mangé la laine sur le dos de Mélenchon", a commenté un député socialiste. "Ils ont soutenu le travail d'hégémonie culturelle qu'on mène", a estimé de son côté Clémentine Autain, porte-parole d'Ensemble qui soutient le candidat de La France insoumise.
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