Présidentielle: le vestiaire classique et sombre des candidats
Ils ont beau avoir des programmes politiques différents, parfois opposés, les candidats à la présidentielle se rejoignent au moins sur un point:...

Présidentielle: le vestiaire classique et sombre des candidats

Ils ont beau avoir des programmes politiques différents, parfois opposés, les candidats à la présidentielle se rejoignent au moins sur un point:...
Public Sénat

Par Anne-Laure MONDESERT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Ils ont beau avoir des programmes politiques différents, parfois opposés, les candidats à la présidentielle se rejoignent au moins sur un point: un style vestimentaire ultra classique, où le costume sombre règne en maître.

Costume bleu foncé, cravate unie, chemise claire, bleue ou blanche: tel est l'uniforme largement privilégié, adopté comme un seul homme par François Fillon, Emmanuel Macron et Benoît Hamon lors du récent débat télévisé entre les cinq candidats en tête dans les sondages.

- 'Copier-coller' -

"On avait presque l'impression que c'était des clones", commente Caroline Baly, conseillère en image, soulignant que les différences résidaient dans les détails. "Tous trois ont opté pour un bleu dur, une couleur moderne et dynamique", décrypte-t-elle.

"Ils finissent par être un copier-coller les uns des autres", juge Florian Silnicki, conseiller en stratégies de communication. "On a sans doute une part de responsabilité, parce qu'on leur a tous conseillé cette couleur!"

Une unité qui contraste toutefois avec le look de Jean-Luc Mélenchon, dont la tenue de campagne typique se compose d'une veste de travail à poches, boutonnée, d'une cravate rouge, et d'une chemise blanche.

"Il a une tenue beaucoup plus populaire que celles que portent ses concurrents", dont "il a fait un atout de distinction", souligne Florian Silnicki.

Sans oublier un accessoire omniprésent pour le leader de la France insoumise: un triangle rouge, symbole des déportés communistes de la Deuxième Guerre mondiale, épinglé au revers de sa veste par Mélenchon en réponse à ceux qui le "caricaturent" en "Le Pen de gauche".

Marine Le Pen, seule femme parmi les cinq principaux candidats, arbore quant à elle une petite rose bleue, logo de sa campagne, qu'elle avait accrochée au revers d'une veste de smoking noire, le soir du débat.

- Avec ou sans cravate -

Le chef de file de
Le chef de file de "La France insoumise" Jean-Luc Melenchon lors de la manifestation à Paris pour la 6e République, le 18 mars 2017 à Paris
AFP

"Elle est souvent en tailleur pantalon, elle a un style de femme qui travaille, un peu passe-partout", qui se démarque de celui de "son père, qui s'habillait avec des blazers à mouchoirs à la poche poitrine", commente Dominique Gaulme, auteure avec son mari François Gaulme du livre "Les habits du pouvoir", en 2012 (Flammarion).

Pourquoi le costume sombre reste-t-il la référence? En politique, il faut rassurer, explique Caroline Baly. "Il faut des couleurs basiques et des vêtements basiques. Cela permet de faire un peu oublier sa tenue vestimentaire pour mettre en avant le discours."

Casser les codes traditionnels n'est pas sans risque. Bruno Le Maire avait abandonné la cravate pour offrir une image détendue lors du premier débat de la primaire de la droite, avant de la remettre pour les suivants. Il a estimé que cette absence "était un handicap", remarque Florian Silnicki. "On n'a pas en France la décontraction d'un Barack Obama ou d'un Justin Trudeau", note-t-il.

- 'Ne pas trop montrer' -

"L'uniforme a une capacité de légitimation du discours. Vous êtes crédible et sérieux parce que vous incarnez une forme d'austérité en costume-cravate", souligne Samir Hammal, enseignant à Sciences Po spécialiste de l'apparence en politique.

