Présidentielle dans le rétro : il y a 5 ans, Fillon et les casseroles, Macron et les cyberattaques russes

Présidentielle dans le rétro : il y a 5 ans, Fillon et les casseroles, Macron et les cyberattaques russes

On rembobine la présidentielle. Cinquième épisode de notre série hebdomadaire consacrée à la semaine de campagne… d’il y a cinq ans. François Fillon est alors empêtré dans son affaire, Emmanuel Macron crée la polémique en parlant de la colonisation et le ralliement de Yannick Jadot à Benoît Hamon se prépare.
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Que reste-t-il de la présidentielle de 2017 ? Chaque vendredi, Public Sénat vous fait replonger cinq années en arrière, dans la campagne de 2017. Cette semaine, cap sur la semaine du 13 au 19 février. Une période où généralement les choses bougent et les dynamiques, les tonalités se créent dans une campagne. Mais l’issue déjà connue le montre, rien n’est écrit d’avance.

Fillon, les casseroles et le « bal des hypocrites »

En ce mois de février 2017, la campagne continue pour François Fillon, vaille que vaille. Mais depuis l’éclatement de l’affaire qui porte son nom, le candidat ne s’en remet pas vraiment. La semaine précédente, il essayait de reprendre la main. Mais pour François Fillon, c’est plutôt l’impossible retour à la normale. En déplacement sur l’île de La Réunion, des opposants tapent sur des casseroles… Sur place, François Fillon répète qu’il n’y a pas de solution de remplacement. Il restera accroché à cette ligne jusqu’au bout. Quoi qu’il en coûte à la droite. Les sondages ont sûrement joué un rôle dans son abnégation jusqu’au-boutiste. En cette mi-février, il résiste, malgré une baisse dans les intentions de vote, et est encore crédité de 20 % des voix, juste derrière l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande, à 22 %, dans un sondage Opinionway.

De retour à Paris, François Fillon déjeune avec Nicolas Sarkozy. Le candidat doit faire face à la fronde d’une vingtaine de députés sarkozystes dénonçant « l’impossibilité » pour eux de faire campagne. Le député Georges Fenech dénonce un « bal des hypocrites » d’une majorité de parlementaires de droite qui n’osent pas « dire la vérité » au candidat Fillon.

Le candidat d’En Marche menacé par les cyberattaques venues de la Russie

Pendant ce temps-là, du côté d’Emmanuel Macron, on s’inquiète d’attaques venues… de la Russie. Dans une tribune, Richard Ferrand, secrétaire général du mouvement En Marche !, alerte sur « un phénomène nouveau et inquiétant (qui) est en train de se produire au cœur de l’élection présidentielle française. Il s’agit de l’ingérence d’un Etat étranger déterminé à déstabiliser l’un des candidats susceptibles de remporter cette élection : Emmanuel Macron ». « Le site internet du mouvement En marche ! et ses infrastructures font l’objet de plusieurs milliers d’attaques mensuelles sous diverses formes. L’objectif est de pénétrer dans nos bases de données et nos boîtes mail afin de les pirater », écrit ce proche du candidat. Quelques semaines plus tard, deux jours avant le premier tour, arrivent les « Macron leaks », la divulgation du contenu des boîtes mails de responsables d’En Marche.

Le 16 février, Emmanuel Macron est en déplacement à Alger. Le candidat déclenche une vive polémique, surtout à droite et à l’extrême droite, en qualifiant la colonisation de « crime contre l’humanité, une vraie barbarie ». « Honte à Emmanuel Macron, qui insulte la France à l’étranger ! », s’insurge un certain Gérald Darmanin, alors LR, quand le maire de Nice, Christian Estrosi, estime qu’il « discrédite la grande histoire de France ». Le premier est aujourd’hui le ministre de l’Intérieur d’Emmanuel Macron, tandis que le second lui a apporté son soutien.

Hamon joue la transparence et discute avec les autres candidats de gauche

Alors que François Fillon s’empêtre dans les affaires, Benoît Hamon mise sur la transparence. Le candidat socialiste dévoile spontanément sa déclaration de situation patrimoniale, anticipant l’obligation pour tout candidat. Il présente aussi 10 mesures pour moraliser la vie politique. Deux font directement écho à l’affaire Fillon : l’interdiction pour un parlementaire de recruter un membre de sa famille en tant que collaborateur parlementaire, et l’interdiction de cumuler un mandat de parlementaire avec une activité de conseil.

A ce moment de la campagne, les choses semblent encore possibles pour Benoît Hamon. Profitant de la dynamique de la primaire, il est crédité encore de 15 % d’intentions de vote, contre 11 % pour Jean-Luc Mélenchon. Des échanges ont lieu entre les deux, mais une alliance est exclue. En revanche, les électeurs de la primaire d’Europe Ecologie - les Verts, qui a désigné Yannick Jadot, sont de nouveau appelés par le parti écologiste à donner leur avis sur une alliance avec Hamon et Mélenchon… Il faut dire que Yannick Jadot ne décolle pas, avec 2 % des voix dans les sondages.

Socle électoral solide pour Marine Le Pen et l’affaire des assistants parlementaires

Alors que l’issue de la campagne est encore incertaine, Marine Le Pen jouit d’un socle d’électeurs solide. Selon une étude du Cevipof pour Le Monde, « les électeurs sont inhabituellement indécis à dix semaines du premier tour. Seule la candidate du FN a un électorat déterminé ». Les trois quarts des électeurs qui se prononcent pour elle assurent alors que leur choix est définitif, lui donnant autant d’assurance pour l’accès au second tour. Avec 26 % d’intentions de vote, la candidate du FN est en tête.

Marine Le Pen est aussi concernée par des questions judiciaires. C’est l’affaire des assistants du Parlement européen. Mais à la différence de François Fillon, ça ne la touche pas. En cette semaine de février, on apprend pourtant que la candidate a reconnu devant les enquêteurs de l’Olaf, organisme anti-fraude de l’Union européenne, avoir salarié fictivement son garde du corps comme assistant parlementaire. Son explication : il s’agit de « régulariser des salaires et charges » non réglés.

Le Parlement européen réclame lui 340.000 euros indûment perçus, dans le cadre de ces emplois fictifs d’assistants. Il commence à récupérer cet argent via une procédure de recouvrement. L’institution met alors en place une retenue sur salaire à l’encontre de Marine Le Pen, qui touche en février 2017 4.242 euros bruts, au lieu d’un peu plus de 8.000 euros. Mais au même moment, c’est plutôt la récolte des 500 parrainages qui inquiète les équipes de la candidate d’extrême droite. Comme à chaque scrutin présidentiel, c’est loin d’être évident.

 

1er épisode : Un duel au PS, l’ambition d’En Marche et le sparadrap de François Fillon

2e épisode : L’affaire Fillon éclate, Hamon remporte la primaire et la bonne étoile de Macron

3e épisode : Embouteillage à Lyon, doutes dans le camp Fillon et les bons sondages de Benoît Hamon

4e épisode : Présidentielle dans le rétro : février 2017, que se passait-il à cet instant précis de la campagne ?

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