Présidentielle française: leur premier vote? une affaire de “dépit”, déjà
Lune, Romain et d'autres s'apprêtent à voter pour la première fois mais nourrissent déjà des regrets. Dans cette campagne présidentielle dominée...
Par Béatrice LE BOHEC
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Lune, Romain et d'autres s'apprêtent à voter pour la première fois mais nourrissent déjà des regrets. Dans cette campagne présidentielle dominée par les affaires et la dynamique de l'extrême droite, ces jeunes Français évoquent un choix "par dépit".
"Pour ma première élection, je vais être obligée de voter par dépit pour contrer Marine Le Pen au deuxième tour", déplore Lune Culmann, lycéenne parisienne de 18 ans.
Étudiante expatriée à Londres, Marianne Gazet, juge aussi qu'"il y a tellement d'autres facteurs que la politique dans cette campagne, comme les révélations sur les candidats, que ça va être pour (elle) un choix par dépit".
"C'est plus difficile que ce que je croyais de choisir", avoue cette "primo-votante" de 19 ans, qui votera en France les 23 avril et 7 mai.
Dans une campagne où les coups de théâtre se succèdent et où les favoris dans les sondages ont été éliminés lors de primaires, la chef du parti Front national (FN) Marine Le Pen, 48 ans, est la seule personnalité dont la qualification au second tour ne semble pas faire de doute dans l'opinion.
Les déboires du conservateur François Fillon, inculpé pour détournement de fonds publics, ont fait chuter à la troisième place dans les sondages ce candidat parti favori, mais les affaires judiciaires visant Marine Le Pen ne semblent pas entacher sa popularité.
Depuis des semaines, les intentions de vote dessinent l'hypothèse d'un duel entre la candidate aux idées anti-Europe et anti-immigration et le centriste Emmanuel Macron. Jamais élu, benjamin de la campagne à 39 ans, il cherche à incarner le renouveau en se présentant "ni de droite, ni de gauche".
Chez les 18-25 ans, ces deux candidats sont aussi en tête des intentions de vote au premier tour, avec respectivement 29% et 28% des suffrages, selon un sondage Ifop mi-mars.
Pour Lune et Marianne, le dépit a commencé à poindre lors des primaires. A droite, elles auraient voulu l'ex-Premier ministre Alain Juppé, battu par François Fillon "trop à droite". A gauche, Marianne espérait l'ex-Premier ministre Manuel Valls: Benoît Hamon, "trop à gauche", l'a emporté.
Romain Couanon, lycéen de 18 ans à Rueil-Malmaison, près de Paris, n'a pas non plus été "fan des primaires", les jugeant "anti-démocratiques".
- Non au 'vote utile' -
D'autres, comme Gwendal Dugast, étudiant à Nantes (ouest), n'iront pas voter au second tour, après un premier tour où son bulletin ira au représentant de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon.
"Le syndrome du vote utile, ça ne m'intéresse pas. Je ne me vois pas du tout en sauveur de la France", dit ce jeune homme de 20 ans.
"Ça fait des années qu'on voit juste la présidentielle comme un moyen de faire barrage au FN alors qu'on ne fait rien pour contrer son idéologie et qu'on le laisse prospérer dans le paysage politique", dénonce-t-il.
Même écho chez Chloé Vallée, 20 ans: "pour mon premier vote, je refuse de voter utile", dit cette étudiante de Nantes qui votera aussi le 23 avril pour Jean-Luc Mélenchon, "pour son côté très social et sa carrure de président".
Les candidats à la présidentielle
AFP
Pour Romain, l'avenir est "peut-être" chez le centriste Macron.
"Dès qu'on va à gauche ou à droite, il y a quelque chose qui part de travers. Alors le centre, peut-être que ça marchera mieux", espère le lycéen.
Marianne, elle, voit que "les clivages sont en train de changer. Ce n'est plus droite contre gauche mais c'est quoi? Nationalistes contre mondialistes?", s'interroge-t-elle.
Pour tous ces jeunes, voter Marine Le Pen est exclu: "sa vision de la France est ancienne, raciste, super conservatrice et elle a hyper peur de ce qui vient de l'extérieur", résume Romain. "L'extrême droite, c'est un truc pour les personnes désespérées", renchérit Marianne.
Même volée de bois vert pour le conservateur François Fillon, promoteur d'une "vieille vision de la France" sur le mariage homosexuel, la famille, l'éducation... Tous jugent "inadmissible" qu'il demeure candidat malgré les révélations qui s'accumulent.
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