2022 se rapproche, même si la prochaine élection présidentielle semble encore loin. Rassurés par leurs scores dans les villes de taille moyenne aux municipales, les Républicains (LR) avancent pour le moment à l’aveuglette vers cette échéance électorale. Sans candidat, et surtout sans savoir non plus comment le désigner.
La question est remise à plus tard. Sans ingrédient, pas de cuisine politique. Réuni mardi 8 septembre, le Conseil stratégique de LR « s’est accordé » sur deux points concernant la présidentielle. Le parti présentera « bien évidemment » un candidat. Comment ? « Si besoin en est, un mode de départage sera défini en avril 2021, au lendemain des élections régionales, sur la base des propositions d’un groupe de travail. »
Aucun mode de « départage » arrêté avant avril 2021
Au terme de la réunion, le comité est donc tombé d’accord pour considérer que la réflexion était « prématurée » à ce stade et qu’elle pouvait nuire, à ce stade, aux prochaines échéances, qu’il s’agisse des élections ou de la préparation du projet politique à la fin de l’année. « Si on ne fait pas les choses dans cet ordre-là, tout sera accaparé par la présidentielle », explique à Publicsenat.fr Annie Genevard, première vice-présidente LR. Cette participante au Conseil stratégique ajoute qu’il ne faut surtout « pas donner le sentiment qu’on est uniquement centrés sur nos préoccupations internes ». D’autant que la situation peut changer du tout au tout en l’espace de six mois. « Imaginons que la situation empire, que la crise économique soit plus profonde, qu’il y ait des mouvements sociaux – ce que les Républicains ne souhaitent pas – le climat politique s’en ressentirait fatalement », se projette-t-elle.
Bruno Retailleau était partisan d’un mode de désignation « d’ici la fin de l’année »
Bruno Retailleau, qui ne cache plus ses ambitions pour 2022, était partisan d’un calendrier rapide pour arrêter le mode de désignation. « Tous ensemble, il faut que nous parvenions à définir d’ici la fin de l’année, un système de sélection, de qualification, de départage, de primaire, peu importe le terme », expliquait-il à Public Sénat ce week-end aux journées du Port-Marly. Le président du groupe LR jugeait néanmoins qu’une « parenthèse » serait nécessaire à cause des élections territoriales du printemps, « qu’il ne faut pas polluer ». François-Xavier Bellamy, à la tête de la délégation LR au Parlement européen, était sur une ligne voisine. « Il faut simplement qu’on se mette d’accord rapidement sur notre calendrier et les modalités de notre travail. On a besoin de clarté. »
Au Port-Marly, le président du parti, Christian Jacob jugeait au contraire que ce n’était « pas le moment ». « Les Français ont d’autres préoccupations que celles-là », selon lui. LR ne peut « donner l’image d’un parti qui n’est mobilisé que sur un système de départage des élections, au moment où une seconde crise sanitaire menace le pays ».
La carte François Baroin, qui ménage encore le suspense, ne fait pas les affaires des cadres du parti, qui comptaient beaucoup sur lui. Au Port-Marly, le président de l’Association des maires de France a choisi de décaler l’annonce sa décision. Le suspens s’est cependant bien effrité : un article de Mediapart révélant qu’il était en pourparlers avec Morgan Stanley pour en prendre la direction générale, a refroidi ses partisans. Un membre du Conseil stratégique estime que Christian Jacob « a commis une erreur flagrante en disant que Baroin était son candidat ». « Il a provoqué le ressentiment de gens comme Retailleau et n’a pas encouragé Bertrand à venir ».
« Compromis un peu artificiel »
Joint par Public Sénat, le député Julien Aubert, partisan d’un calendrier accéléré, juge que la solution retenue est un « compromis un peu artificiel », après des débats animés. L’ossature du groupe de travail reste pour l’heure sans détails. « La principale avancée, c’est que pour la première fois on parle d’une éventuelle primaire ». Le communiqué de LR évoque un « mode de départage ». Sans candidat « naturel », c’est l’une des options à laquelle pourraient se résoudre les Républicains : reste à savoir sous quelles modalités. Bruno Retailleau veut « éviter que le premier tour [de la présidentielle] ne se transforme en primaire. » Une inquiétude partagée par le président du Sénat, Gérard Larcher, invité de la matinale de Public Sénat ce 9 septembre. « Je ne laisserai pas faire n’importe quoi. N’importe quoi, ce serait d’avoir deux candidats au premier tour, ce serait la certitude de ne pas être au second tour. Ce serait une faute contre la démocratie. »
Qui pour prendre la tête du groupe de réflexion ? Le président du Sénat se tient prêt
Ce matin, Gérard Larcher s’est même dit prêt à donner de sa personne pour résoudre le problème, en restant cependant vague sur ses intentions. « Comme j’ai dit que je prendrai mes responsabilités, je les prendrai. Si on me propose de les prendre. » Il a insisté sur le fait que la décision du choix de l’animateur du groupe de travail reviendra à Christian Jacob, le président du parti. L’hypothèse du président du Sénat pour prendre la tête du groupe de travail en séduit en tout cas plus d’un. « Il est clair qu’il serait incontournable dans la participation à ce processus », reconnaît la députée Annie Genevard. « Il a réellement envie de s’impliquer. »
« Larcher ce serait pas mal. C’est une personnalité un peu respectée », réagit le député Julien Aubert, qui y voit l’homme « à l’origine du deal » qui s’est noué la veille. Le député du Vaucluse évoque également le nom de Jean Leonetti. « Il a été président par intérim [de juin à octobre 2019], il n’aspire plus à rien et il est au carrefour de plusieurs influences. »
Quand le groupe de travail commencera-t-il à plancher sur la question du mode de désignation ? Là aussi, le calendrier n’est pas fixé. « Ils vont attendre que les sénatoriales passent, après ils lanceront le groupe de travail », estime le député Julien Aubert.