Préfet limogé après l’attaque de Marseille: le baptême du feu de Collomb
Confronté à sa première épreuve du feu avec la polémique sur la remise en liberté du tueur de Marseille, Gérard Collomb a, en débarquant le...
Par Gregory DANEL
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Confronté à sa première épreuve du feu avec la polémique sur la remise en liberté du tueur de Marseille, Gérard Collomb a, en débarquant le préfet du Rhône, ostensiblement marqué son autorité au poste surexposé de ministre de l'Intérieur, où ses débuts ont parfois dérouté.
Survenus à la préfecture de région, dans son fief de Lyon, les "graves dysfonctionnements" pointés par l'enquête administrative avaient abouti le 30 septembre à la remise en liberté d'un Tunisien en situation irrégulière, qui le lendemain avait tué deux cousines à la gare de Marseille.
"On ne pouvait pas laisser passer un tel rapport sans acte fort", insiste l'entourage du ministre de l'Intérieur dix jours après cette attaque, revendiquée par l'Etat islamique (EI) même si aucun lien de l'assaillant avec le groupe jihadiste n'a pour l'heure été établi par les enquêteurs.
Le préfet Henri-Michel Comet à Nantes, le 26 janvier 2016
AFP
"Personnellement profondément touché" par le drame, M. Collomb a donc choisi mardi de débarquer le préfet du Rhône, tout en annonçant des mesures pour améliorer l'éloignement des étrangers en situation irrégulière dans le Rhône comme partout en France.
Ce limogeage a été officialisé mercredi en Conseil des ministres: le préfet Henri-Michel Comet a été remplacé par Stéphane Bouillon, préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca).
L'opposition n'a pas tardé à voir dans l'éviction du préfet Comet une "victime expiatoire", selon les termes de Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Pour le favori de la course à la présidence des Républicains, "on fait sauter un préfet pour éviter qu'un ministre assume".
En pleine adoption du projet de loi antiterroriste à l'Assemblée, Eric Ciotti (LR) a fustigé une décision "injuste et lâche". "Limogeage +fusible+", a de son côté jugé le PS.
La décision "a été prise en lien avec le Premier ministre et le président de la République", a souligné le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner. "Il ne s'agit pas d'un acte d'autorité (...) mais d'une méthode".
Reste qu'en agissant fort et vite, M. Collomb, 70 ans, a choisi de ne pas se laisser enfermer dans l'image d'un ministre dont la main tremblerait au moment de trancher. Un tournant?
- 'Pas attendu' -
Ses prédécesseurs Place Beauvau, de Nicolas Sarkozy à Bernard Cazeneuve en passant par Manuel Valls, ont laissé dans les couloirs du ministère, comme aux yeux de l'opinion publique, une image d'autorité, parfois surjouée, dans leur rôle de ministre de l'Intérieur. Une fonction d'autant plus exposée que la France vit désormais sous la menace constante des attentats.
A contrario, c'est peu dire que les premiers mois de l'ex-maire de Lyon, fidèle parmi les fidèles d'Emmanuel Macron, nommé en mai ministre d'Etat, ont soulevé quelques doutes, en interne comme en externe, sur sa capacité à "faire le job".
Ses allers-retours hebdomadaires à Lyon - même pendant la crise de l'ouragan Irma - et ses références constantes à sa ville de coeur font soupirer à tous les étages de l'administration. Ses tics de langage ou ses maladresses font ricaner les réseaux sociaux.
Commentaire d'un poids-lourd de chez LR : "Collomb n'occupe pas le poste".
"C'est le bon homme à la bonne place. Après, il est comme il est, il a des accroches, des aspérités", rétorque un influent député de la majorité.
"Il n'a pas été secrétaire national du PS en charge de la sécurité pendant 20 ans, il n'était pas attendu, mais il a le sens de l'Etat", arguait récemment un proche auprès de l'AFP.
"Collomb donne l'impression de prendre les choses trop à la légère", mais "ce n'est pas le cas", assure un bon connaisseur du ministère.
Alors que sa loi controversée de lutte contre le terrorisme doit être votée définitivement la semaine prochaine par le Sénat, M. Collomb doit désormais enchaîner deux périlleux dossiers : un nouveau projet de loi réformant l'asile présenté d'ici la fin de l'année et la "police de sécurité du quotidien" dont le chantier, sur fond de malaise policier persistant, tarde à démarrer.
Les militants du parti Les Ecologistes élisent leur secrétaire national. Bien que critiquée, la sortante Marine Tondelier fait figure de favorite dans ce scrutin où les règles ont été changées. La direction s’est vue accusée par certains de vouloir verrouiller le congrès. Si les écolos ne veulent pas couper avec LFI, le sujet fait débat en vue de la présidentielle.
Après la série d’attaques visant plusieurs établissements pénitentiaires, coordonnées au sein un groupe de discussion sur Telegram, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez regrette que la disposition de la loi sur le narcotrafic, permettant aux services de renseignement d’avoir accès aux messageries cryptées, ait été rejetée les députés. La mesure pourrait réapparaître dans une nouvelle proposition de loi du Sénat.
La question d’un report des élections municipales de 2032 est à l’étude au ministère de l’Intérieur, en raison de la proximité d’un trop grand nombre de scrutins, notamment la présidentielle. Si le calendrier devait être révisé, et avec lui la durée du mandat des maires élus l’an prochain, cela nécessiterait une loi. Ce serait loin d’être une première sous la Ve République.
Alors que les amis de Nicolas Mayer Rossignol, d’Hélène Geoffroy et de Fatima Yadani et Philippe Brun discutent pour fusionner, dans une union des opposants à Olivier Faure qui demandent la « clarté », le président du groupe PS de l’Assemblée, Boris Vallaud, se retrouve au centre des attentions. Mais « son but n’est pas d’être faiseur de roi, c’est de rassembler le royaume socialiste », soutient Rémi Branco, son porte-parole.
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