Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont affrontés sur le thème du pouvoir d’achat en ouverture du débat d’entre-deux-tours. Emmanuel Macron a attaqué Marine Le Pen sur sa proposition de baisse des taxes et son thème de prédilection, alors que la candidate du Rassemblement national a rappelé la baisse des APL et le refus de la déconjugalisation de l’AAH pendant le quinquennat.
C’est le thème de cette campagne électorale, il était logique qu’il ouvre le débat d’entre-deux-tours. Marine Le Pen et Emmanuel Macron ont confronté leurs visions de l’action à mener sur le thème du pouvoir d’achat. Un échange fourni et tendu, où Marine Le Pen a attaqué en se présentant comme « porte-parole des Français », ce à quoi Emmanuel Macron a répondu en évoquant ses « plus de 600 déplacements tout au long du quinquennat. » Après ce procès croisé en légitimité, les candidats ont pu développer le fond de leurs propositions.
Une baisse des taxes « pérennes » pour Marine Le Pen
Marine Le Pen a défendu deux « leviers » d’action sur le pouvoir d’achat : « Soutenir la valeur-travail », en revalorisant les soignants, les enseignants et en doublant les allocations pour les familles monoparentales. La candidate du Rassemblement national a aussi attaqué le Président de la République sur la baisse des APL de 5 euros et le refus du gouvernement de déconjugaliser l’Allocation adulte handicapé (AAH). « Je suis favorable à corriger cet effet de bord. Vous n’étiez pas là au moment des débats à l’Assemblée, le gouvernement n’a pas soutenu cette mesure. L’un et l’autre nous pourrons avancer », a répondu Emmanuel Macron.
L’autre grand axe développé par Marine Le Pen, c’est une baisse des taxes, « mesure pérenne », et notamment de la TVA sur l’énergie, de 20 % à 5,5 %, afin de « rendre 12 milliards aux Français. » La candidate du Rassemblement national propose de financer la mesure par « des économies sur des dépenses dispendieuses ou nocives ou de l’argent qui s’enfuit sans que personne ne s’y attaque de manière sérieuse. » Emmanuel Macron lui a rétorqué que la baisse de la TVA n’était pas efficace, car très dispendieuse et non-ciblée : « Votre baisse de la TVA va aller aux distributeurs. Vous et moi on n’a pas besoin de payer 0 % de TVA, le chèque et plus adapté parce que la baisse de TVA n’est pas ciblée, elle va profiter à des gens comme nous quatre [les deux candidats et Gilles Bouleau et Léa Salamé], qui n’en avons pas besoin. »
Bouclier tarifaire et primes pour Macron
Emmanuel Macron a défendu son « bouclier » tarifaire sur l’énergie, « deux fois plus efficace que la baisse de la TVA. » Il a aussi assumé des mesures « de crise » et non « pérenne » : « Quand on reviendra à des prix traditionnels, j’assume de ne pas subventionner le gaz et le pétrole, mais plutôt aider les ménages à sortir des énergies fossiles. » Marine Le Pen a affirmé ne pas être opposée à cette mesure de blocage des prix, alors qu’Emmanuel Macron lui rétorquait qu’elle n’avait pas voté pour « en tant que députée de la République. » De même sur le marché européen de l’énergie, attaqué par Marine Le Pen, Emmanuel Macron a défendu une réforme, pas une sortie du marché « nécessaire » au vu de « l’interconnexion » des marchés de l’électricité européens. Cette réforme ne pouvant se faire « en quelques semaines », le chef de l’Etat a défendu la nécessité du « bouclier » tarifaire.
Le Président de la République a réitéré sa proposition sur les « dividendes salariés » qui voudrait inciter au versement d’une prime sans cotisations patronales et nette d’impôts, allant jusqu’à 6000 euros. Il a aussi critiqué la proposition de Marine Le Pen d’exempter les hausses de salaires de cotisations patronales « subséquentes » jusqu’à 10 % et 3 SMIC : « Vous n’administrez pas les salaires. J’assume que la prime a une part d’aléa qui dépend de l’année, mais ce que vous dites est aussi aléatoire. Je ne voudrais pas que celles et ceux qui nous écoutent pensent que leurs salaires vont augmenter de 10 % avec vous. »
« Vous n’administrez pas les primes », lui a répondu Marine Le Pen, en critiquant une approche par la prime et pas les salaires : « Lorsque nos concitoyens veulent contracter un prêt auprès d’une banque ou louer un appartement, on leur demande leur salaire. Les banquiers ou les propriétaires se moquent des primes parce qu’un coup vous l’aurez, un coup vous ne l’aurez pas. »