Au Zenith de Paris, le candidat écologiste est apparu décidé à donner un coup d’accélérateur à sa campagne qui, selon les sondages, peine à décoller. Devant des milliers de partisans, Yannick Jadot a égratigné son principal concurrent à gauche, Jean-Luc Mélenchon et s’est adressé à l’électorat progressiste d’Emmanuel Macron, en promettant de libérer la République de « l’ingérence des lobbies ».
Présidentielle : Yannick Jadot veut faire du « vote écolo » le vote utile pour la gauche
Au Zenith de Paris, le candidat écologiste est apparu décidé à donner un coup d’accélérateur à sa campagne qui, selon les sondages, peine à décoller. Devant des milliers de partisans, Yannick Jadot a égratigné son principal concurrent à gauche, Jean-Luc Mélenchon et s’est adressé à l’électorat progressiste d’Emmanuel Macron, en promettant de libérer la République de « l’ingérence des lobbies ».
A deux semaines du premier tour de la présidentielle, comment Yannick Jadot peut-il incarner le vote utile à gauche ou au moins chez les écologistes ? Crédité, au mieux, de 7 % dans les sondages, le candidat EELV se fait pour le moment largement distancer par Jean-Luc Mélenchon.
« Le statu quo, c’est le chaos »
« Dans 14 jours, dimanche 10 avril, il vous reviendra de choisir pour votre présent, pour votre avenir […] Rarement dans l’histoire de notre pays, un tel choix aura été aussi décisif […] C’est la survie de notre humanité qui se joue aujourd’hui. Et nous le savons : Le statu quo, c’est le chaos », prévient le candidat, en introduction de son discours de plus d’une heure au Zenith de Paris. 4 000 personnes, selon les organisateurs, avaient fait le déplacement. « C’est le plus grand meeting de l’histoire écologique de France ! », vante la députée des Deux-Sèvres, Delphine Batho.
La salle a été chauffée par la chanteuse Yael Naim et les rappeurs d’Arsenik venus poser deux morceaux que le candidat a visiblement appréciés . « Ce n’est pas un meeting de fin de campagne. Ce n’est même pas le début de la fin ! Nous pouvons déjouer les pronostics […] Le seul vote utile. C’est le vote écolo. C’est le vote Yannick Jadot », clame Julien Bayou.
Nassim, un jeune militant d’EELV, est pragmatique. « Si on part du principe que, si parce que des sondages ne sont pas bons, il faut cesser de défendre nos idées. Alors pourquoi on fait de la politique ? »
En début d’après-midi, à l’extérieur de la salle, « la grande famille » des écologistes donnait un point presse. Les anciens candidats à la présidentielle, Noël Mamère, Dominique Voynet, Eva Joly, mais aussi les anciens candidats à la primaire, Delphine Batho, et Éric Piolle, affichent également leur volontarisme. « Les écologistes ont un rôle historique à jouer pour cette reconstruction de la gauche […] C’est une campagne difficile car tout est surplombé par ce qui se passe en Ukraine », reconnaît Noël Mamère.
Mais le passé est toujours riche en enseignement et parfois d’espoir. « En 2009 aux Européennes, nous étions donnés à 7 % et nous avons fait en moyenne nationale 16 %. Les indications sondagières ne sont absolument pas justes pour nous les Verts. Les gens se déterminent souvent dans les bureaux de vote » rappelle Eva Joly dont le score n’a pas dépassé les 2,3 % à la présidentielle de 2012.
« Les tribuns dont les contorsions actuelles dissimulent mal leur abandon des Ukrainiens »
Critiqué pour son image un peu trop lisse, Yannick Jadot n’a pas hésité à attaquer son concurrent de la France Insoumise. « Nous avons le souvenir du silence des tribuns, d’habitude si bavards en leçons de géopolitique, qui se réjouissaient que Poutine « rétablisse l’ordre en Syrie », les tribuns dont les contorsions actuelles dissimulent mal leur abandon des Ukrainiens. L’histoire nous apprend que la lâcheté des uns fait l’impunité des autres », a-t-il taclé. Balayant la pertinence d’un vote utile au profit de Jean-Luc Mélenchon, le candidat écolo martèle : « On ne vote pas en oubliant le passé, en oubliant les ambiguïtés face aux complotistes de la crise sanitaire, en oubliant le soutien à l’intervention russe en Syrie et les contorsions ambiguës sur l’Ukraine ».
