Quel succès. Nous sommes en septembre 2013. Jean-François Copé, le président de l’UMP a de quoi avoir le sourire. En huit semaines, son parti « a réalisé la plus importante collecte jamais réalisée par un parti politique de la Ve République », annonce-t-il devant l’assemblée du campus des Jeunes Populaires, réunis au Touquet (Pas-de-Calais). Ce qu’on a appelé le « Sarkothon » a fonctionné à plein et a recueilli auprès de ses partisans et militants la somme rondelette de 11 millions d’euros.
Un trou de 7 millions dans la caisse LR
Neuf ans plus tard, deux élections présidentielles sont passées, deux nouvelles défaites pour la droite républicaine. Mais la situation financière du parti de la rue de Vaugirard est bien plus préoccupante. Avec 4,8 % des voix finalement engrangés, Valérie Pécresse ne peut pas se faire rembourser par l’Etat une partie de ses dépenses de campagne. « Nous n’avons pas atteint les 5 % qui nous permettraient d’obtenir les 7 millions d’euros de remboursements de l’Etat que nous escomptions », a alerté la candidate très émue ce matin, révélant au passage qu’elle s’était endettée personnellement à hauteur de 5 millions d’euros.
Quelles sont les règles de remboursement des frais de campagne ?
Rappelons ici brièvement les règles de remboursement des frais de campagne. Les candidats présents au premier tour ne peuvent dépasser la somme de 16,851 millions d’euros pour bénéficier d’un remboursement de l’Etat. Pour ceux qui atteignent la barre des 5 %, le remboursement est fixé à 47.5 % du montant du plafond, soit environ 8 millions d’euros maximum. Et pour les autres, le remboursement est fixé à 4,75 % du plafond, soit 800 000 euros.
>> Lire notre article? Appel aux dons de Jadot et Pécresse : situation financière critique pour les candidats en dessous de 5 %
Pour les candidats qui atteignent le second tour, le plafond de dépenses autorisées est fixé à 22,509 millions d’euros. Le taux de remboursement de leurs frais de campagne s’élève là aussi à 47,5 %, soit environ 10,7 millions d’euros. A noter que pour être remboursés, les comptes de campagne doivent d’abord être validés par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), une autorité administrative indépendante.
>> Lire notre article. Chez LR, pas de voix pour Marine Le Pen mais pas de consigne de vote non plus
Voilà qui nous ramène en juillet 2013, Nicolas Sarkozy a subi un an plus tôt une défaite honorable en récoltant 48,36 % face à François Hollande au second tour. Mais surprise. Ses comptes de campagne ont été rejetés par la CNCCFP en décembre 2012. Une décision confirmée par le Conseil Constitutionnel qui a relevé un dépassement du plafond autorisé de 466 000 euros. Conséquence. L’UMP doit rembourser à l’Etat les 10,7 millions de remboursement. Or, à cette époque, le parti est dans une situation délicate financièrement. L’UMP a reçu moins d’argent public après sa défaite aux élections législatives un an plus tôt et a dû emprunter quelque 55 millions d’euros aux banques.
4 euros par électeur
C’est dans ce contexte que l’UMP a l’idée de lancer une grande souscription, « le sarkothon ». « Pas sûr que (le Pécressethon) ait le même succès… », a tempéré le sénateur LR, Roger Karoutchi, ce lundi.
A l’époque, à grand renfort de SMS et de mails, le parti était parvenu à récolter la somme en un temps record. Mais le président sortant avait rassemblé sur son nom 16 millions d’électeurs. Il suffisait qu’un peu plus de la moitié d’entre eux donne un euro et l’affaire était réglée. Un million d’euros avait d’ailleurs été récolté en 24 heures.
Valérie Pécresse a réuni au premier tour 1,79 million d’électeurs. Il faudrait que chacun d’entre eux mette au pot quatre euros et dix-sept centimes pour combler les 7 millions de remboursement qu’elle espérait.