« Un chef, c’est fait pour cheffer, et lui, il n’a jamais réussi à le faire ». Avec ce genre de déclarations d’un sénateur LR juste avant la rencontre entre les membres de la majorité sénatoriale de droite et Christian Jacob ce midi au Palais du Luxembourg, il n’y avait pas beaucoup de doutes que le patron du parti aurait bien du mal à convaincre ses troupes.
Au sortir de cette réunion organisée dans l’hémicycle pour garantir les gestes barrière, le moins que l’on puisse dire c’est que la prestation de Christian Jacob n’a en effet pas rassuré en vue des prochaines échéances électorales, et notamment de la présidentielle de 2022.
« Christian est un militant et quelqu’un qui fait ce qu’il peut, mais nous avons un parti qui a un canard sans tête », nous a confié un sénateur qui a assisté à la réunion aux côtés du président du Sénat.
Gérard Larcher plaide pour une stratégie de « départage » des candidats à droite pour 2022, tandis que le président du groupe Bruno Retailleau, éventuel candidat à la candidature LR pour 2022, est, lui, favorable à une primaire.
Selon nos informations, trois sénateurs ont pris la parole pour faire part de leurs inquiétudes au chef des Républicains, et l’interroger sur les solutions qu’il pourrait apporter pour que la droite retrouve des couleurs avant la présidentielle. Il s’agit de l’ancien ministre Gérard Longuet, de son collègue de l’Orne, Vincent Segouin, mais surtout de Roger Karoutchi, sénateur des Hauts de Seine.
« Roger Karoutchi a interpellé Christian Jacob pour lui demander qu’il désigne au plus vite son candidat à la présidentielle, et que l’on sache si oui ou non cela doit passer par des primaires. Je crois que Roger a tout à fait raison de s’impatienter. Il faut y aller maintenant, notamment quand on voit que les autres partis ont quasiment déjà tous leur candidat déclaré ou identifié », témoigne un sénateur LR, en regrettant que sa famille politique soit aujourd’hui « inaudible » dans le débat politique national.
Des critiques que Christian Jacob n’apprécie guère. « Avec tous les gens de talent que nous avons dans notre famille politique, pourquoi personne ne s’est présenté à la tête du parti alors ? On peut faire toutes les phrases du monde comme ça, mais moi je préfère me référer aux bons chiffres électoraux que nous avons connus ces derniers mois », nous a-t-il répondu à la sortie de cette entrevue.
Le chef du parti LR, qui considère de son côté que « la réunion s’est bien passée », a en effet insisté sur les scores réalisés par la droite lors des derniers scrutins électoraux pour défendre son bilan. « J’ai été très pragmatique, car après huit ans sans victoire, nous avons tout de même gagné 50 % des villes du pays lors des dernières municipales. On est juste le parti majoritaire en France, et on a même augmenté notre nombre d’élus au Sénat en septembre. Mais je suis d’accord que ce n’est pas suffisant et qu’il faut maintenant gagner les départementales et les régionales afin d’être en position de force en vue de la présidentielle », explique Christian Jacob, sous les yeux d’un Bruno Retailleau, totalement muet, mais vers qui tous les regards des sénateurs se sont tournés durant cette réunion houleuse.