"Un homme politique coquet et stylé ne serait pas considéré. On dirait: c'est un guignol, il se préoccupe plus de son image que du fond. Comme on ferait le procès d'une femme politique si elle était habillée de façon très sexy", estime-t-il.

"Il faut être au niveau de la fonction présidentielle, ne pas être trop ceci ou trop cela, ne pas trop montrer", résume Dominique Gaulme.

Seule femme parmi les cinq principaux candidats, Marine Le Pen, se distingue avec  une petite rose bleue, logo de sa campagne, qu'elle accroche au revers d'une veste généralement sombre, le 20 mars à Aubervilliers
Seule femme parmi les cinq principaux candidats, Marine Le Pen, se distingue avec une petite rose bleue, logo de sa campagne, qu'elle accroche au revers d'une veste généralement sombre, le 20 mars à Aubervilliers
POOL/AFP/Archives

"Tout est passé au crible, les gens avec leur portable peuvent prendre une photo et la mettre en ligne. Ils doivent être particulièrement sur leurs gardes".

L'habit peut être source de scandale. Comme pour François Fillon, nommé en 2010 par le magazine GQ "homme politique le plus stylé", mais dont le goût pour les costumes de luxe Arnys (Berluti) est devenu synonyme d'ennuis judiciaires.

Ou pour Emmanuel Macron, qui avait choqué en lançant que "la meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler" à un militant anti-loi travail en t-shirt.

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture
5min

Politique

Accord du Mercosur : aubaine ou menace ?

Le 18 décembre, lors du Conseil européen à Bruxelles, les 27 devraient donner leur feu vert à l’accord commercial avec les pays du Mercosur. Prise en étau entre les droits de douanes américains et la Chine, l’Union européenne cherche de nouveaux débouchés pour son industrie et son agriculture. Mais certains pays, comme la France, craignent un dumping sur les prix et les normes environnementales. Alors l’accord avec le Mercosur est-il un bon deal pour l’UE ? « Ici l’Europe » ouvre le débat, avec les eurodéputés Saskia Bricmont (Les Verts/ALE, Belgique) et Charles Goerens (Renew, Luxembourg).

Le

Présidentielle: le vestiaire classique et sombre des candidats
4min

Politique

« Il faut qu’autour des écoles, on n’ait pas de MacDo et de kebabs », déclare la sénatrice des Bouches-du-Rhône Brigitte Devésa

Le surpoids semble être la nouvelle épidémie du XXIè siècle. En France, près de la moitié de la population est concernée, constituant un véritable enjeu de santé publique. De quoi alerter le législateur qui entend renforcer les mesures de prévention et d’accompagnement sur le sujet. Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Brigitte Devésa et le nutritionniste créateur du nutri-score Serge Hercberg pour en débattre dans l’émission Et la santé ça va ?.

Le

Présidentielle: le vestiaire classique et sombre des candidats
5min

Politique

Budget de l’agriculture : le Sénat adopte des crédits en baisse, la gauche dénonce les coupes dans la transition écologique

Dans la nuit de vendredi à samedi, le Sénat a adopté les crédits de la mission agriculture du budget 2026. En prenant en compte les crédits européens, les dépenses fiscales et sociales, l’enveloppe allouée à l’agriculture s’élève à 25 milliards. Toutefois les crédits sont en baisse par rapport au dernier exercice effectivement exécuté en 2024. A gauche, les sénateurs ont dénoncé les fortes coupes dans la transition écologique.

Le

Présidentielle: le vestiaire classique et sombre des candidats
2min

Politique

Dermatose des bovins : « Nous ne laisserons aucun éleveur seul », promet Annie Genevard

Alors que le Sénat examine les crédits de la mission agriculture du budget 2026, la ministre, Annie Genevard a assuré que l’Etat serait aux côtés des éleveurs de bovins touchés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et a réaffirmé la politique d’abattage de toutes les bêtes des foyers affectés et d’une vaccination élargie.

Le