L’eurodéputé a également souhaité s’adresser aux déçus du macronisme. « Vous vouliez une action résolue pour l’écologie ? Vous avez eu un quinquennat d’inaction climatique condamné deux fois par la justice de notre pays », a-t-il souligné, rappelant que figure à son programme « la règle d’or climatique », « qui conditionnera chaque politique publique à la protection du climat et de l’environnement ».
« Une grande loi de séparation des lobbies et de l’Etat ».
« En votant écologiste, vous libérerez notre République de l’ingérence des lobbies avec lesquels et pour lesquels Emmanuel Macron a gouverné pendant cinq ans », a-t-il insisté, citant le lobby de l’élevage industriel, de la chasse, des Ehpad, des pesticides, des constructeurs automobiles… Dès son arrivée au pouvoir, il fera voter « une grande loi de séparation des lobbies et de l’Etat ».
Ces derniers jours, le candidat écologiste a tenté de sortir de l’ornière sondagière en accusant le groupe Total de complicité de crimes de guerre pour avoir maintenu ses activités en Russie. Devant ses partisans, il a persisté dans cette attaque qui lui a valu une plainte en diffamation par TotalEnergies.
Dominique Voynet : « Aux discours exaltés, je préfère l’action et la fermeté des positions »
« Je trouve que la fermeté de Yannick Jadot sur le dossier Total est une illustration éclatante pour ceux qui colportent des rumeurs sur sa présumée mollesse et sur sa présumée tentation de vendre le mouvement écologiste contre un plat de lentilles voire un maroquin. Ceux-là sont totalement à côté de la plaque. Aux discours exaltés, je préfère l’action et la fermeté des positions », a fustigé Dominique Voynet.
Sandrine Rousseau regrette « le déni des questions écologiques »
Une référence à peine voilée aux propos de Sandrine Rousseau révélés dans la presse, et qui l’ont conduite à être écartée de la campagne. La finaliste de la primaire écologiste faisait, en effet, bande à part au meeting, quelque peu isolée au premier rang. Au micro de Public Sénat, Sandrine Rousseau ne prend pas la peine de faire mine de croire aux chances de victoire de Yannick Jadot. Elle regrette « le déni des questions écologiques » dans cette campagne. « Ça n’existe pas. Il y a un refus d’obstacle, de voir la réalité en face […] alors qu’on est déjà confrontés à ce que la crise écologique va produire ». Yannick Jadot fait-il suffisamment pour mettre les enjeux environnementaux au cœur de la campagne ? « On fera le bilan après », élude-t-elle.
Invitée de la matinale de Public Sénat, la secrétaire nationale des Ecologistes a réagi à la longue interview du chef de l’Etat, sur TF1 mardi soir. « Avec Emmanuel Macron, même quand on n’attend rien, on est déçu », affirme Marine Tondelier qui a fustigé les « effets d’annonce » de l’Elysée en amont de l’émission.
Après une loi d’urgence pour adoptée en février, le Sénat s’apprête à examiner le projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte qui prévoit 3,2 milliards d’euros pour des investissements jugés « prioritaires », et ce, sur la période 2025-2031. Un texte qui comporte plusieurs mesures sur l’immigration, mais pas la levée des titres de séjour territorialisés, comme le demandent les élus locaux. Une proposition de loi en ce sens a été déposée au Sénat.
Dans le cadre de l’émission spéciale « Emmanuel Macron - Les défis de la France », le président de la République a répondu, pendant trois heures, à plusieurs personnalités sur l’actualité nationale et internationale, sur TF1. Il s’est prononcé pour la tenue d’« une consultation multiple, c’est-à-dire plusieurs référendums, dans les mois qui viennent », sur des sujets qui restent à déterminer. Sur la situation à Gaza, il a estimé que « ce que fait aujourd’hui le gouvernement de Benyamin Netanyahou est inacceptable ».
A deux semaines du vote des militants, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, qui ambitionne de détrôner Olivier Faure de la tête du PS, a présenté avec sa « dream team » les « 100 premier jours » de son action, s’il remporte le congrès du parti. Avec une ambition : ne pas être « une gauche fantasmée », explique François Kalfon, mais plutôt « une gauche qui veut traiter les problèmes du réel ».