Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.
Présidentielle: “Grisé”, Mélenchon veut creuser l’écart avec Hamon
Par Lucile MALANDAIN
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"Grisé" par une dynamique qui ne se dément pas depuis dix jours, Jean-Luc Mélenchon va tenter de démontrer mercredi au Havre qu'il remplit les salles mieux que Benoît Hamon, dont la spirale descendante à trois semaines et demie du premier tour lui profite.
"On a le vent en poupe", se réjouit Charlotte Girard, une proche du candidat de La France insoumise (LFR), coresponsable du programme "l'Avenir en commun". "On est grisés, le bon pronostic (que nous avions) se réalise", confirme Danielle Simonnet, coresponsable politique du Parti de gauche.
Quand l'équipe de M. Mélenchon parle de "la descente aux enfers de Hamon", qui encaisse des lâchages presque quotidiens, comme celui de Manuel Valls mercredi, un ténor socialiste confirme avoir été "bluffé" par le candidat LFI au débat: "il a marqué des points chez des gens de gauche déçus, qui vont plutôt vers lui".
La réussite du défilé pour la VIe République du 18 mars à Paris et surtout du débat ont permis à Jean-Luc Mélenchon de dépasser le candidat socialiste dans toutes les enquêtes d'intentions de vote.
Le député européen s'est même permis de se fixer l'objectif de distancer François Fillon, ancien favori de l'élection. "On ne s'occupe pas de Hamon, car on ne s'occupe pas de ceux qui sont derrière nous", prévient Danielle Simonnet.
"Nous sommes entrés dans une nouvelle dynamique de campagne, nous avons franchi la barre des 300.000 Insoumis, le million d'abonnés sur Twitter", a détaillé dimanche à Rennes Manuel Bompard, directeur de campagne de M. Mélenchon.
Au rythme de deux meetings par semaine, chaque fois accompagnés de visites de terrain, ce dernier veut ancrer sa position d'"outsider", de "troisième homme" d'ici la dernière semaine de la campagne.
Marseille le 9 avril, Lille le 12, Toulouse le 16... les villes réservées au dernier élan n'ont pas été choisies par hasard. Pour la toute dernière semaine, LFI annonce avec jubilation un "événement surprise", peut-être une reprise démultipliée de l'expérience réussie début février de l'hologramme.
- "Casse-noix" -
Parallèlement, un "camion podium insoumis" sillonnera 27 villes de France. Sur l'affiche on voit un Jean-Luc Mélenchon rendant explicitement hommage au François Mitterrand de 1981 sous le slogan: "la Force du peuple".
Pour tenir le rythme, le candidat se ménage, assure son équipe, se faisant par exemple représenter dans nombre de rendez-vous obligés de la présidentielle, comme les grands oraux devant des associations ou des groupes d'intérêts. Il a également annoncé qu'il ne participerait pas au dernier débat télévisé prévu par France 2 entre les 11 candidats trois jours avant le premier tour.
"La chaîne ne s'est pas demandée si nous sommes d'accord pour mettre en jeu toute notre campagne 48 heures avant le vote, ni ce que nous avions prévu de faire à cette date, ni s'il est décent et conforme qu'une campagne électorale s'achève par un événement auquel il est impossible de répliquer le cas échéant", a-t-il détaillé sur son blog.
Mercredi aux Docks du Havre, il espère en tout cas démontrer la ferveur populaire entourant, selon lui, sa campagne, là-même où Benoît Hamon a fait meeting devant une salle en partie vide.
Dans le camp du candidat socialiste, on ne s'avoue pas vaincu. Jean-Marc Germain, codirecteur de campagne de Benoît Hamon récuse toute dynamique négative de son candidat, pointant les "effets de yo-yo" des sondages.
"On est pris dans une sorte d'étau entre la tentation d'un vote utile que l'on essaye de démonter (...) et la ligne de Mélenchon qui peut incarner un vote plaisir, un vote défouloir", reconnaît son porte-parole, Jérôme Guedj.
Le "casse-noix" décrit dès janvier par Jean-Luc Mélenchon.
En tout cas, entre les deux hommes, le contrat de non-agression a vécu. Mme Girard assure avoir peu goûté l'attaque du candidat socialiste sur la "fascination" supposée de M. Mélenchon pour Vladimir Poutine. Mais, promet-elle, "on va ignorer, ce sera plus digne".