En déplacement au Salon de l’élevage à Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), Michel Barnier a annoncé une aide de 75 millions d’euros pour les éleveurs de brebis victimes de la fièvre catarrhale ovine et des prêts garantis par l’Etat pour les exploitations en difficulté. Des mesures bienvenues pour les agriculteurs qui ne calment pas pour autant leur colère.
Présidence : et si tout se jouait la première année ?
Par Adrien BAGET et Pierre BONTE-JOSEPH
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Après un an au pouvoir plus que l’étendue des réformes menées par Emmanuel Macron pour Philippe Bas, sénateur et ancien secrétaire général de l’Élysée sous Jacques Chirac, « On a découvert un grand carnassier de la politique (…) il est arrivé à ce moment précis où après cinq années de Hollandisme, les Français attendaient une reprise en main énergique du pays » Mais le sénateur retient surtout de cette année une concentration excessive du pouvoir « entre le président et le peuple, il n’y a rien c’est en tout cas ce qu’il souhaite ». Une première année menée au pas de charge pour Arnaud Teyssier, historien « il y a une surexposition médiatique du président et une absence spectaculaire du gouvernement et du Premier Ministre ».
« Entre le président -Macron- et le peuple, il n’y a rien c’est en tout cas ce qu’il souhaite » Philippe Bas.
L’hyperprésidence de Nicolas Sarkozy
Mais à vouloir légiférer vite parfois trop, on s’en mord les doigts. Nous sommes en 2007, dès son arrivée au pouvoir Nicolas Sarkozy fait voter le bouclier fiscal –qui plafonne à 50% maximum les prélèvements sur les revenus y compris ceux des plus riches une mesure symbolique qui va devenir « un boulet » pour le pouvoir. 4 ans après, la mesure est enterrée au profit d’un assouplissement de l’ISF, mais le mal est fait et Nicolas Sarkozy ne parviendra pas à se défaire de l’image de président des riches. Selon Philippe Bas « on lui aurait beaucoup pardonné en raison de cette énergie incroyable dont il est porteur, si la crise financière de 2008 n’avait pas fait irruption dans son quinquennat avec une violence terrible qui l’a transformé en pompier pour éteindre le feu (…) les Français seraient passés au-dessus de toutes ces difficultés si les résultats de l’action aurait pu se faire sentir ».
Une année au pouvoir où beaucoup peut-être fait
Mais parfois cette première année au pouvoir peut-être fertile. On s’en souvient peu mais 1975 reste une année où la France change de siècle. Avec son accession au pouvoir et en 365 jours, le président d’Estaing modifie en profondeur la vie des Français. Majorité à 18 ans, légalisation de l’IVG, éclatement de l’ORTF, création du collège unique, fin du délit d’offense au chef de l’État…beaucoup de mesures sont prises.
Le grand écart entre promesses de campagnes et réformes
Mais l’état de grâce est rarement la règle, et bien souvent les présidents tout justes élus doivent renoncer. Élu en 1995 sur la promesse de campagne de s’attaquer à la fracture sociale dans le pays, le mandat de Jacques Chirac connaît dès fin 1995, les premières grosses difficultés face à la fronde des mécontents du plan Juppé sur la réforme de la sécurité sociale et des retraites des cheminots. Pour Philippe Bas il n’y a pas eu de changement de cap « il faut prendre le temps du recul, car je pense que la sécurité sociale est une manière d’assurer la réduction de la fracture sociale. C’est ce que fait Jacques Chirac au moment où les déficits de l’assurance maladie sont une préoccupation pour la capacité de la société française à assumer la solidarité face à la santé (…) il sauve l’assurance maladie ».
Pour Philippe Bas, « le tête-à-queue » le plus retentissement de ces premiers mois de pouvoir est à chercher du côté de la gauche. François Mitterrand élu en 1981 est obligé de faire des concessions après un an au pouvoir. Pierre Mauroy en juin 1982 à la tribune de l’Assemblée Nationale, annonce le tournant de la rigueur et change radicalement de ligne politique après avoir mis en œuvre un programme résolument socialiste. Pour Arnaud Teyssier « le programme de Mitterrand était contre cyclique par rapport à la situation économie européenne, il a dû faire le choix de revenir sur les premières initiatives et c’est le premier ministre qui monte au créneau pour annoncer la rigueur et pas le premier ministre ».
« le référendum fait peur et souvent sur une réforme que les gens ne comprennent pas » Arnaud Teyssier
Le référendum une seconde chance
Face à ces premiers bilans présidentiels comment continuer à réformer et à retrouver un second souffle ? L’arme du référendum peut-être perçue comme le dernier recours. Pour Arnaud Teyssier, « il y a un instrument qui existait au début de la cinquième République et qu’on a laissé tomber progressivement c’est le référendum, un président qui veut être offensif sur un projet et qui veut prendre le risque de remettre son mandat en question, il peut faire de grandes réformes à tout moment de son mandat, il faut bien choisir le sujet, qu’il soit important, il faut accepter aussi de mettre tout le poids de sa personne dans la balance.