Le projet de « plateforme présidentielle », négocié entre le candidat socialiste et le candidat écologiste et rendu public ce jeudi, n’est pas du goût de tout le monde chez Europe Écologie-Les Verts (EELV). Certains regrettent que l’avenir de la candidature écologiste à la présidentielle ne dépende que d’un accord réduit à deux partis.
Le maire du deuxième arrondissement de Paris, Jacques Boutault, a évoqué l’incompréhension de « beaucoup d’écologistes » :
Accord « sans garanties »
Les signataires de la motion « L’imprévu », arrivée troisième au congrès de 2016, avec 16% des voix, sont montés au créneau dès mercredi, publiant un texte intitulé « un candidat pour trois mais pas deux », dans lequel ils ont dénoncé un accord sans garanties « pour sauver quelques sièges de parlementaires » :
« Certes les promesses sur le fond sont sans doute intéressantes sur le papier, mais alors comment un accord à deux sans garanties concrètes, derrière le PS, pourrait déboucher sur une majorité parlementaire solide de changement ? […]C’est à se demander si aucune leçon du passé et de l’échec de 2012 ne semble avoir été tirée »
« Le PS n'a pas miraculeusement changé depuis la victoire de Hamon et je ne vois aucun gage qui permette de leur faire confiance à nouveau », appuie Antoine Tifine, un membre du bureau des Jeunes Écologistes, dans une suite de messages publiés sur Twitter :
En conclusion, il annonce qu’il y a « peu de chances qu’il vote oui ». Un conseiller fédéral d’Alsace va dans la même direction :
À Lyon, le vice-président de la métropole s’en prend à la « Firme », un terme utilisé pour désigner l’organe de direction du parti, et se désole de « liquidation » de l’écologie :
Annonce du retrait jugée prématurée
L’annonce du retrait du candidat d’EELV au profit du socialiste, sur le plateau du 20 Heures de France 2 jeudi dès jeudi, passe mal également. Car Yannick Jadot a conditionné son retrait de la course présidentielle, et le soutien à Benoît Hamon, à l’adoption de la plateforme et de l’accord électoral, qui seront soumises au vote des militants écologistes à partir ce vendredi et jusqu’à dimanche midi. Le candidat l’a d’ailleurs souligné lors de l’interview :
« Alors oui, ce soir, je retire ma candidature. C'est ce sur quoi voteront tous ceux qui ont participé à la primaire écologiste. »
Mais le mal semble fait chez plusieurs écologistes, comme ce membre du conseil fédéral :
La conseillère régionale d’Île de France Bénédicte Monville a laissé éclater hier sa colère, indiquant que son parrainage irait désormais pour Jean-Luc Mélenchon :
Pour un candidat aux législatives, « la manière est tout cas détestable » :
« On va attendre le vote », a réagi Sophie Nicklaus, porte-parole d’EELV à Toulouse :
Interrogé au micro de Samia Dechir, le sénateur Jean Desessard plaide pour une « erreur » de communication et « un oubli essentiel ». « La pression a été énorme », reconnaît l'élu de Paris. « La bonne phrase aurait été de dire : je trouve que c'est un bon accord. Personnellement j'invite les militants et les militants à le voter et si le résultat du vote est positif, je retirerai ma candidature ».
Jean Desessard sur la décision de Yannick Jadot : « La pression a été énorme »
La réaction la plus violente est probablement venue de Pierre Minnaert, membre du Conseil fédéral d'EELV, qui n’a pas mâché ses mots, accusant Yannick Jadot de « négocier une circonscription », ce que l’intéressé a démenti sur RTL ce vendredi matin.
Il y a huit jours, les adhérents d’EELV avait approuvé à une large majorité – 89,70% (sur une participation de 59,47%) – l’ouverture d’une démarche de « dialogue avec Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon et toutes celles et tous ceux qui se retrouveraient dans cette démarche ».
Les résultats de la deuxième consultation sont attendus dimanche dans l’après-midi.