Face à l'inquiétude croissante des Français pour leur pouvoir d'achat, les ministres Gérald Darmanin et Bruno Le Maire ont défendu dimanche une...
Pouvoir d’achat: le gouvernement entend la colère des Français mais maintient son cap fiscal
Face à l'inquiétude croissante des Français pour leur pouvoir d'achat, les ministres Gérald Darmanin et Bruno Le Maire ont défendu dimanche une...
Par Juliette RABAT
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Face à l'inquiétude croissante des Français pour leur pouvoir d'achat, les ministres Gérald Darmanin et Bruno Le Maire ont défendu dimanche une politique fiscale "courageuse", notamment en matière de taxation des carburants, de laquelle Bercy n'entend pas dévier.
"Nous avons choisi, et c'est effectivement très courageux et très difficile, de taxer la pollution (au diesel) et les produits nocifs comme le tabac plutôt que de taxer le travail et les entreprises", a soutenu le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, invité de l'émission "Le Grand Rendez-Vous" sur Europe 1, organisée avec CNews et Les Echos.
"C'est un choix politique", a-t-il poursuivi, rappelant que le diesel et les particules fines provoquent "des dizaines de milliers de morts par an".
Des propos en écho à un entretien au Journal du Dimanche où le ministre a martelé que le gouvernement "assume une politique conçue pour réduire le réchauffement climatique et les morts prématurées liées à la pollution de l'air et au tabagisme".
"L'objectif, c'est la prochaine génération, ce n'est pas la démagogie de l'instant", a-t-il argué sur Europe 1, ajoutant que ces "mesures courageuses" étaient nécessaires si l'on ne voulait pas se rendre "complices d'un scandale sanitaire du même niveau que l'amiante". "Nous ne sommes pas souverains dans notre pouvoir d'achat vis-à-vis du pétrole", a aussi plaidé M. Darmanin, à propos de la flambée récente des cours du brut.
Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, à l'Assemblée nationale à Paris, le 24 octobre 2018
AFP/Archives
Même son de cloche du côté du ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qui, dans Le Parisien, a également défendu la fiscalité écologique. "Une bonne politique, c'est de garder le cap. Nous ne ferons pas de retour en arrière" sur la taxation des carburants, a-t-il déclaré.
Outre les prix à la pompe, la hausse de la CSG et des mesures sur la taxe d'habitation (dont la baisse a été atténuée par des augmentations dans certaines communes) ont mécontenté de nombreux Français, préoccupés pour leur pouvoir d'achat.
"Le gouvernement n'est pas sourd" à cette grogne, a assuré M. Darmanin et peut "comprendre cette colère des Français devant des difficultés de la vie quotidienne". "Mais le rôle des responsables politiques, (...) c'est de regarder l'avenir", s'est-il défendu.
- Un gouvernement au service "des plus modestes" -
Un avenir qui devrait s'éclaircir un peu pour les contribuables, à en croire Bercy, et se matérialiser dès la feuille de paie d'octobre.
"C'est l'heure de la preuve – la preuve que nous tenons nos promesses", a souligné M. Darmanin dans le JDD, en égrainant les mesures prises et que les "Français vont pouvoir constater de visu", en octobre sur leurs feuilles de paie et comptes en banque.
Baisse de la taxe d'habitation pour 17 millions de contribuables, disparition des cotisations chômage et maladie pour les salariés, hausse de certaines allocations et minimum vieillesse: "notre politique profite à tous les Français, particulièrement aux classes moyennes", s'est félicité le ministre des Comptes publics.
Or, selon un sondage Ifop réalisé pour le Journal du Dimanche, 72% des Français estiment que leur pouvoir d'achat a "plutôt diminué" depuis la dernière élection présidentielle de 2017. Et 84% pensent que la politique du gouvernement ne permettra pas de l'améliorer d'ici la fin du quinquennat.
"Si le pouvoir d'achat est une priorité – en particulier pour ceux qui travaillent –, le rétablissement des comptes publics en est une autre", a expliqué M. Darmanin. "Nous assumons d'avoir baissé en priorité les impôts des plus modestes qui travaillent. C'est le contraire du gouvernement des riches, non ?", a-t-il ajouté.
Reste, a concédé sur Europe 1, M. Darmanin, "à peut-être davantage expliquer nos mesures de transition écologique" aux Français.
Le gouvernement entend aussi les accélérer en impliquant notamment les constructeurs automobiles dans le financement de la prime à la conversion versée pour l'achat d'une voiture plus propre, mesure phare destinée à compenser la hausse de la fiscalité sur les carburants. "Nous devons forcer les constructeurs à participer à ces changements", a dit M. Darmanin.
Une réunion est prévue lundi après-midi entre Bruno Le Maire, le ministre de la Transition écologique François de Rugy et les constructeurs.
Alors que la majorité sénatoriale de droite entend revenir sur les gains obtenus par la gauche à l’Assemblée sur le budget de la Sécurité sociale, à commencer par la suspension de la réforme des retraites, les sénateurs de gauche combattront « pied à pied », en dépit de leurs divergences sur la suspension. Mais face aux amendements des sénateurs de droite, qualifiés de « musée des horreurs », ils jouent groupés.
Alors que le Sénat s’apprête à démarrer l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, le patron des députés de droite, Laurent Wauquiez était reçu à la réunion de groupe des sénateurs LR pour passer le relais. L’occasion de s’exprimer d’une seule voix sur la position que compte défendre la droite sur les deux lois de finances, quitte à rendre un accord en commission mixte paritaire quasi impossible et faire resurgir la piste d’un recours au 49.3.
Dans le cadre de l’examen du budget de la Sécu, les sénateurs écologistes veulent créer un droit d’accise sur la vente du produit stupéfiant. « Ça légalise le cannabis en réalité », explique le sénateur Thomas Dossus. De quoi rapporter près de « 3 milliards d’euros à l’Etat » et « assécher les réseaux ».
À la veille du coup d’envoi des débats en séance publique sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, les rapporteurs de la majorité sénatoriale veulent se montrer intraitables sur le retour des principales mesures d’économies et la disparition des mesures les plus coûteuses, comme la suspension de la réforme des retraites.