Présidentielle : le désenchantement de l’écolo Yannick Jadot

Présidentielle : le désenchantement de l’écolo Yannick Jadot

Avec 4,7 % des suffrages, Yannick Jadot réalise le second meilleur score d’un candidat écologiste à une élection présidentielle, toutefois l’eurodéputé ne parvient pas à dépasser le seuil symbolique des 5 %. Un résultat loin des espoirs suscités lors des élections intermédiaires de 2019 et 2020.
Public Sénat

Par Louis Dubar

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

C’est un nouveau rendez-vous électoral manqué pour les verts à une élection présidentielle. Yannick Jadot recueille 4,7 % des voix du premier tour et termine à la sixième position, loin derrière Jean-Luc Mélenchon, premier candidat de gauche avec plus de 20 % des voix. Le candidat écologiste s’est exprimé après l’annonce des résultats. Il a précisé sa consigne de vote pour le second tour. Il invite « les électrices et les électeurs écologistes à faire barrage à l’extrême droite en mettant un bulletin Emmanuel Macron, le 24 avril prochain ».

Le double appel

En dessous des 5 %, le parti ne pourra pas bénéficier du remboursement à hauteur de 8 millions d’euros des dépenses de campagne. Les écologistes devront se satisfaire des 800 000 euros accordés par l’Etat aux petits candidats. Face aux risques financiers de banqueroute, le candidat a appelé ses sympathisants et électeurs à mettre la main à la poche. « L’écologie a besoin de votre soutien financier pour poursuivre ses indispensables combats », explique le candidat qui a déjà les yeux rivés sur les législatives de juin.

En attendant l’arrivée des dons, le candidat invite ses soutiens à repartir rapidement en campagne. « L’écologie sera donc absente du second tour, elle ne peut pas l’être du quinquennat. Il faudra bien lors des élections législatives, regarder la situation en face et agir. Il faudra voir l’urgence de la bataille pour le climat et les menaces contre la démocratie, précise-t-il. Je sais que la mission historique des écologistes est de faire rentrer la France dans ces combats de vie et de dignité. Les élections législatives en seront l’occasion. »

Derrière le score de Noël Mamère mais devant les résultats électoraux d’Eva Joly et de Brice Lalonde

L’eurodéputé n’est pas parvenu à égaler le score de Noël Mamère en 2002. Le Maire de Bègles avait terminé à la septième place de la première élection présidentielle du nouveau millénaire avec un score historique de 5,25 %. Yannick Jadot réalise malgré tout, le second meilleur score du parti. Ce résultat reste supérieur aux 2,31 % d’Eva Joly en 2012, aux 3,88 % de Brice Lalonde réalisés en 1981. Pourtant, le candidat espérait enfin transformer l’essai des succès électoraux remportés par les écolos au cours du mandat.

220405-infographie-candidats-ecologistes-1920x1080.jpg

Une « vague verte » nationale invisible

En 2019, le parti s’était hissé à la troisième position des élections européennes avec 13,46 % des suffrages devant la France Insoumise, le Parti Socialiste et Les Républicains. En 2020, une « vague verte » avait déferlé sur l’Hexagone lors des élections municipales. Les écolos avaient remporté plusieurs succès locaux à Bordeaux, Strasbourg, Poitier, Annecy, Lyon et Tours. Premier candidat écologiste depuis l’élection présidentielle de 2012, en effet le parti avait décidé en 2017 de faire cause commune avec Benoît Hamon, Yannick Jadot espérait également surfer sur la dynamique créée de la primaire écologiste. Avec 51,03 % des suffrages, Yannick Jadot avait remporté fin septembre le duel électoral face à Sandrine Rousseau. Crédité de 10 % des intentions de vote au lendemain du scrutin, le candidat n’a pas réussi à convaincre les électeurs et a imposé l’écologie politique au sein des débats.

» Suivez notre direct : Présidentielle 2022 : la carte, tous les résultats et analyses du premier tour

Le candidat écologiste aurait également pu bénéficier de l’engouement populaire des Français pour les questions en lien avec la lutte contre le réchauffement climatique. Les marches pour le climat ont mobilisé depuis le début du quinquennat de nombreux citoyens. Dans un sondage réalisé par France Inter et Ipsos Sopra-Steria réalisé en janvier 2022, la crise environnementale figurait à la troisième place des enjeux préoccupant les Français. Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) faisait état de cet enjeu central. Les experts estimaient que l’humanité ne dispose que de trois pour inverser la tendance et éviter le désastre écologique. Le candidat n’est pas parvenu à s’imposer comme la réponse politique à l’urgence climatique. Le projet présidentiel du candidat a suscité de nombreuses critiques de la part de ses opposants notamment qui ont accusé l’eurodéputé de porter une vision trop modérée pas assez disruptive, « un capitalisme vert ».

Dans la même thématique

FRA – FRANCOIS BAYROU – PALAIS ELYSEE
7min

Politique

Dans le camp présidentiel, François Bayrou n’aura pas que des amis

Après la nomination de François Bayrou à Matignon, tout le monde, au sein du bloc central, salue la décision d’Emmanuel Macron. Mais hors micro, on comprend que le président du Modem n’a pas que des soutiens au sein de l’ex-majorité présidentielle. Pour durer, il devra aussi savoir convaincre son propre camp.

Le

the republicans received at the elysee
4min

Politique

Bayrou à Matignon : la droite attend le projet du Premier ministre pour savoir « s’il est l’homme de la situation »

Après l’annonce de la nomination de François Bayrou à Matignon, les sénateurs LR du Sénat sont dans l’expectative. La participation de la droite au prochain gouvernement, dépendra de l’engagement du Premier ministre sur les priorités qu’il a fixé notamment sur la maîtrise de l’immigration et bien sûr du maintien en poste du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.

Le

Présidentielle : le désenchantement de l’écolo Yannick Jadot
6min

Politique

François Bayrou à Matignon : « Il ne semble pas disposé à être un Premier ministre collaborateur »

Emmanuel Macron vient de nommer François Bayrou Premier ministre. Le président du MoDem devient ainsi le premier centriste de la Vème République à accéder à Matignon, il doit désormais composer son gouvernement et se protéger du risque de censure. Allié fidèle mais critique d’Emmanuel Macron, il devra réussir à parler aussi bien aux socialistes qu’à la droite. Analyse sur le plateau de Public Sénat.

Le