La presse étrangère se réjouissait dimanche soir de la qualification d'Emmanuel Macron pour le second tour de la présidentielle française, certains journaux estimant néanmoins que la présence de la candidate d'extrême droite Marine Le Pen le 7 mai représentait "une menace".
- Grande-Bretagne
Le Guardian (centre gauche) estime qu'Emmanuel Macron représente "le meilleur espoir d'un grand pays profondément troublé" mais juge que "la menace posée par l'extrême droite n'est pas éteinte".
Le Financial Times voit déjà dans le second tour du 7 mai le "couronnement" de M. Macron. Le quotidien des milieux d'affaires prévient toutefois que le jeune centriste (39 ans) sera forcé de "négocier durement" pour mettre son programme en oeuvre s'il est élu.
Marine Le Pen, le 23 avril 2017 à Hénin-Beaumont
AFP
De son côté, le conservateur "Daily Mail" titre sur "Une nouvelle révolution française" en expliquant que la France faisait maintenant face à son propre référendum pour l'Union européenne tandis que le Times, quotidien de centre-droit, évoque "une élite française humiliée par des marginaux en route vers la victoire" avec une photo d'une Marine Le Pen tout sourire.
- Allemagne
Le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung se montre réservé sur la qualification d'Emmanuel Macron dans un article intitulé "La France déchirée": "Plus de 40% des Français ont voté pour des candidats à droite toute ou à gauche toute. La victoire de Macron est tellement étroite que, lors des deux présidentielles précédentes (2007 et 2012, NDLR), il ne serait pas arrivé au second tour".
AFP
Pour le magazine de centre-gauche Der Spiegel, le succès du candidat centriste est "une gifle retentissante pour l'establishment politique. Sa qualification au second tour a balayé, au moins provisoirement, des institutions politiques de longue date, les gaullistes-conservateurs Les Républicains, tout comme les socialistes au pouvoir (du président) François Hollande".
- Belgique
Dans un éditorial publié sur son site, Le Soir juge que les Français "ont fait leur révolution, balayant, à la Trump, les partis et les hommes politiques traditionnels, de gauche comme de droite, pour mettre face à face deux personnalités hors système".
- Suisse
Le Temps, reprenant le terme de "nouvelle frontière" utilisé par l'ancien président américain John Fitzgerald Kennedy, espère la victoire d'Emmanuel Macron: "Ce jeune président de même pas 40 ans peut donner une nouvelle frontière à la France et améliorer le sort des Français". Mais le quotidien estime qu'"avec le Front national, ce sont les descendants de la France collaborationniste et de l'Algérie française qui se trouvent aux portes du pouvoir".
- Pologne
Gazeta Wyborcza (centre gauche) a salué la qualification d'Emmanuel Macron : "L'Union européenne devrait survivre au divorce tout juste entamé avec la Grande-Bretagne. Mais le +Frexit+, la sortie de la France de l'Union, aurait enterré le projet européen. Et c'est ce qu'avait annoncé Marine Le Pen, la cheffe du Front national".
- Etats-Unis
Affiches de campagne, le 23 avril 2017, à Valence d'Agen
AFP
Pour le Wall Street Journal, les Français ont "redéfini la géographie politique du pays en plaçant l'Union européenne au centre de la nouvelle opposition politique". D'un côté, ajoute le quotidien économique et financier, "se tient M. Macron, un ancien banquier d'affaires qui veut renforcer l'intégration européenne. De l'autre, Mme Le Pen, ennemie jurée de l'UE et de sa monnaie unique".
Le New York Times, lui, parle d'un duel entre un "novice politique" et un "tison d'extrême droite", "deux outsiders avec des visions radicalement différentes pour le pays". Cette opposition "place la France sur un chemin incertain au moment critique où cette élection pourrait également décider de l'avenir de l'Union européenne".
- Australie
Le résultat du premier tour est "un tremblement de terre politique" pour The Sydney Morning Herald, qui prédit "une victoire pour le candidat qui représente le plus le système", Emmanuel Macron.
Présidentielle : résultats du 1er tour
AFP
"Il s'agit d'un triomphe pour l'extrême droite. Mais un triomphe qui démontre que ce parti est toujours fondamentalement inéligible", affirme le quotidien centriste.
C'est, en revanche "un désastre" pour les partis traditionnels: "les Républicains ne se souviennent pas de la dernière fois qu'ils n'ont pas été au second tour d'une élection et les socialistes ont été abandonnés par quasiment l'ensemble de la population. Leur crédibilité en tant que parti majeur est remise en cause".
- Chine
Dans un éditorial mis en ligne dans ses éditions anglaise et chinoise, le quotidien Global Times, proche du pouvoir, rappelle que "la plupart des observateurs français comme européens pensent que Macron l'emportera". Mais "ces mêmes experts courent manifestement le même risque de se tromper comme ce fut le cas avec le résultat de l'élection présidentielle américaine", explique le tabloïd. "Si Macron gagne, cela ne voudra pas dire que Le Pen aura travaillé pour rien: sa carrière politique peut subir des revers mais la force politique de l'extrême-droite a grossi pendant sa campagne électorale. Si contre toute attente elle l'emporte en battant Macron, pour beaucoup d'Européens sa victoire sonnera le glas de l'Union européenne."
Après la nomination de François Bayrou à Matignon, tout le monde, au sein du bloc central, salue la décision d’Emmanuel Macron. Mais hors micro, on comprend que le président du Modem n’a pas que des soutiens au sein de l’ex-majorité présidentielle. Pour durer, il devra aussi savoir convaincre son propre camp.
La présidente des députés RN attend de voir comment se construit le futur budget avant de se positionner vis-à-vis du prochain gouvernement de François Bayrou. Assurant de pas avoir pris d’engagement, elle « ne renonce pas » à l’outil de la motion de censure.
Après l’annonce de la nomination de François Bayrou à Matignon, les sénateurs LR du Sénat sont dans l’expectative. La participation de la droite au prochain gouvernement, dépendra de l’engagement du Premier ministre sur les priorités qu’il a fixé notamment sur la maîtrise de l’immigration et bien sûr du maintien en poste du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Emmanuel Macron vient de nommer François Bayrou Premier ministre. Le président du MoDem devient ainsi le premier centriste de la Vème République à accéder à Matignon, il doit désormais composer son gouvernement et se protéger du risque de censure. Allié fidèle mais critique d’Emmanuel Macron, il devra réussir à parler aussi bien aux socialistes qu’à la droite. Analyse sur le plateau de Public Sénat.