Première journée frénétique d’une Assemblée chamboulée
Des selfies dans l'hémicycle, des cravates remisées, des visages rajeunis et plus féminins, des voisinages inhabituels et le traditionnel...
Par Charlotte HILL
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Des selfies dans l'hémicycle, des cravates remisées, des visages rajeunis et plus féminins, des voisinages inhabituels et le traditionnel mercato politique en coulisses: la première journée de rentrée officielle des députés a été frénétique mardi, dans un climat "policé" et détendu... pour l'heure.
Peu avant le démarrage de la séance à 15H00 dans cette Assemblée profondément renouvelée avec plus de 400 novices sur 577, les députés ont fait leur entrée dans l'hémicycle aux fauteuils rouges. Prenant la pause pour quelques selfies, aidés par les huissiers à trouver leur place provisoirement attribuée par ordre alphabétique.
Un classement qui a donné lieu à quelques rapprochements inhabituels: l'"Insoumis" Eric Coquerel à une place d'écart du FN Gilbert Collard, ou le communiste André Chassaigne non loin du FN Sébastien Chenu, qui ironisait avant la séance sur le fait que ses voisins allaient l'"adorer".
Assisté des six benjamins, le doyen Bernard Brochand (LR), 79 ans, a lancé le vote à bulletins secrets pour le prestigieux "perchoir", des "aaaaah" accueillant le tirage au sort de la lettre "U" donnant le coup d'envoi. Pendant environ une heure, les députés ont défilé à la tribune pour déposer leur bulletin dans une grosse urne verte.
Jean Lassalle, le 27 juin 2017 à l'Assemblée nationale
AFP
Dans les travées, où l'inénarrable Jean Lassalle, en retard, embrassait certains collègues, l'ambiance semblait très courtoise. Des élus tout sourire, jusqu'à Manuel Valls, qui a acté dans la matinée son divorce avec le PS, et rejoint la majorité d'Emmanuel Macron.
Image rare, celle de la présidente du FN et élue du Pas-de-Calais Marine Le Pen, serrant en passant, après avoir voté, la main de Jean-Luc Mélenchon.
Vers 17H00, le verdict tombe: sans surprise, le "perchoir" revient largement à l'ex-écologiste François de Rugy, choisi dans la matinée par les députés de La République en marche. Emu, le député de Loire-Atlantique, 43 ans, qui remettra son poste en jeu à mi-mandat, est salué par une longue standing ovation, mais boudé par certains comme Jean-Luc Mélenchon ou son voisin François Ruffin.
Echo des ultimes tractations pour les postes clefs, une députée LR plaisante dans les jardins avec un collègue: "Je te donne ceci, tu me donnes cela"...
- Les 'sans-cravate' -
Dans l'effervescente salle des Quatre-Colonnes, avec quelque 300 journalistes accrédités, moult députés, surtout "marcheurs", décrivent un moment "très émouvant". "Comme une rentrée", "assez impressionnant", pour Danièle Hérin (REM, Aude).
Des journalistes semblaient parfois un peu perdus, un très chevronné glissant "je ne reconnais plus personne, il est temps que je me tire".
L'indépendantiste polynésien Moetai Brotherson veste et cravate par-dessus son costume traditionnel lavalava, le 27 juin 2017 à l'Assemblée nationale
AFP
Maud Petit (MoDem), "en famille" dans l'hémicycle auprès de deux autres "Petit" de la majorité, a ressenti "plus d'émotion qu'au soir des résultats". D'origine martiniquaise et "touchée" de voir davantage de femmes et de diversité, "un peu plus de couleur", elle a trouvé que c'était "policé", même si "certains commençaient à se positionner", comme "M. Mélenchon qui s'est promené dans les allées".
Des allées et venues qui ont "fait passer le temps" pour Fabien Gouttefarde (REM de l'Eure), comme le "bruissement" provoqué par "l'absence de cravates de certains".
Les "Insoumis" Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière ou François Ruffin avaient de fait rejeté des codes "imposés", le leader de LFI évoquant "des sans-cravate" après les "sans-culottes".
Geste "anecdotique mais assez lamentable" pour un élu de droite, qui plaisante sur le fait qu'ils "vont finir en bermuda", "provocation" pour un FN.
Cédric Villani (G), le 27 juin 2017 à l'Assemblée nationale
AFP
D'autres avaient aussi joué avec le "dress-code": Cédric Villani (REM) portait sa lavallière, et l'indépendantiste polynésien Moetai Brotherson veste et cravate par-dessus son costume traditionnel lavalava.
Pour Olivier Dussopt (PS), si parmi ces "visages différents, rajeunis", "tout le monde est bien discipliné", "ce ne sont pas des débats", attendus plus houleux.
Outre cette séquence émotion, l'inédit s'est aussi affiché hors les murs. Les trois élus nationalistes corses sont ainsi arrivés en chantant l'hymne insulaire.
Dès 18H00, les lieux avaient retrouvé leur calme. Et, dans la cour d'honneur, une berline attendait le président sortant Claude Bartolone (PS).
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