Présidentielle : François Fillon candidat, le jour d’après pour les Républicains
Direction du parti, investitures pour les législatives, esquisse d’un potentiel gouvernement, après sa large victoire à la primaire, l’heure est aux premiers choix pour François Fillon.

Présidentielle : François Fillon candidat, le jour d’après pour les Républicains

Direction du parti, investitures pour les législatives, esquisse d’un potentiel gouvernement, après sa large victoire à la primaire, l’heure est aux premiers choix pour François Fillon.
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« J’aurai besoin de tout le monde » a lancé hier soir François Fillon. Mais l’injonction est-elle valable au sein même de la direction des Républicains ? Depuis hier soir, les regards se tournent vers le sarkoziste Laurent Wauquiez, président par intérim du parti.  En effet, privilège du candidat investi à la présidentielle, selon l’article 39-4 des statuts du mouvement, le gagnant de la primaire peut choisir une nouvelle direction. Dans le JDD, à quelques heures du résultat du deuxième tour, Laurent Wauquiez semblait sentir que ses jours à la tête des Républicains étaient comptés. « J'aime ce que je fais. Un parti, c'est très beau » indiquait lyrique celui qui cumule déjà  la présidence de la région Auvergne-Rhône-Alpes et un mandat de député de Haute-Loire. Une rencontre est prévue ce lundi avec François Fillon mais son maintien à la tête du parti s’inscrit en pointillé. « C’est une évidence. Nous avons besoin d’une cohérence globale entre le candidat et le président des Républicains qui va enclencher la machine électorale » estime Philippe Dallier, sénateur de Seine-Saint-Denis et soutien de François Fillon. Autre proche du candidat, le sénateur du Rhône, François-Noël Buffet milite  lui pour « un organigramme resserré avec des ajustements » mais insiste pour que prévale « la logique de rassemblement où chacun devra trouver sa place ».

Christian Eckert - Territoires d'infos - Le Best of (29/11/2016)
10:13

Bruno Retailleau et Bernard Accoyer refusent le poste de président du parti

Parmi les noms évoqués pour remplacer Laurent Wauquiez circule celui de Bernard Accoyer, ancien président de l’Assemblée nationale. L’actuel député de Haute-Savoie a démenti ce matin sur Public Sénat et Sud Radio. « J’entends cette rumeur, mais ce n’est pas du tout dans mes intentions » a-t-il éludé. Autre refus, celui de Bruno Retailleau patron des sénateurs LR, président de la région des Pays de la Loire et soutien indéfectible de François Fillon.« Ce n'est pas que ça m'intéresse pas, mais je suis président d'un groupe parlementaire, d'une région et ça suffit très largement à mon bonheur » a-t-il poliment refusé ce matin sur RTL.

D’autres sarkozistes pourraient subir les conséquences de ce grand ménage annoncé, le directeur général du parti, Fréderic Péchenard etle président de la commission nationale d’investiture, Christian Estrosi. Interrogé sur le sort de l’actuelle direction, un autre proche de l’ancien président, le trésorier des Républicains Daniel Fasquelle a répété, à deux reprises, ce matin : « posez ces questions à Monsieur Fillon, ce n’est pas à moi d’y répondre ».

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Une équipe qui gagne

Pour la campagne, François Fillon ne risque pas de changer son équipe qui gagne. Son directeur de campagne, Patrick Stefanini, ses porte-parole Jérôme Chartier et Valérie Boyer devraient garder leurs places. Disposant d’un fort soutien au Sénat, François Fillon pourra continuer de compter sur son président, Gérard Larcher et le président du groupe LR, Bruno Retailleau. Pour mémoire 37 sénateurs LR sur 144 lui avaient donné leur parrainage. A l’Assemblée nationale, l’ancien président Bernard Accoyer, Serge Grouard, Isabelle Le Callenec ou encore Thierry Mariani figurent parmi ses premiers soutiens. François Fillon laissera peut-être un espace à Bruno Le Maire, le premier à avoir annoncé son ralliement au soir du premier. Les sarkozystes et des juppéistes devraient avoir également leurs places dans l’organigramme de la campagne.

Des ministres désignés à l’avance ?

François Fillon a aussi promis qu’il désignerait rapidement les principaux ministres appelés à conduire les réformes. « C’est une condition nécessaire pour que les ministres puissent se préparer aux  lourdes responsabilités qui leur seront confiées et réussissent dans leur mission » précise-t-il. N’est ce pas mettre la charrue avant les bœufs ? « Les réformes devront êtres prêtes le plus rapidement possible. Nous ne pourront pas faire comme François Hollande en 2012 et perdre du temps pendant des semaines. En désignant les principaux ministres à l’avance ça laissera du temps pour affiner nos propositions et les textes qui seront soumis au Parlement » développe Philippe Dallier.

 

Investitures pour les législatives : « il y aura forcement de la place pour les centristes »

Dernier point à trancher : les investitures pour les législatives. Elles avaient été sources de discordes fin juin entre les deux favoris d’alors, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Si les députés LR sortants étaient automatiquement reconduits, en ce qui concerne les 313 circonscriptions gagnées par la gauche en 2012, 266 avaient été attribuées à de nouveaux candidats LR, il y a cinq mois. Selon les calculs de l’hebdomadaire le Point sur ces 266 circonscriptions, 62 avaient été attribuées à des proches de Nicolas Sarkozy contre 40 pour Alain Juppé et 32 pour François Fillon. « Cela ne se fait pas dans une logique de rassemblement, mais dans une logique d'exclusion. À chaque fois qu'un candidat est étiqueté juppéiste, les sarkozystes prennent soin de l'écarter », pestait  le directeur de campagne d’Alain Juppé, Gilles Boyer, dans les colonnes du Monde le 25 juin. Que fera désormais François Fillon ? Le moment est crucial car il aura besoin d’une majorité solide, de parlementaires acquis à sa cause pour porter ses réformes. L’exemple de François Hollande régulièrement tancé par les frondeurs du palais Bourbon en témoigne. 79 circonscriptions sont encore à pourvoir sur les 577 sièges de l’Assemblée nationale, François Fillon en réservera-t-il l’intégralité aux centristes ? Ce matin, le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde et le président du nouveau Centre, Hervé Morin ont tendu la main à une future majorité présidentielle. Caroline Cayeux qui a représenté les intérêts de François Fillon au sein de la Commission nationale d’investiture confirme ce matin « qu’on ne peut gagner que rassemblés donc il y aura forcement de la place pour les centristes ».

Les premières décisions du candidat des Républicains devraient être prises lors du bureau politique du parti demain après-midi. Juste avant, dans la matinée, François Fillon se rendra aux réunions des groupes LR de l’Assemblée et du Sénat.

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