Voter, s'abstenir, bloquer les bureaux de vote ? A une semaine du premier tour, les Guyanais s'interrogent sur l'attitude à adopter pour la...
Présidentielle: la Guyane incitée à voter blanc pour marquer sa colère
Voter, s'abstenir, bloquer les bureaux de vote ? A une semaine du premier tour, les Guyanais s'interrogent sur l'attitude à adopter pour la...
Par Cécile AZZARO
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Voter, s'abstenir, bloquer les bureaux de vote ? A une semaine du premier tour, les Guyanais s'interrogent sur l'attitude à adopter pour la présidentielle face au "mépris de l'Etat français", et sur les barrages des "conférences citoyennes" incitent à un vote blanc de protestation.
Alors que sur les réseaux sociaux, les messages se sont multipliés pour boycotter l'élection présidentielle, l'association Gwiyann mo péyi ("Guyane mon pays") a organisé des réunions publiques pour inciter au contraire à voter, mais blanc.
"Voter est bien plus qu'un droit, c'est un devoir", explique Ivenare Rameau, membre de l'association. "S'abstenir c'est se désintéresser de la vie politique, alors que la mobilisation actuelle montre le contraire".
Pourtant, la campagne électorale a été largement occultée depuis un mois en Guyane par le mouvement social, qui a rendu impossible l'envoi des professions de foi aux électeurs.
Une situation qui ne favorise pas l'intérêt pour l'élection, d'autant que les électeurs guyanais ont pour habitude de s'abstenir massivement. En 2012, sur près de 80.000 électeurs (sur une population de 250.000 personnes), près de 33.000 s'étaient abstenus.
Emmanuel Macron, candidat du mouvement "En Marche!" à la présidentielle, lors d'un meeting à Remire-Montjoly, le 20 décembre 2016 en Guyane
AFP/Archives
Pour Dominique, un électeur de Cayenne, "on doit se décider sur la base des professions de foi, mais comment faire si comme dans certaines communes isolées de l'intérieur, on n'a pas l'électricité pour regarder la télé ou consulter internet ?"
Lui se dit sûr d'aller voter, et "sait pour qui depuis longtemps".
Mais d'autres, comme Owen, 50 ans, sont réticents. "Voter? je me demande à quoi ça sert. Le gouvernement nous méprise, je méprise le vote", dit-il.
Sur les barrages, avec l'aide du groupe Pran Konsians (Prends conscience), composé d'experts en droit, le message est martelé : "l'abstention n'a aucun effet d'un point de vue juridique", explique Laurent Montet, docteur en droit, contredisant ainsi les rumeurs répandues sur les réseaux sociaux, affirmant qu'une abstention massive annulerait l'élection.
"A l'échelle de la France, 80.000 électeurs, c'est rien du tout", ajoute Doris Tablon, juriste, rappelant que "pendant longtemps, on a voté en Guyane alors qu'on connaissait déjà le résultat de l'élection", à cause du décalage horaire avec la métropole. Désormais, la Guyane vote un jour plus tôt.
Elle explique qu'à l'inverse du vote nul, "qui n'exprime pas un choix", le vote blanc "est comptabilisé, même s'il ne va pas être considéré comme un suffrage exprimé".
- vote "symbolique" -
"Avec le vote blanc, on exprime notre mécontentement. Ca n'influera pas sur le choix du candidat, mais ce sera la meilleure façon de répondre au mépris du gouvernement".
L'argument a convaincu Marjorie, 33 ans. "Je ne voulais pas voter, mais maintenant c'est ce que je vais faire".
Laurent, 53 ans, qui voulait "voter Macron", même s'il a fait "une grosse bourde" (en parlant de la Guyane comme d'une île, ndlr), a aussi décidé de voter blanc, "symboliquement".
Quant aux électeurs tentés par des actions de blocage des bureaux de vote, le collectif a rappelé que c'était illégal. "Ca va mener à du grabuge, un message totalement opposé à l'image de la mobilisation jusqu'à présent", a insisté Doris Tablon.
De même, les maires qui n'organiseraient pas l'élection risqueraient d'être sanctionnés, a rappelé le collectif.
"Je ne peux pas croire que des gens en Guyane soient antidémocrates au point d'empêcher leurs concitoyens de voter, ou qu'il puisse y avoir des maires qui ne mettent pas tout en oeuvre pour que l'élection ait lieu correctement", a dit le préfet de Guyane, Martin Jaeger.
Il a assuré que toutes les communes recevraient dans les prochains jours le matériel électoral (bulletins de vote et enveloppes), pour les 119 bureaux de vote.
La seule incertitude concerne le vote par procuration, a-t-il reconnu. En l'absence de service postal pour envoyer les notifications, la possibilité de "recourir à une forme numérisée" est à l'étude.
Quand aux affichages sur les panneaux électoraux, toujours vides à une semaine du scrutin, c'est du ressort des représentants locaux des candidats, a-t-il rappelé, et eux-même sont touchés par la grève.
A Cayenne, les seules affiches électorales visibles sont celles de François Asselineau, que les sondages nationaux créditent d'environ 1% des intentions de vote.
Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, le paysage politique français semble avoir évolué vers un blocage institutionnel. A l’Assemblée, l’absence de majorité empêche les textes d’être votés. Pire, des motions permettent d’enjamber l’examen à l’Assemblée pour que le débat soit tranché en commission mixte paritaire. Comment la dissolution a-t-elle modifié le fonctionnement des institutions ? C’est la question à laquelle répondent les invités de Rebecca Fitoussi et Jean-Pierre Gratien dans cette émission spéciale sur la dissolution, un an après.
Invité de Public Sénat ce vendredi 6 juin, le président du Sénat est longuement revenu sur la situation du pays. À ses yeux, seule la prochaine présidentielle permettra de mettre fin au blocage politique lié à la dissolution. Evoquant également l’urgence budgétaire, il estime que « l’année blanche est une piste sérieuse ».
François Bayrou a réuni, ce vendredi, à Montpellier un comité interministériel des villes (CIV), très attendu par les élus locaux, à l’occasion duquel il a annoncé plus de 40 mesures axées sur la jeunesse et encourageant la mixité sociale dans les quartiers.
Après sa réélection de justesse à la tête du PS, le plus dur commence pour Olivier Faure. Le premier secrétaire va avoir la lourde tâche d’unir un parti divisé, de conserver ses principaux bastions socialistes aux prochaines municipales ou encore de fixer une stratégie pour une candidature crédible à la prochaine présidentielle. Analyse du politiste Pierre-Nicolas Baudot et de l’historien, Alain Bergougnioux.