Premier ministre : qui pour succéder à Michel Barnier à Matignon ?
Après la large censure de son gouvernement, Michel Barnier présente, ce jeudi, sa démission à Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat s’exprimera à 20 heures. En attendant, les tractations vont bon train sur le nom de son ou sa successeur(e). Qui sont les favoris ?
Cette fois-ci pas de trêve olympique qui tienne, le chef de l’Etat va devoir nommer rapidement le successeur de Michel Barnier dont le gouvernement a été largement censuré hier soir. Au moins une certitude pour aujourd’hui. Michel Barnier ne sera pas nommé de nouveau chef du gouvernement. « Qu’est-ce que cela (aurait) comme sens ? », avait-il balayé lors du 20 heures de TF1 et France 2.
Quelles options s’offrent désormais à Emmanuel Macron qui s’exprimera ce soir à 20 heures ? Le Président peut, d’abord, choisir de reconduire « le socle commun » entre macronistes et LR, misant sur le fait que le RN ne pourra se permettre de multiplier les votes de censure, sous peine d’être accusé par une partie de son électorat d’être responsable de l’instabilité.
Sébastien Lecornu
Parmi les noms qui circulent si cette option était privilégiée, celui de Sébastien Lecornu, ministre des Armés, revient de nouveau. C’est un fidèle d’Emmanuel Macron, membre de tous les gouvernements depuis 2017. Il a l’avantage de pouvoir ménager, au moins pendant un temps, le Rassemblement national. Selon les informations de Libération, il avait rencontré au printemps dernier, lors d’un dîner, la cheffe de file du parti d’extrême droite en compagnie de Thierry Solère, conseiller politique à l’Elysée.
Crédits photo : Sebastien Lecornu French Minister for the Armed Forces. State dinner at the Palais de l'''Elysee during the visit of the President of the Federal Republic of Nigeria, Bola Tinubu. Paris, 28/11/2024. Sebastien Lecornu, Ministre des Armees. Diner d Etat au Palais de l Elysee lors de la visite du President de la Republique federale du Nigeria Bola Tinubu. Paris, le 28/11/2024.//CEZARDGABRIELLE_diner_20/Credit:Gabrielle CEZARD/SIPA/2411292337
François Bayrou
L’option François Bayrou tourne également ces derniers jours. Allié de la première heure d’Emmanuel Macron, le président du Modem pourrait avoir la capacité de trouver des soutiens au sein de la gauche sociale démocrate. Il a été relaxé en janvier dans une affaire de détournement de fonds via des assistants parlementaires européens, une affaire semblable à celle qui menace Marine Le Pen d’une peine d’inéligibilité. Il avait, d’ailleurs, jugé sévèrement les réquisitions visant la présidente du groupe RN, de quoi permettre, pendant un temps, un pacte de non d’agression en provenance des bancs d’extrême droite.
Crédits photo : Arrivee des chefs de partis, presidents des groupes parlementaires de l Assemblee nationale et du Senat du bloc central : Edouard Philippe Laurent Marcangeli d Horizons, Francois Patriat Renaissance, Herve Marseille UDI, Claude Malhuret Les Independants, Stephane Sejourne Renaissance, Laurent Henart UDI, Marc Fesneau Les Democrates, Francois Bayrou Modem, et Gabriel Attal Renaissance, pour une reunion de concertation avec le President de la Republique Emmanuel au Palais de l Elysee le vendredi 23 aout 2024 a Paris. Paris, FRANCE - 23/08/2024 Arrival of the party leaders, presidents of the parliamentary groups of the National Assembly and the Senate of the central block: Edouard Philippe Laurent Marcangeli d Horizons, Francois Patriat Renaissance, Herve Marseille UDI, Claude Malhuret Les Independants, Stephane Sejourne Renaissance, Laurent Henart UDI, Marc Fesneau Les Democrates, Francois Bayrou Modem, and Gabriel Attal Renaissance, for a concertation meeting with President of the Republic Emmanuel at the Elysee Palace on Friday, August 23, 2024 in Paris. Paris, FRANCE - 23/08/2024//04HARSIN_BLOCCENTRALCONCERTMACRON015/Credit:ISA HARSIN/SIPA/2408231352
Bruno Retailleau
L’actuel ministre de l’Intérieur a fait acte de candidature. Ces trois derniers mois, le Vendéen a occupé son portefeuille en affichant son volontarisme contre l’immigration illégale ou encore le narcotrafic. S’il a soutenu avec Michel Barnier, un plan massif de réduction de la dépense publique, sa position très droitière sur les questions régalienne rendrait plus délicate le vote d’une motion de censure par le RN.
Crédits photo : Trip by Michel Barnier, Prime Minister and Bruno Retailleau, Minister of the Interior to the 130th National Congress of French Firefighters in Macon on Saturday, September 28, 2024. deplacement de Michel Barnier, Premier Ministre et de Bruno Retailleau, Ministre de l interieur au 130e congres national des sapeurs pompiers de France a Macon le samedi 28 septembre 2024//DOUCELINROMAIN_PRESDOUCELINROMAIN_1.0844/Credit:Romain Doucelin/SIPA/2409281542
François Baroin
C’est un peu l’Arlésienne à chaque remaniement. Le maire de Troyes, ancien président de l’Association des maires de France, qui a exercé des mandats de députés, de sénateurs et a occupé le poste de ministre du Budget et des Comptes publics, est également cité. Malgré le départ d’Éric Ciotti des Républicains, il a gardé de bonnes relations avec le patron des députés UDR. « C’est un homme de consensus, qui a des liens avec les syndicats, les partis politiques », soutenait Roger Karoutchi, le sénateur LR des Hauts de Seine, à Public Sénat, ces derniers jours.
Crédits photo : Visit of Francois-Xavier Bellamy, Member of the European Parliament of the Republicans, Eric Ciotti, deputy and President of the Republicans and Francois Baroin, mayor of Troyes, on the stand of oyster farmers of the Arcachon Basin. Foire agricole, Paris, France. Monday, February 26, 2024.//04SIPA_sipa.0059/Credit:Mael Garnier/SIPA/2402262220
Emmanuel Macron peut aussi faire le choix d’élargir sa majorité très relative, par une coalition gouvernementale qui s’étendrait sur la gauche. Même si la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot a annoncé qu’elle censurerait « bien sûr » tout Premier ministre qui n’est pas issu du Nouveau Front populaire. Depuis quelques jours, dans les couloirs du Parlement et des partis, l’idée d’un pacte de non-censure qui irait du PS au LR, en passant par l’ex-majorité présidentielle, fait son chemin. Elle vient du Parti socialiste, ou plus précisément du président du groupe PS de l’Assemblée nationale, Boris Vallaud qui a proposé « à tous les présidents de groupes de l’Assemblée et du Sénat, de l’arc républicain, de poser la question des conditions d’une non-censure »
Bernard Cazeneuve
L’ancien ministre de l’Intérieur ne fait plus partie du PS après l’accord passé avec LFI en 2022. Il incarne « la gauche de gouvernement » et était cité parmi les favoris à Matignon cet été. Il aurait l’avantage de « cornériser » LFI au sein de l’Assemblée nationale tout en pouvant obtenir le soutien du centre et de la droite modérée. Toutefois, Olivier Faure, le Premier secrétaire socialiste, a jugé paradoxal de nommer l’ancien socialiste « au nom d’une victoire, celle du NFP, à laquelle il n’a pas voulu contribuer ».
Crédits photo : Bernard CAZENEUVE, avec son mouvement politique "La Convention", a tenu une reunion publique le 1er Septembre 2023, a Pontault-Combault, France.Bernard CAZENEUVE, with his political movement âLa Conventionâ, held a public meeting on September 1, 2023, in Pontault-Combault, France.//04NICOLASMESSYASZ_2023_09_01a_060a/Credit:NICOLAS MESSYASZ/SIPA/2309020051
Laurent Berger
L’ancien patron de la CFDT avait été sollicité à gauche notamment, par Raphaël Glucksmann, pour revêtir les habits d’homme providentiel après la dissolution. L’intéressé avait déclaré au Monde que « le nom de la personnalité qui ira à Matignon est le cadet de (s) es soucis, aujourd’hui », soulignant que « la première urgence, c’est d’éviter le Rassemblement national ».
Crédits photo : Laurent Berger, general secretary of the CFDT in his office at the CFDT headquarters in Paris.//JDD_JDD034/Credit:ERIC DESSONS / JDD/SIPA/2303121131
François Villeroy de Galhau
Sans accord de « non-censure » du côté de la gauche, le chef de l’Etat pourrait être tenté par un gouvernement « technique ». Le nom du gouverneur de la banque de France revient parmi les profils, qui sur le papier, pourraient correspondre. Cet été, l’intéressé avait décliné estimant qu’il « se ferait broyer dans l’arène de l’Assemblée nationale, notamment face aux hurlements des Insoumis », selon un proche, cité dans le Figaro.
Crédits photo : Governor of the Bank of France Francois Villeroy de Galhau arrives for the plenary of the International Monetary and Financial Committee (IMFC) meeting, during the World Bank/IMF Annual Meetings in Washington, Friday, Oct. 25, 2024. (AP Photo/Jose Luis Magana)/DCJL119/24299597240581//2410251910
Après avoir grimpé en mars à la faveur de ses positions sur la scène internationale, la popularité d’Emmanuel Macron s’est de nouveau érodée le mois dernier. Le président de la République récolte désormais 73% d’opinions défavorables, selon le nouveau baromètre d’Odoxa réalisé avec Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale. La cote de François Bayrou reste stable, mais toujours à un niveau très bas de 23% d’opinions favorables.
Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez sont en campagne pour être élu à la tête des Républicains. D’après le dernier baromètre Odoxa réalisé avec Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale, le ministre de l’Intérieur est considéré par les Français comme un meilleur candidat pour LR que Laurent Wauquiez dans la perspective de l’élection présidentielle. Il remporte aussi l’adhésion de l’ensemble des Français interrogés par rapport à son concurrent (31% contre 17%).
Malgré sa condamnation en première instance dans l’affaire des assistants parlementaires des eurodéputés FN, Marine Le Pen est toujours donnée largement en tête du premier tour de l’élection présidentielle 2027, d’après le dernier baromètre Odoxa réalisé avec Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale. Même constat en cas de candidature de Jordan Bardella à la place de la députée du Pas-de-Calais. En revanche, selon ces résultats, les deux figures du RN s’inclineraient au second tour face à Edouard Philippe.
Sous la pression de la droite et du RN, la publication du décret de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) a été repoussée « à la fin de l’été » par François Bayrou. Un délai qui n’épuise pas les questions qui restent autour de cette révision de la stratégie qui doit permettre à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050.